Léo Stella
Alors que le futur gouvernement Barnier se précise, c’est le très réactionnaire chef des sénateurs LR, Bruno Retailleau, qui sera ministre de l’Intérieur. Cet artisan du durcissement de la loi immigration de Macron promet une nouvelle offensive sur le terrain anti-immigrés.
Après plus de deux semaines de tractations houleuses, c’est finalement Bruno Retailleau, chef de file des sénateurs LR, qui sera le ministre de l’Intérieur de Barnier. Un choix qui devrait satisfaire le RN et promet des offensives brutales, à commencer par une nouvelle loi Immigration. Une priorité xénophobe affichée du futur gouvernement, pour le plus grand bonheur du Rassemblement national.
Un profil ultra-réactionnaire pour accomplir les prochaines offensives anti-migrants
Le futur ministre de l’Intérieur n’a pas grand-chose à envier à l’extrême-droite. Le sénateur vendéen a commencé la politique au sein du parti Mouvement pour la France (MPF), fondé par le réactionnaire De Villiers avant de rejoindre l’UMP en 2010 et devenir l’un des meilleurs lieutenants de François Fillon. Fervent catholique et ultra-conservateur il l’a à plusieurs reprises démontré, que ce soit lors de sa campagne pour la suppression du mariage pour tous en 2017 ou bien en votant contre la loi interdisant les thérapies de conversion au Sénat.
Cependant, c’est bien sur la question de l’immigration que le vendéen multiplie les prises de positions racistes et joue la surenchère avec le RN. Ainsi, le patron des sénateurs LR qui n’a eu de cesse depuis sept ans de dénoncer le supposé « laxisme » du macronisme sur l’immigration a été le principal instigateur du renforcement de la loi Immigration en novembre dernier.
Avec le soutien des sénateurs LR, il avait introduit l’exclusion de l’accès aux aides sociales pour les travailleurs immigrés, la suppression de l’AME, l’instauration de quotas migratoires, le rétablissement du délit de séjour irrégulier permettant la criminalisation des migrants en raison de leur seule présence en France, le durcissement de l’accès au séjour et à la nationalité pour les étrangers mariés avec des Français ou encore le versement d’une « caution » à l’État avant l’obtention du premier visa étudiant pour les étudiants étrangers.
Une surenchère de mesures racistes et xénophobe dont une partie sont directement issues du programme du RN. À la suite de la censure des articles les plus xénophobes par le Conseil constitutionnel (pour des raisons de forme plutôt que de fond), ce dernier avait appelé à une révision constitutionnelle pour pouvoir durcir la loi contre l’immigration. Un discours proche du RN que Retailleau reprend aussi quand il est question des quartiers populaires. Durant les révoltes après le meurtre de Nahel, le sénateur expliquait que c’était l’immigration qui avait causé les « émeutes » en reprenant la rhétorique de l’extrême-droite sur les « français de papier ». Retailleau affirmait ainsi au micro de France Info : « On connaît les causes. Bien sûr que si, il y a un lien avec l’immigration. [...] Malheureusement pour la deuxième, la troisième génération, il y a comme une sorte de régression vers les origines ethniques ». Le choix de Retailleau au très régalien ministère de l’Intérieur donne le ton du futur gouvernement Barnier. Une nomination dont le principal but est d’ancrer un consensus avec le RN à l’assemblée qui pourrait s’appliquer très rapidement autour d’une probable future loi Immigration 2.0.
Vers une loi Immigration 2.0
Alors qu’une future loi Immigration était déjà évoquée ces dernières semaines, Michel Barnier a confirmé lors d’un rendez-vous avec Yaël Braun-Pivet et Gérard Larcher qu’une deuxième loi verrait bien le jour selon les Echos. Un texte qui reprendrait les mesures supprimées par le Conseil constitutionnel, à savoir les mesures les plus réactionnaires évoquées plus haut.
Une perspective qui était déjà envisagée du côté des macronistes, comme le montrait l’entretien au Figaro des rapporteurs du budget immigration, deux députés de l’aile droite du parti présidentiel Mathieu Lefevre et Charles Rodwell, le 8 septembre dernier. Ces derniers préconisent trois grands axes : renforcer les moyens des forces de répression, notamment aux frontières ; augmenter les capacités des centres de détention administratifs (CRA) existants et en construire de nouveaux afin de multiplier les détentions ; « généraliser les interdictions de retour sur le territoire » et suspendre plus massivement les aides financières allouées aux migrants. Des mesures qui s’inscrivent dans le renforcement des politiques anti-migrants à l’échelle européenne, dont Giorgia Meloni est le fer de lance. Une future loi Immigration qui serait donc une aubaine pour Retailleau et le RN qui auraient ainsi un boulevard pour accentuer la portée des offensives du futur texte. Des mesures xénophobes qui seraient des attaques d’une grande brutalité pour les migrants tant sur le plan social que sécuritaire et qui continuerait d’alimenter le discours nauséabond de l’extrême-droite.
L’agenda de Bruno Retailleau est donc clair : une nouvelle loi raciste, qui pourrait bien être d’une brutalité sans précédent. Alors que la censure par le Conseil constitutionnel de 30% du texte en janvier dernier était loin de s’attaquer aux mesures sur le fond, il va falloir préparer une riposte à la hauteur de l’attaque à venir, pour faire reculer cette offensive raciste et défendre un programme radicalement opposé...
...qui mette au centre l’ouverture des frontières, la liberté de circulation et d’installation, et la lutte contre la division de notre classe et l’influence croissante de l’extrême-droite.
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