L’herbe est rouge

Olivier Cabanel

Son excellence l’Âne et Monseigneur le Tigre marchaient dans la savane, encore en équilibre...

Soudain l’Âne s’exclame : « ne sommes-nous pas bien, bras dessus, bras dessous, sur ce si beau chemin ?

Comme cette herbe est rouge, plus pourpre que le sang !

Comme le ciel est bleu, prémice du printemps !  »

À ces mots, le félin s’en étonne

et s’écrit :

« mais vous n’êtes pas bien !

Car l’herbe est toujours verte

Et vous le savez bien ! »

 « point du tout, Monseigneur  »

lui rétorqua sieur Âne,

«  je vous le certifie, l’herbe est rouge carmin,

cochon qui s’en dédit ! »

Alerté par ces cris, sa majesté Lion

s’approche des amis, aux bords de l’explosion…

« dites-moi, je vous prie, l’objet de la dispute,

je vous croyais amis, à quoi bon cette lutte ?! »

« il se passe, messire,

que cet abruti d’Âne

trouve que l’herbe est rouge

...à s’en taper le crâne ! »

Alors le roi Lion se tourne vers le Tigre

et lui dit : « monseigneur,

vous êtes dans l’erreur !  »

« quoi ! Je fais une erreur !!

vous donneriez raison

à l’Âne, ce ballot ! »

« vous n’avez pas compris, l’herbe est bel et bien verte, point ne vous contredis,

pourtant vous avez tort, c’est moi qui vous le dis !  »…

« restez-donc bons amis, et n’oubliez jamais,

s’obstiner est un tort,

laissez cela à l’Âne, laissez-le à son sort,

celui qui parle fort à rarement raison »…

(d’après un conte africain)

ps : l’auteur s’excuse humblement auprès de nos amis les Ânes, qui ne méritent pas la sale réputation qu’on leur fait, certains hommes la méritent bien plus, n’est-ce pas Manu ?

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