vendredi 18 octobre 2024

Vous avez dit humanité ?

 Antoine Manessis

Un camp de rétention pour immigrés a été ouvert en Albanie après un accord entre les gouvernements italien et albanais. Le gouvernement social-démocrate albanais et le gouvernement néo-mussolinien italien.

Appelés "centres d'accueil" en novlangue fascistoïde. Signe de la décomposition politique en cours dans tous les pays et de la mutation fascistoïde de certaines fractions de la social-démocratie. Mutation encouragée par la Commission européenne d'Ursula von der Leyen (CDU) qui s'est rapprochée de Giorgia Meloni.

L’Italie a transféré ce lundi 14 octobre un premier groupe de migrants,16 hommes originaires d’Égypte et du Bangladesh, vers les centres qu’elle gère en Albanie.  Quand on connait la situation sociale et politique de ces pays, il est difficile de s'étonner que des personnes qui en sont originaires tentent d'immigration. Ces hommes seront transférés vers le camp d’enregistrement situé sur le port de Shëngjin puis vers celui dans lequel doivent être hébergés les hommes arrêtés en mer alors qu’ils tentaient de rejoindre les côtes européennes, sur une ancienne base militaire à Gjader. Les femmes et les enfants, ne sont pas concernées, ce qui implique que les familles seront séparées.

Ils passeront d’abord par le port, où des bureaux ont été installés dans des préfabriqués posés derrières de hautes grilles, pour être recensés. Ils seront ensuite envoyés à Gjader où ils attendront de savoir si leur demande d’asile est acceptée ou non. Dans des préfabriqués de 12 m² entourés de hauts murs et de caméras et surveillés par la police, ils seront retenus en vertu d’une mesure de rétention administrative décidée par le préfet de Rome. Tout ce qui se passe dans l’enceinte du camp est sous la responsabilité des Italiens, tandis que la sécurité extérieure est assurée par les albanais.

Le traitement des demandes d’asile pourra prendre jusqu’à quatre semaines. Pour les hommes à qui l’asile serait refusé, des cellules ont été installées dans le camp. En attendant une expulsion vers le pays d'origine. Plus de 300 militaires, médecins et juges italiens sont engagés dans cette opération.

Hormis le gouvernement néofasciste de Meloni, l'Allemagne et la Hongrie sont intéressées par cette "externalisation" les demandes d'asile et les procédures d’expulsion . Une proposition qui pourrait être discutée au sommet européen des 17 et 18 octobre à Bruxelles. Cela à l'heure où la Commission européenne veut faciliter les expulsions s'alignant sur les positions des extrêmes-droites européennes. Où l'Allemagne social-démocrate, la Hongrie fascisante et une quinzaine d'États membres ont déjà proposé de multiplier et généraliser ce type d'accord.

Des années d'une propagande raciste insidieuse, au soubassement colonial, relayée par les grands médias et le néofascisme, ont perverti des fractions de l'opinion. Au point que les droites d'abord, puis certains secteurs droitiers de la social-démocratie ont adopté des discours et des pratiques gouvernementales qui légitiment le néofascisme et lui offrent le pouvoir.

Au point que la simple humanité s'efface. Comment ces misérables de notre temps qui arrivent en Europe ou en Amérique du Nord peuvent-ils ne pas être immédiatement entourés par notre solidarité? Comment expliquer que Ukrainiens ou Afghans ils ne soient pas accueillis de la même façon?  Comment les cris de terreur des enfants perdus dans la Méditerranée n'éveillent ils pas davantage nos consciences? Comment en arrivent-on à parler "d'externaliser la question migratoire" déshumanisant des femmes et des hommes qui sont nos égaux et nos semblables? Comment accepter ces idées nauséabondes et potentiellement criminelles d'un parti qui recueille 30% des voix et un ministre qui osent dire "l'immigration n'est pas une chance pour la France" alors que son peuple est constituée depuis toujours de vagues d'immigration. Depuis toujours. Alors que la perspective ici et partout est la créolisation chère à l'écrivain antillais Edouard Glissant et qu'elle est irréversible et souhaitable.

Liberté, égalité et fraternité pour toutes et tous.

Antoine Manessis  

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