Bernard Gensane
Dans une génération, il n’y aura peut-être plus un seul médecin généraliste.
Un médecin généraliste, c’était quelqu’un qui avait fait de longues études (7 ans), qui inspirait confiance et chez qui on se rendait quelle qu’ait pu être l’affection dont on souffrait. Et il nous guérissait. Il y avait des cas où le mal qui nous touchait était tellement complexe et rare que le généraliste, par prudence, nous conseillait ou nous demandait d’aller voir un “ spécialiste ”. Alors là, on rencontrait le saint des saints. Il avait fait dix ans d’études, il devait gagner beaucoup d’argent vu ce qu’on lui laissait à la fin d’une consultation (les spécialistes avaient généralement une secrétaire et c’est à elle qu’on donnait l’argent, comme cela ils ne se salissaient pas les mains !).
Cette époque est révolue. En forçant à peine le trait, si l’on souffre du gros orteil gauche, on va voir un certain spécialiste alors que si l’on souffre du gros orteil droit, on consulte un autre spécialiste. Le monde médical, hors secteur hospitalier, est celui de la délégation des tâches, du transfert de compétences. Les médecins ne sont plus généralistes et ils ont tous vocation à être spécialistes de quelque chose. Les compétences médicales sont redistribuées. La raison inavouée de cette mutation profonde est une vulgaire histoire d’argent. Notre pays n’a plus, ou ne se donne plus, les moyens de former suffisamment de médecins pour couvrir exhaustivement ce qu’on appelle désormais les « territoires ».
Je fais partie des 6 à 7 millions de Français qui n’entendent pas très bien (ce qui ne m’handicape pas pour la rédaction de ce blog). Je porte donc quelques heures par jours des aides auditives fournies réglées par un audiologiste. Quid des ORL et des audioprothésistes ? Le ministère de la Santé envisage de permettre aux audioprothésistes de réaliser des diagnostiques audiométriques pour libérer de cette tâche les ORL qui conserveraient l’interprétation et la prescription.
Des combats à fleurets mouchetés sont à prévoir.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire