samedi 21 septembre 2024

Quand Michel Onfray déraille sciemment

Bernard Gensane

Je précise « sciemment » car Onfray est un homme intelligent et cultivé qui a parfaitement conscience de ce qu’il écrit.

 

Dans le Manuel d’autodéfense intellectuelle (hors-série du Monde Diplomatique), le philosophe médiatique se fait frotter les oreilles par Benoît Bréville, directeur du Diplo.

Bréville cite Onfray : « Á la Libération, seul le général De Gaulle est légitime pour diriger la France. Il veut rassembler, c’est le propre du gaullisme. (…) Quand le général récupère un PCF qui relaie les ordres du Kremlin dans une France encore armée ou des socialistes dont la plupart ont voté les pleins pouvoirs à Pétain, quels ministères leur donner ? La Défense ? Non. Les Affaires étrangères ? Non. L’Économie ? Non. L’Intérieur ? Non. Pas question de donner à un parti prenant ses ordres à Moscou le pilotage de la nation en plein stalinisme ! On leur laisse la culture, l’éducation, les universités, la recherche, le journalisme – autant de domaines dans lesquels ils vont prospérer. C’est ainsi qu’advient le terrible slogan “ Il vaut mieux avoir tort avec Sartre que raison avec Aron. ” »

 

Quelques remarques de Bréville


– De Gaulle prend pour lui le ministère de la Défense mais Charles Tillon est ministre de l’Armement.

– Presque tous les ministères liés à l’économie sont occupés par des communistes : Thorez à la Fonction publique, Croizat, ministre du Travail, Paul, ministre de la Production industrielle, Billoux ministre de l’Économie nationale.

– De Gaulle ne récupère pas les communistes pour « rassembler ». Les communistes ont récupéré 26% des suffrages et sont le premier parti de France. Leur présence s’impose, en particulier vu leur rôle dans la lutte contre l’occupant et dans l’élaboration du programme du Conseil national de la Résistance.

– Il n’existe pas de ministère de la Culture en 1945. Créé en 1959, ce ministère n’a jamais été occupé par un communiste.

– Le ministère de l’Éducation n’est pas attribué à un communiste mais à Paul Giaccobi, un radical qui a voté les pleins pouvoirs à Pétain et qui, en tant que ministre des Colonies, a donné pour consigne de ne pas reconnaître les résistants issus des colonies antillaises comme des résistants à part entière. En outre, il n’existe pas de ministère des Universités et de la Recherche.

– Le ministère de l’Information (ce qu’Onfray appelle « le journalisme ») est attribué au gaulliste André Malraux.

 

Élève Onfray : 1/20. Vous méritez de croûter à CNews.

Bernard Gensane 

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