mardi 17 septembre 2024

Migrants : le racisme et le nationalisme sont des poisons mortels

Antoine Manessis

Feu sur les migrants ! Feu sur les réfugiés ! Feu sur les étrangers Feu sur "ces pelés, ses galeux d'où nous vient tout le mal"Tel semble être le mot d'ordre des gouvernement européens.

Cette nuit de nouveau huit personnes sont mortes parce qu'elles voulaient vivre mieux. Au large du Pas de Calais, noyés dans la Manche. Moins de deux semaines après le pire naufrage de l’année, qui avait fait douze morts le 3 septembre.

L’embarcation clandestine comptait près de soixante passagers, originaires d’Erythrée, du Soudan, de Syrie, d’Afghanistan, d’Egypte et d’Iran », et seule une personne sur six était équipée d’un gilet de sauvetage.

Ces gens sont morts à cause de la politique de la France et de l’Angleterre qui refusent l’ouverture de voies de passage. Faute de voies de passage légales suffisantes, les gens continuent et continueront à prendre les mêmes risques.

Les gouvernements s'en prennent aux passeurs qui ne font que profiter et abuser d’un système qui leur laisse toute la place. Rien à attendre de Keir Starmer qui a promis de s’attaquer à l’immigration illégale en augmentant le nombre d’expulsions de migrants. Et encore moins de Barnier qui déclarait il y a quelques jours "Il y a toujours le sentiment que les frontières sont des passoires, que les flux migratoires ne sont pas maîtrisés. Nous allons donc maîtriser les flux migratoires avec des mesures concrètes". Avec un gouvernement qui ne peut survivre qu'avec le soutien du RN, on peut s'attendre au pire. 

D'ailleurs Marine Le Pen, cheffe du parti néofasciste, vociférait son discours raciste en mai dernier à Madrid. Cela lors d'une réunion de l'internationale brune et en présence du président néofasciste Javier Milei. Elle dénonçait "Des zones entières de mon pays, la France, sont livrées à la submersion migratoire et échappent aujourd’hui à l’autorité de l’Etat, une situation de séparatisme migratoire". Fantasmes meurtriers.

La peste se répend dans toute l'Europe

En Italie, la justice tente de freiner les ardeurs racistes de la bande néofasciste au pouvoir à Rome. Ainsi le procureur de Palerme a réclamé 6 ans de prison contre le vice-premier ministre Mattéo Salvini qui avait contre toute humanité refusé à un bateau de migrants, sauvés en mer par une ONG espagnole, d'accoster en Italie. Contre les évidences et les faits Salvini a déclaré que "défendre les frontières contre les migrants illégaux n'est pas un crime". La première ministre néo-mussolinienne Giorgia Meloni a fait part de son soutien à son complice de la Lega.

Hier, 14 septembre, Marine Le Pen déclarait "Le procès et la peine de 6 ans requise à son encontre est d’une extrême gravité alors que la submersion migratoire s’accentue partout en Europe. Nous sommes solidaires et plus que jamais à tes côtés Matteo". Touchant.

En Hollande, la coalition d'extrême droite et de droite au pouvoir veulent l'abrogation d'une "loi sur la distribution" qui oblige les municipalités à créer des places d'accueil pour demandeurs d'asile et un durcissement des règles sur le regroupement familial. La Haye entend aussi faire savoir à l'Union européenne "dans les plus brefs délais" vouloir une option de non-participation à l'asile européen et à la réglementation sur les migrations. Le Conseil européen a pourtant adopté en mai dernier un nouveau pacte sur l’asile et la migration durcissant les contrôles aux frontières. Geert Wilders a promis la politique "la plus stricte en matière d'immigration" que le pays ait connu.

En Allemagne, sous la pression des néo-nazis de l'AfD, le gouvernement  a annoncé l’instauration de contrôles à l'ensemble de ses frontières pour lutter contre l'immigration illégale, redevenue un sujet politique majeur pour le gouvernement d'Olaf Scholz face à la montée de l'extrême-droite. "Nous continuons d'appliquer notre ligne dure contre l'immigration irrégulière", a osé déclarer la ministre de l'Intérieur (SPD). L'Allemagne a informé l'Union européenne, s'agissant de mesures exceptionnelles qui dérogent aux règles de libre circulation dans l'espace Schengen. Berlin veut augmenter le nombre des migrants refoulés aux frontières allemandes. L'Autriche a déjà prévenu qu'elle "n'accepterait pas les personnes refoulées d'Allemagne." Ambiance....

Le social-démocrate Olaf Scholz s'est targué dimanche d'avoir "réalisé le plus grand changement de ces dix ou vingt dernières années dans la gestion de l'immigration", revendiquant ce durcissement après la politique d'accueil d'Angela Merkel qui, en fait, ne faisait que répondre au besoin de main d'oeuvre dans une Allemagne caractérisée par une dénatalité chronique et un vieillissement accéléré.

Dans ce jeu sinistre de "plus raciste que moi tu meurs" c'est certainement le Premier ministre d'extrême-droite, et ami de Marine Le Pen, Viktor Orban qui est en tête. Le gouvernement hongrois a un bilan catastrophique en matière de droits des réfugiés et des migrants. Y compris avec des restrictions scandaleuses au droit d'asile

L'UE laisse faire, elle aboie mais ne mord pas. La récente menace d'Orban d'envoyer des bus de migrants à Bruxelles fait des vagues dans cette Europe qui brunit à vue d'oeil. Ces dernières mesures et menaces sont les exemples les plus récents d'une série de politiques déployées depuis longtemps par le parti au pouvoir en essayant de faire croire aux Hongrois que leurs problèmes sont causés par les impuissants, les plus faibles, les étrangers, les migrants plutôt que par les classes possédantes et dirigeantes dont Orban est le serviteur zélé.

C'est pourquoi tout positionnement politique qui n'assume pas la lutte contre le racisme et la xénophobie et en faveur d'une politique fraternelle d'accueil pour les migrants est non seulement vouée à l'échec mais elle favorise les idées néofascistes et la déshumanisation des étrangers dont l'histoire nous a montré à quelles catastrophes elles mènent. Tout recul sur cette question, sous quelque prétexte que se soit, est du chauvinisme fut-il "subtil, conciliant et doucereux" comme disait Lénine. Certains semblent oublier que les migrants sont nos frères et sœurs de classe et en humanité.

Pas un pas en arrière sur l'internationalisme et l'anti-racisme, pas un pas en arrière sur ce que disaient Marx et Engels dans le Manifeste communiste (1848) "Prolétaires de tous les pays, unissez-vous !"

Antoine Manessis 

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