dimanche 13 octobre 2024

50 euros le mégawattheure ? Barnier prépare une hausse brutale des taxes sur l’électricité

Imogen Fraser

Selon Le Parisien, Bercy préparerait une hausse de la taxe sur l'électricité qui pourrait avoisier 50 euros le mégawattheure. Pour ce faire, le gouvernement passera finalement par arrêté, et non via le texte du budget, et espère gagner au moins 7 à 8 milliards d’euros en 2025 sur le dos des travailleurs.

Le gouvernement Barnier a présenté son budget hier. Sans surprise, l’austérité sera un des leviers de sa politique. Mais alors que le nouveau Premier ministre prétendait mettre à contribution les plus riches, le gouvernement prévoit d’augmenter la taxe sur l’électricité, qui touche l’ensemble de la population. En une semaine, le montant de l’augmentation n’a cessé de grimper. Lundi, la presse laissait entendre qu’elle pourrait grimper à 38 euros, une augmentation aussitôt revue à la hausse, mercredi, où il était question de la porter à 40 voire 42 euros. Après une semaine d’enchère, la taxe devrait désormais atteindre 50 euros le mégawattheure, soit presque trois fois plus cher que le montant actuel.

Si Bruno Le Maire avait annoncé, en juin dernier, que la Taxe intérieure sur la consommation finale d’électricité (TICFE) allait passer de 21 à 32 euros, le nouveau gouvernement a procédé à une hausse encore plus forte. Enterrant le bouclier tarifaire, l’ancien ministre de l’Économie avait pourtant rassuré ses futurs électeurs : puisque la crise énergétique est finie et que le prix de l’électricité baisse, les factures d’électricité « diminueront de 10 à 15% » pour les ménages en 2025 !

Une promesse désavouée, à peine quelques mois plus tard par Bercy, avec l’annonce du budget 2025. Alors que la France est tenaillée par les marchés financiers et par la procédure pour déficit excessif ouverte par la BCE, le gouvernement s’est fixé pour objectif de ramener le déficit public à 5% en 2025. Présentant un budget d’une violence historique, le Premier ministre prévoit de procéder à des coupes budgétaires massives, assorties de hausses d’impôts importantes. Si Barnier insiste sur le volet austéritaire de son projet pour rassurer les marché financiers, il entend également procéder à des hausses fiscales importantes à titre « provisoire » et « exceptionnelle » pour accompagner la première année d’une déferlante austéritaire qui devrait, elle, durer jusqu’en 2031. Mais alors que le Premier Ministre n’a cessé de promettre que les hausses d’impôt n’affecteraient que les plus fortunés, cette hausse de la taxe énergie affectera bien une grande partie des ménages. Quant au patronat, les entreprises électro-intensives devraient continuer de bénéficier d’un tarif préférentiel.

Alors que la TICFE avait déjà été rehaussée de 1 euro le mégawattheure à 21 euros en 2024 par le gouvernement Attal, l’augmentation promise de 50€/MWh va faire économiser plusieurs milliards au gouvernement. Cette augmentation ne sera d’ailleurs pas intégrée au projet de loi de finances 2025, mais changée par arrêté courant février. Selon Le Parisien, les factures d’électricité augmenteront de 14 % pour les ménages abonnés à une offre à prix fixe, c’est-à-dire 20 % des ménages, ramenant 7 à 8 milliards d’euros de plus au gouvernement, le tout financé sur le dos des classes populaires et des travailleurs.

Quand bien même la production d’électricité est en hausse, jusqu’à dépasser la demande, faisant baisser les prix pour les ménages souscrivant à un forfait libre, Barnier est décidé à mettre fin au reflux des prix qui aurait du se poursuivre. Ce faible allègement pour les ménages qui avait dû revoir à la baisse leurs dépenses depuis le début de la crise inflationniste a été réduit à néant par le gouvernement, qui a préféré saisir l’occasion d’élever ses recettes pour rembourser le déficit creusé par les politiques pro-patronales.

Plutôt que de laisser les ménages profiter de modiques économies sur leurs factures d’électricité, le gouvernement entend faire les poches aux travailleurs, et à l’ensemble de la population, qui auront à subir tous les effets de l’offensive austéritaire historique annoncée par Barnier. Alors que le patronat et les plus fortunés ont touché des centaines de milliards par an, en aides et en exemptions fiscales, financées par l’endettement public, ils craignent que les marchés financiers ne les privent du flux d’argent magique qui a nourri leurs profits et veulent faire payer la crise aux travailleurs. 

Face aux offensives annoncées, il est urgent de préparer la riposte et de rompre avec la stratégie du dialogue social qui nous mène à l’impasse !

Révolution Permanente

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