vendredi 11 octobre 2024

Le social-libéralisme bouge encore

Antoine Manessis

Le vieux social-libéralisme bouge encore. 

La capitulation jospiniste devant le capital a aboutit à l'écarter du deuxième tour en 2005.

N'oublions pas que l'élection  de François Hollande en 2112 n'est du qu'au violent rejet de Nicolas Sarkozy. Et aux turpitudes de Dominique Strauss-Kahn. 

Le discrédit qui a frappé le PS "hollandais" est toujours diffus mais bien présent dans l'opinion. Ce mélange de lâcheté et de complicité avec le capital, personne ne l'oublie.

Le bilan négatif - c'est un euphémisme - du PS au pouvoir et la fusion de la bourgeoisie socialiste avec le personnel traditionnel de la bourgeoisie est d'une telle évidence qu'il est désormais difficile au PS de croire qu'il peut redevenir le parti de la petite et moyenne bourgeoisie. Sans même penser aux classes populaires.  Certes les CSP+++ peuvent revenir dans le giron social-libéral après le fiasco macroniste mais cela ne fait pas le compte.

Le score historiquement minable de ce courant incarné aux dernières présidentielles par Anne Hidalgo,1,7% en 2022, n'a pourtant pas calmé son ambition. Ou plutôt ses ambitieux.

Raphaël Glucksmann, Karim Bouamrane, Carole Delga, Bernard Cazeneuve, Nicolas Mayer-Rossignol et même Hollande, qui ne doute de rien ou ne comprend rien, rêvent de l'Elysée ou au moins de Matignon.

Les 66 députés du PS (contre 28 à la précédente Chambre) ont donné des ailes aux chimères les plus folles.

Un point fort du courant social-libéral est son enracinement local, municipal, départemental, régional. In- contestablement un atout: argent, cadres, réseaux, présence sur le terrain, notoriété...

Les européennes n'ont pas été à la hauteur de son ambition mais sa tête de liste est parvenu à obtenir 13% des voix, même si c'est avec 50% d'abstention, ce qui lui permet de croire qu'il peut devenir l'incarnation du courant social-libéral. Mais outre l'abstention qui relativise son résultat, il n'a pas saisi que ses 13% sont essentiellement ceux des Ecologistes qui ont été réduit à 5%.

Les municipales à venir en 2026, théoriquement avant la prochaine présidentielle, offre une perspective aux féodaux (les maires de grandes villes et les présidents de région) qui s'agitent mais il reste un obstacle de taille : le peuple de gauche et le peuple tout court. 

Les 66 députés socialistes n'existent que parce qu'ils s'étaient présentés sous l'étiquette du NFP. Même Hollande...Cela veut dire que sans les électeurs du NFP pas d'élus. Or, parmi ces électeurs, si on veut bien se souvenir du score de 22% de Jean-Luc Mélenchon en 2022, un bon paquet considère que la gauche aujourd'hui c'est la France Insoumise. C'est pour parvenir à l'union des gauches que la FI a fait des sacrifices en terme de sièges de députés. Et cela le PS n'est pas sans le savoir.

L'aile gauche regroupée autour de l'actuel premier secrétaire Olivier Faure, le sait, le comprend et ne veut pas d'une aventure qui s'achèverait avec un fiasco hidalguesque. Non qu'il partage toutes les positions de la FI, loin de là, mais qui sait que c'est dans l'union avec la FI qu'il peut continuer à vivre et à peser.

L'aile droite et ses nombreux petits chefs n'ont qu'un point commun : leur détestation de Mélenchon. Qu'ils partagent avec le PCF. Ils surfent donc sur la campagne de criminalisation et de calomnies que le capital a déchaîné contre le leader historique de la FI et ses camarades. À l'intérieur du PS ça grenouille fort : les uns tentent d'avoir la peau d'Olivier Faure, comme Hollande, d'autres attaquent la FI bille entête, d'autres enfin, comme Glucksmann vont à la pêche à la Macronie pour en récupérer des débris afin d'identifier leur espace politique avec le bloc bourgeois central. Il s' approche Clément Beaune, Gilles le Gendre, Olivier Véran...  Lors de sa rentrée politique du 4 au 6 octobre, il était entouré d'autres débris du social-libéralisme comme Anne Hidalgo et Yannick Jadot. Le résultat des deux derniers à la présidentielle de 2022 devrait l'alerter... 

Reste encore un autre problème pour ces postulants à la direction de ce courant, outre le peuple avec lequel ils ont un gros problème. C'est celui du programme. du projet. De la perspective politique qu'ils proposent. Là il y a comme un trou noir. Non pas au sens astronomique mais programmatique. Ces gens, hors baratin abstrait et vide, ne feraient que poursuivre ce qui est la politique des gouvernements français depuis 1982. La politique du grand capital déclinée avec 50 nuances mais fondamentalement identique. Ils seraient, qui plus est, incapable de combattre et a fortiori de vaincre le néofascisme.

Enfin sur le plan de la politique internationale, il faut noter les prises de position bellicistes, pro-impérialiste, pro-sioniste et pro-OTAN de ce courant social-libéral tant sur l'Ukraine que sur la Palestine. Ce qui n'est pas un thème mineur. Nous y reviendrons.

Non, décidemment seule la gauche de gauche, la France Insoumise et ses alliés, sont capables à la fois de proposer une alternative, L'avenir en commun et la dynamique qu'elle porte, et une perspective victorieuse.

Antoine Manessis 

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