dimanche 8 septembre 2024

Gris, la couleur de l’espoir...

Olivier Cabanel

Bien sûr, gris, c’est aussi la couleur de la tristesse, du temps mauvais, et même d’un best-seller...

Mais c’est aussi un terme péjoratif utilisé par les électeurs de la droite extrême pour désigner les rebeus... au motif qu’ils ne seraient ni noirs, ni blancs.

Pourtant il y aurait de quoi sourire quand on sait que favoriser le repli sur soi, en se refermant derrière des frontières, sur l’air de « on est chez nous ! », c’est quelque part aller vers un appauvrissement génétique, cet appauvrissement qui a permis la domestication des espèces, y compris la nôtre, comme on le verra plus loin.

D’autre part, on sait aussi que les mariages dits consanguins augmentent les risques de malformations cardiaques, mais aussi cérébrales, favorisant les retards mentaux, et diverses maladies génétiques. lien

L’autocrate Viktor Orban l’ignore probablement, en étant hostile à une société multiethnique, et en déclarant : « nous ne voulons pas être une race mixte  », tout en assurant que ce n’était pas un propos raciste. lienCe farouche défenseur de la race semble bien avoir oublié que : « le nationalisme, c’est la guerre », comme l’avait rappelé François Mitterrand. lien

Oublié aussi la parole du professeur Paul Rivet qui martelait : « quelle que soit la couleur de leur peau, tous ont contribué au progrès de la civilisation  ». lien

Fort heureusement, nombreux sont ceux qui encouragent la diversité, notamment sur les lieux de travail, à l’image de Simon Lythgoe qui a déclaré : « la diversité sur le plan des races, des sexes, de l’âge et du milieu culturel peut créer une combinaison stimulante et innovante, favorisant une culture d’entreprise riche et positive ». lien

L’occasion d’évoquer une maladie appelée le syndrome de Cockayne, laquelle entraîne entre autres une diminution progressive du volume du cerveau. lienOr on sait aujourd’hui que la taille de notre cerveau diminue régulièrement : en 3 000 ans il a perdu 10 % de son volume.

(Entre parenthèses, si certains affirment que la taille du cerveau ne prouve pas que l’intelligence en dépende, la biologiste Emmanuelle Pouydebat affirme  : « de nombreuses études portant sur les performances animales font état d’une intelligence qui serait liée à la taille du cerveau (…) permettant aux humains de bénéficier de meilleures performances en termes de mémoire, d’apprentissage, de planification, etc. ... ». lien)

Or le cerveau des humains d’il y a 30 000 ans était jusqu'à 30 % plus gros que nos cerveaux actuels. lien

Ce rétrécissement aurait commencé il y a environ 35 000 ans pour les uns...(lien) ...ou 10 000 ans pour d’autres. LienCe que l’on peut constater si l’on compare le cerveau d’un sapiens avec celui d’un Néandertal.

Les scientifiques proposent une explication : ce serait du au fait que les humains vivent dans des groupes sociaux dans lesquels plusieurs cerveaux contribuent à l’émergence de l’intelligence collective...le rétrécissement du cerveau pourrait donc être lié au partage des connaissances et de la prise de décision au niveau du groupe...lien

Théorie qui n’est pas partagée par tous…En effet, il faut rappeler que s’il est vrai que la taille du cerveau d’Homo a quadruplé au cours des précédentes 6 millions d’années, elle a diminué depuis la fin de la dernière période glaciaire.

Or Wrangham supposait en 2019 que l’auto-domestication humaine se serait produite il y a environ 300 000 ans...(lien) quand, un an plus tard, Hare et Woods évoquent 80 000 ans, lors de l’évolution que certains ont appelé «  la modernité comportementale ».

Nous y voilà... l’auto-domestication. C’est en 2019 que nous avons la première preuve génétique concernant l’auto-domestication humaine, laquelle stipule que les humains ont évolué pour être plus amicaux et plus coopératifs en sélectionnant leurs compagnons en fonction de leur comportement, un processus évolutif présentant des ressemblances avec la domestication des animaux. lien

Certains chercheurs avancent une autre explication : la réduction de la taille du cerveau serait lié à la réduction de la taille humaine, mais aussi au passage à un régime agricole...ou serait une conséquence de l’auto-domestication. lienOn sait que les humains ont domestiqués les animaux, en sélectionnant un couple et en le croisant durant des générations, sans lui permettre de revoir ses congénères sauvages. LienOr la domestication des animaux, laquelle a commencé il y a plus de 10 000 ans, (lien) a provoqué une diminution de la taille de leurs cerveaux. lien

Par exemple, on sait que le cerveau du cochon est 34 % plus petit que celui du sanglier, celui du chien 29 % plus petit que celui du loup, idem pour le mouton...lien. Il est donc assez logique de constater que l’auto-domestication humaine a eu les mêmes conséquences, sachant que nos crânes d’aujourd’hui sont en moyenne 12,7 % plus petits que celui des sapiens, lesquels on l’a vu plus avant, étaient aussi plus petits que ceux des néandertaliens. lien

Cependant il faut noter l’hypothèse du scientifique Jeff Morgan Stibel, du NHMC (Natural History Museum de Californie) qui, dans une étude réalisée en 2023, met aussi en évidence une convergence entre le rétrécissement de nos cerveaux et le changement climatique. Il a découvert que le cerveau humain aurait rétréci depuis environ 17 000 ans, soit depuis la fin de la dernière période glaciaire. lien

Et quid de notre volonté de « passer la main » à toutes ces machines que nous créons, à ces robots que nous voulons, à cette Intelligence Artificielle que nous sommes en train d’utiliser... n’est-elle pas responsable de ce que nous vivons de plus en plus tragiquement ?…

S’il faut en croire King Wang Poon et Hyowon Lee, tous deux professeurs au STUD de Singapour, « l’utilisation prolongée de l’I.A. affaiblit nos capacités cognitives au fil du temps. En effet, si nous automatisons nos tâches aussi cognitives que la résolution de problème ou la prise de décision, nous réduisons notre capacité innée ou non assistée à traduire des informations en savoir, et du savoir en savoir faire ».

Ils prennent l’exemple de l’utilisation du GPS, affirmant  : « c’est un facteur de risque cognitif, car le fait de s’en tenir régulièrement à la navigation, réduit l’activité de l’hippocampe avec des risques potentiels à long terme de maladie d’Alzheimer (…) nous pensons même que si l’IA continue de remplacer, de reléguer, et même de dévorer de nombreuses taches humaines, notre destination finale n’est pas celle où toutes nos tâches nous seraient retirées, mais où seules celles qui devraient disparaître, le seraient. » lien

Quoi qu’il en soit, la diminution de la taille de nos cerveaux, et donc de notre intelligence, serait donc due à plusieurs facteurs…

D’une part, la volonté de nous enfermer derrière des frontières, freinant donc le brassage des peuples.

D’autre part, déléguant de plus en plus souvent nos tâches à des machines, des robots, voire à l’I.A...Ou même au changement climatique...

Allons nous continuer à assister à cette chute perpétuelle de l’humain ?

Comme dit mon vieil ami africain : « la feuille ne pourrit pas le jour de sa chute dans l’eau ».

agoravox.fr

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