Je suis très heureux de pouvoir publier ce communiqué de la LDH reçu de JF Mignard. J'ai, moi aussi, été choqué par l'attitude de M. Raoult. Vouloir imposer "une ligne officielle" aux écrivains, revient "à couper les ailes des poètes." Cela a toujours été synonyme de danger pour la démocratie. Au-delà, c'est également un danger mortel pour la littérature. Car, qui (et en tout cas pas moi) peut s'intéresser à des écrits de commande pour flatter le chef de l'Etat ou magnifier un régime que bien peu de Français aiment ? (Jean Dornac)
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Communiqué LDH
Paris, le 12 novembre 2009
Selon le député Eric Raoult, le min
istre de la Culture devrait rappeler la romancière Marie Ndiaye à son « devoir de réserve » parce qu'elle aurait tenu des propos « peu respectueux […] à l'égard du chef de l'Etat », alors qu'ayant reçu le prix Goncourt elle « défend les couleurs littéraires de la France ».
Si la Ligue des droits de l'Homme vient de lancer une campagne intitulée « Urgence pour les libertés, urgence pour les droits », c'est qu'elle se rappelle le temps où les amis de monsieur Raoult qualifiaient l'ORTF de « voix de la France » pour soumettre à la censure du ministre de l'Information les journalistes qui y travaillaient. Il fait encore mieux aujourd'hui : ce sont maintenant les écrivains qui doivent marcher au pas et témoigner leur « respect » au « chef de l'Etat ».
Avant que le New York Times ne soit tenté par un nouveau parallèle entre la France et le Gabon, rappelons à ce député amateur de marche au pas la réaction du général De Gaulle aux démangeaisons répressives d'un ministre de l'Intérieur : « On ne poursuit pas Jean-Paul Sartre ». C'était l'époque, il est vrai, où les poursuites pour « outrage au président de la République » étaient bien moins nombreuses qu'aujourd'hui : en République, le respect ne se commande pas, il se mérite.
Si Marie Ndiaye doit demander au ministre de la Culture ce qu'elle peut dire sans manquer de respect à Nicolas Sarkozy, quelle sera la prochaine provocation destinée à réveiller le ralliement de l'extrême droite à la majorité présidentielle ? Qu'un député prenne une romancière pour un fonctionnaire, est-ce une énormité qui n'engage que son auteur ou bien le énième message d'une campagne orchestrée depuis des semaines, de dérapage sur les « Auvergnats » en appel à la délation, « devoir républicain » [sic] ? Décidément, la quête d'« identité nationale » officielle est sans limites.
Source photo : http://passouline.blog.lemonde.fr/
Si la Ligue des droits de l'Homme vient de lancer une campagne intitulée « Urgence pour les libertés, urgence pour les droits », c'est qu'elle se rappelle le temps où les amis de monsieur Raoult qualifiaient l'ORTF de « voix de la France » pour soumettre à la censure du ministre de l'Information les journalistes qui y travaillaient. Il fait encore mieux aujourd'hui : ce sont maintenant les écrivains qui doivent marcher au pas et témoigner leur « respect » au « chef de l'Etat ».
Avant que le New York Times ne soit tenté par un nouveau parallèle entre la France et le Gabon, rappelons à ce député amateur de marche au pas la réaction du général De Gaulle aux démangeaisons répressives d'un ministre de l'Intérieur : « On ne poursuit pas Jean-Paul Sartre ». C'était l'époque, il est vrai, où les poursuites pour « outrage au président de la République » étaient bien moins nombreuses qu'aujourd'hui : en République, le respect ne se commande pas, il se mérite.
Si Marie Ndiaye doit demander au ministre de la Culture ce qu'elle peut dire sans manquer de respect à Nicolas Sarkozy, quelle sera la prochaine provocation destinée à réveiller le ralliement de l'extrême droite à la majorité présidentielle ? Qu'un député prenne une romancière pour un fonctionnaire, est-ce une énormité qui n'engage que son auteur ou bien le énième message d'une campagne orchestrée depuis des semaines, de dérapage sur les « Auvergnats » en appel à la délation, « devoir républicain » [sic] ? Décidément, la quête d'« identité nationale » officielle est sans limites.
Source photo : http://passouline.blog.lemonde.fr/

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