Nathan Deas
Alors que le gouvernement sera nommé dans les prochains jours et s’annonce ultra-réactionnaire, la crise politique s’est exprimée de façon aigüe ces derniers jours. Une nouvelle illustration de la fragilité du pouvoir et de l’urgence d’une issue par en bas.
Fumée blanche à Matignon. Deux semaines après la nomination de Michel Barnier, un gouvernement devrait finalement être nommé avant dimanche. Parmi les ministres retenus, Bruno Retailleau, le chef des sénateurs LR et artisan du durcissement de la très raciste loi immigration cette année, à l’Intérieur ou Astrid Panosyan-Bouvet, une macroniste mise en cause dans les Uber Files, au Travail. Une équipe qui s’annonce ultra-réactionnaire, mais dont la formation ne suffira pas à résoudre les problèmes de l’exécutif et du régime.
Au contraire, le processus de nomination a jeté ces derniers jours une lumière crue sur les fragilités du pouvoir. Dans un premier temps, la nomination du Premier ministre s’était confrontée au problème de trouver des soutiens au-delà de l’arc LR-EPR. Choisi grâce à l’appui de Marine Le Pen, Michel Barnier s’est rapidement affronté aux difficultés au coeur même de l’alliance entre macronistes et Républicains.
Depuis lundi, la répartition des portefeuilles ministériels a attisé les tensions entre Barnier, différentes figures macronistes comme Darmanin, et le Président lui-même. Ce dernier a notamment retoqué une première ébauche de gouvernement présentée par le nouveau locataire de Matignon. Des secousses politiques qui ont conduit Michel Barnier à annuler mercredi deux rencontres avec LR et EPR, et à laisser planer la menace de sa démission.
Ces tensions aigües risquent d’autant plus de se maintenir qu’elles ont émergé en lien avec la question fondamentale du budget. Par-delà les effets de posture, la crise des derniers jours s’est fortement polarisée sur le sujet de l’augmentation des impôts, inacceptable pour les macronistes. Un problème qui témoigne moins de la volonté de Barnier de faire payer les riches que de l’équation insoluble à laquelle il se confronte.
Alors que le gouverneur de la Banque de France, Villeroy de Galhau, et le président de la Cour de comptes, Pierre Moscovisci, sont montés au créneau pour insister sur la gravité de la situation, évoquant l’un des budgets « les plus délicats de la Vème République », le problème du déficit pourrait rapidement poser des dilemmes difficiles aux classes dominantes, dans le cadre d’un budget sous surveillance de Bruxelles et ds marchés financiers.
Les tensions des derniers jours pourraient ainsi être un avant-goût des problèmes à venir pour le gouvernement. L’orientation austéritaire du futur Projet de Loi des Finances (PLF) ne fait d’ores et déjà aucun doute, mais il faudra s’accorder sur la façon de la mener. En attendant de premières attaques pointent déjà le bout de leur nez. Les lettres de plafond finalement obtenues ce jeudi par les parlementaires envisagent ainsi une série de coupes budgétaires importantes notamment dans les aides à l’emploi et pour la quasi-intégralité des ministères, à l’exception de la Défense, qui bénéficie d’une hausse de crédits de 7% soit 3,3 milliards d’euros.
Alors que des attaques brutales se préparent, les derniers jours ont d’ores et déjà montré que Barnier était encore plus fragile qu’il ne le paraissait, mais aussi que c’était bien Macron qui continuait à gouverner à travers lui. Une situation qui témoigne des leviers offerts au Président par le régime, dans la continuité du coup de force anti-démocratique post-législatives. Dans le même sens, malgré la double défaite de Macron aux dernières élections, le gouvernement devrait se composer de 9 ministres issus de l’ex-majorité présidentielle (7 Ensemble, 2 Modem).
Face à un pouvoir désorienté, qui se divise sur l’attitude à adopter, et fait face à des fragilités insurmontables dans un contexte international éruptif et sur fond de déclin de l’impérialisme français, l’urgence est plus que jamais à la construction d’une issue des travailleurs, des classes populaires et de la jeunesse. A rebours du « dialogue social » que les directions syndicales souhaitent relancer avec le patronat et le gouvernement, et de toute illusion sur la possibilité de « destituer » Macron par des procédures parlementaires comme le laisse entendre LFI, c’est autour d’un programme de lutte qui articule revendications démocratiques radicales, économiques et sociales...
... à défendre par les méthodes de la lutte de classes qu’il sera possible de défendre nos droits et d’affronter le gouvernement et le régime.
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