Olivier Cabanel
En nommant Michel Barnier chef du gouvernement, le chef de l’état s’expose à la menace de l’extrême droite.
En effet, si l’on regarde la composition de l’Assemblée Nationale, on s’aperçoit qu’il n’a aucune majorité solide pour porter la politique qu'il a voulu...Avec 166 parlementaires dont 31 à la botte d’Édouard Philippe et son groupe Horizon, il est à la merci des autres…
Rappelons que le NFP est fort de 193 sièges, auxquels on peut ajouter les 23 députés du groupe « Liberté » et surtout que l’extrême droite en affiche 142 si l’on compte les 16 députés d’Eric Ciotti. lien
La descente aux enfers pourrait se produire au sujet de la réforme des retraites que Macron ne veut pas abandonner, réforme qui a fait la quasi unanimité contre elle, autant de la gauche, que de l’extrême droite, et qui, hors du camp présidentiel, n’était soutenu que du bout des doigts par les 9 députés « Les Républicains », si l’on veut bien se souvenir que le nouveau premier ministre se disait contre la participation de son groupe à un « bloc central autour des macronistes ». lien
En réalité, en nommant BaRNier au poste de chef du gouvernement on n’a rien fait d’autre que de mettre le pays sous l’épée de Damoclès du Rassemblement National. Ce qui prouve une fois de plus le virage très à droite du chef de l’état.
Les signes de cette extrême droitisation du macronisme s’étaient multipliés peu après son élection. Qui a oublié que, peu de temps après la dissolution, le chef de l’état s’était rendu chez Thierry Solère le 12 juin pour y rencontrer Marine Le Pen, ainsi que le relatait le « Canard enchaîné » ? lien
D’autres rencontres du même genre s’étaient déjà produites toujours très discrètement, et les convergences dans le domaine des choix politiques entre la macronie et l’extrême droite se sont multipliées :
Pas d’augmentation du Smic…lien
Acceptation tacite de l’allongement de la retraite…car si au départ, le RN promettait d’abroger la réforme des retraite, Bardella faisait volte face peu de temps après. lien
Lutte contre l’immigration…Macron avait fait adopter au forceps sa nouvelle loi sur l’immigration, troublant quelques députés de l’ex-majorité, mais largement soutenu par les députés RN. Lien
Un internaute avait déjà prophétisé les étranges coïncidences en prédisant : « la relative jeunesse de Macron, célébrée par de vieux éditocrates indéboulonnables donne l’illusion de la nouveauté (…) lui aussi en ressortira lessivé, laissant le champ libre à l’extrême droite ». lien
Barnier aura beau promettre « sauver l’école publique, sauver les services publics, réduire les dettes financières...et écologiques », tout en assurant « affronter les souffrances, et les colères », assurant vouloir agir, au lieu de parler, il a insisté justement sur « la maîtrise de l’immigration ». Pas étonnant dès lors que le parti de la droite extrême ait décidé d’attendre le discours de politique générale avant de prendre une quelconque décision. Lien
Sans oublier que quelques députés du parti d’extrême droite ont déjà donné leur avis sur le nouveau chef du gouvernement…
Ainsi Jean-Philippe Tanguy l’a sévèrement taclé, en le qualifiant de « fossilisé et stupide », il a ajouté : « Je le connais bien, il pense tout et son contraire, et surtout rien du tout. Michel Barnier est bien connu dans tout Paris comme l’un des hommes politiques les plus stupides de la Ve République, incapable de comprendre quoi que ce soit sans une fiche ».
L’incriminé, qui se veut « modeste », va avoir besoin de beaucoup de modestie pour remplir sa mission...Il ne commettra peut-être pas l’erreur de mettre dans son gouvernement des responsables du RN, mais on n’est pas à l’abri de surprises, car s’il veut éviter un prochain naufrage, il fera tout pour garder l’appui tacite de Marine Le Pen, et il prendra à coup sur une personnalité proche du RN.
Tout comme, cet ancien ministre de l’environnement se devra de prendre un écolo dans son gouvernement, même si c’est un écolo d’opérette, comme l’étaient un certain animateur de TV, ou un autre, accro à la langouste et qui en Rugissait de plaisir. Il paraît qu’il y aurait même des écolos favorables au nucléaire...lien
Les pronostics vont bon train, et on évoque déjà dans les réseaux sociaux les noms de Rachida Dati, de Gérard Darmanin, qui, on le sait peu, a collaboré à l’Action Française, le tristement célèbre journal vichyste qui prônait le nationalisme intégral, et penchait pour la monarchie, et il a eu des débats cordiaux avec Zemmour et M. Le Pen, comme l’affirme Médiapart, preuves à l’appui, (lien)...mais aussi de Jean-Dominique Senard, patron de Michelin, après avoir eu des responsabilité chez Total, St Gobain, Pechiney, ou de Didier Migaud...lien
Même si les grands patrons affirment que le RN serait dangereux pour l’économie française, la croissance et l’emploi, ils ajoutent que « le NFP l’est tout autant, voire plus » et comme le constate Isabelle Chaperon dans les colonnes du « Monde » le patron des patrons juge que la France Insoumise concentre les peurs des milieux économiques, et que le cordon sanitaire anti-RN est en train de s’effilocher. lien
Il parait que Macron aurait demandé à son premier ministre de garder Lecornu…lien
Pour sortir de cet imbroglio, il y aurait peut-être une solution, décider une fois pour toutes « la proportionnelle », car elle rend visible les différentes sensibilités politiques dans lesquelles elles se reconnaissent et il permet de constituer des majorités, ce que ne permet pas le vote actuel, comme l’indique une étude récente de « Terra Nova ». lien
La sénatrice verte Mélanie Vogel ne dit pas autre chose, assurant que ce choix permettrait à une « minorité substantielle » de gérer seule le pays, sans pour autant obliger les électeurs à « voter utile ». lien
Comme dit mon vieil ami africain : « ce qui est dans la parole est dans le silence ».
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