lundi 14 octobre 2024

Saignée budgétaire : Barnier prévoit la suppression de 4000 postes d’enseignants

Jacques Messiant

Le budget proposé par le gouvernement Barnier pour 2025 prévoit la suppression de 4000 postes d’enseignants. Une offensive violente qui marque un saut dans les attaques contre l’école publique.

Alors que le budget du nouveau gouvernement a été dévoilé il y a quelques jours, l’austérité s’annonce particulièrement brutale pour l’éducation nationale. En effet, ce n’est pas moins de 4000 postes d’enseignants qui seront supprimés en 2025, dont plus de 3155 dans le premier degré et 180 dans le second degré public (collèges et lycées). Ces suppressions font écho au rapport de l’inspection générale des finances relayé début septembre, qui préconisait rien de moins que la suppression de 1600 classes, soit d’une école primaire sur 25 et de 33 collèges.

Dans son rapport, l’inspection générale des finances et le gouvernement justifiaient ces suppressions de classes et de postes par une « baisse démographique régulière depuis le début des années 2000 ». Cet argument, faussé puisqu’il s’appuie sur un pic survenu lors des années 2000 et non sur une baisse constante et prolongée, est en train de devenir un prétexte pour faire des économies sur le service public d’éducation, alors qu’on constate partout un manque structurel de personnel. À ce titre, les classes en France sont les plus chargées de l’Union Européenne. Et, comme le rapporte la secrétaire générale du SNES, Sophie Vénétitay, en 7 ans, il y a déjà eu 8865 postes de profs supprimés dans le second degré alors même qu’on comptait 7441 élèves en plus sur la même période. Loin de se vider, les classes et les établissements en France se remplissent de plus en plus, quand le nombre d’adultes accompagnant les élèves s’étiole d’année en année.

Bien loin de la « sanctuarisation » du budget de l’éducation nationale demandée par Anne Genetet, la ministre de l’éducation nationale, ces coupes s’inscrivent dans le cadre d’un plan d’offensive global contre le service public. L’austérité brutale touchera la sécurité sociale, qui sera sévèrement visée, à hauteur de 15 milliards d’euros environ : baisse des indemnités d’arrêts maladies ou encore projet d’ « allocation sociale unique » destiné à fusionner les aides sociales pour les plafonner et les réduire, et hausse des taxes sur l’électricité.

L’épreuve du budget 2025 s’annonce être une fois de plus une attaque en règle envers les classes populaires, qui vont être les premières à subir de plein fouet ces mesures. Dans l’éducation, la réduction du budget frappera en premier les élèves des classes populaires, les établissements de REP et REP+, ainsi que ceux des « outre-mers », étant explicitement dans le viseur de la cour des comptes lorsqu’il s’agit d’évoquer des fermetures de classes. Et ce alors qu’un grand nombre d’établissements sont déjà soumis à une augmentation des effectifs par classe et à une insalubrité vertigineuse.

Cette saignée du budget de l’éducation nationale s’accompagne d’un discours pour le moins contradictoire de la ministre Anne Genetet, qui affirme que sa priorité serait « d’élever le niveau, d’élever le niveau, d’élever le niveau. ». L’objectif serait donc de favoriser l’apprentissage tout en continuant inlassablement de réduire le nombre de professeurs par élève, une équation pour le moins étonnante. De fait, c’est en réalité vers l’imposition de toujours plus d’autorité que se dirige la ministre, afin de mettre au pas les élèves et les enseignants. En ce sens s’imposent dans certains établissements des « classes défenses », des « relais défenses » ou des uniformes, alors qu’on supprime dans certaines régions des dispositifs mis en place pour l’ouverture culturelle.

La poursuite de la cure austéritaire à l’école montre quelles sont les véritables priorités du gouvernement, et quel avenir il réserve à la jeunesse. Une fois de plus, il s’agit de nous faire payer la crise, en faisant des économies sur le dos des élèves, des enseignants et des familles, qui seront les premières victimes de cette nouvelle saignée dans l’Education nationale.

Face à cela, il serait temps que les directions syndicales, plutôt que de rencontrer une ministre dont elles disent elles même « ne rien attendre », se mettent en ordre de bataille pour construire une réponse à la hauteur des attaques.


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