vendredi 27 septembre 2024

"Mais c'est qui qui commande ?"

Antoine Manessis

Le ministre de l’économie, Antoine Armand, avait affirmé que sa porte serait ouverte à tous les partis, "pour peu qu’ils soient dans l’arc républicain", excluant  le parti néofasciste RN. Elu grâce au Front républicain, a-t-il expliqué, il voulait rester cohérent.

La riposte de la cheffe du RN n'a pas tardé : "Quand j’entends M. Armand ce matin qui explique que sa porte sera toujours fermée aux députés du RN alors que nous avons juste le budget qui arrive, je pense que le premier ministre doit aller expliquer à l’ensemble de ses ministres quelle est la philosophie de son gouvernement, car il semblerait que certains n’aient pas encore totalement compris." Ajoutant "s'il ferme sa porte, il risque de la prendre."

Et que s'est-il donc passé ? 

L'histoire nous donne la réponse. Chaque fois qu'il y a eu des tensions (relatives) entre les droites et les fascistes, la droite a capitulé. Le Premier ministre Michel Barnier n'a pas fait exception. Il a téléphoné à Marine Le Pen pour s'excuser, puis il a "recadré" (engueuler) son ministre de l'économie  et ce dernier, en bon macroniste, a lâchement capitulé devant les pressions annonçant par un communiqué que "Dans la ligne politique fixée par le Premier ministre et comme affirmé dans son discours de prise de fonctions, Antoine Armand recevra toutes les forces politiques représentées au Parlement". Comme quoi faire l'ENS et l'ENA et être le petit-fils d'un Compagnon de la Libération (Louis Armand) ne donne pas le courage de dire non.

En deux heures le gouvernement perdait toute dignité si toutefois il en avait avant. Il y a toujours des naïfs qui croient au Père Noël : toute illusion est désormais de la complicité.

La porte-parole des néofascistes déclarait que  Barnier avait fait "le recadrage qui s’imposait". Peu avant elle avait posté le message suivant "Il semblerait que certains n’aient pas encore totalement compris dans quel nouveau monde nous vivons. Nous allons vous l’enseigner." Mission accomplie.

Michel Barnier s'est donc flatté d'avoir "clairement et fermement" rappelé les règles (lesquelles?) à son ministre, à savoir "le respect des électeurs". C'est en effet le nouveau refrain qui sert de feuille de vigne à la droite pour camoufler sa lâcheté et surtout sa proximité pour ne pas dire son osmose avec l'extrême-droite.

Cet argument le "respect dû aux électeurs" est en fait d'une stupidité colossale. Il suffit d'écouter les macronistes, les LR et les RN accuser la France Insoumise de "complicité avec le terrorisme" ou "d'antisémitisme" : manquent-ils de respect pour les électeurs de la FI ? Non. Ils montrent simplement qu'ils sont des menteurs et des crapules. Par ailleurs le cuir des néofascistes semble soudainement bien tendre, eux qui sont habitués aux ratonnades et autres agressions qui parsèment leur parcours.

Ce qui est grave c'est l'exhibition de la soumission des droites au néofascisme au vu et au su de tout le monde sans qu'un immense cri de colère et d'indignation ne sature des médias bien silencieux.

Antoine Manessis

  

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