Capitaine Martin

Les chiffres
parlent malheureusement d’eux-mêmes. Ce sont ainsi plus de 4.700 personnes
qui ont perdu la vie dans des attentats depuis le début le l’année. 638 victimes
sont à inscrire sur le compte du seul mois d’octobre. Personne n’est en mesure
de déterminer exactement combien de personnes ont été tuée en Irak depuis
l’invasion étasunienne. Selon une enquête menée conjointement par le gouvernement iraquien et
l’Organisation mondiale de la santé, 151.000 Irakiens seraient morts de mort
violente entre mars 2003 et juin 2006. Les Nations-Unies ont confirmé qu’en 2006
(dernière année où les données sont réputées fiables), au moins 35.000 personnes
avaient été tuées.
Dix ans ont passé. Les media occidentaux semblent avoir perdu tout intérêt
pour l’Irak, se concentrant sur des sujets plus consensuels ou attrayants. Entre
les rives du Tigre et de l’Euphrate, au cœur du Moyen-Orient, une longue et
laborieuse transition démocratique est en train de prendre forme depuis la fin
officielle de la guerre, le 1er mai 2003.
Un parcours non sans obstacles tant sont nombreuses les contradictions de
l’Irak moderne. Le pays est divisé par une guerre civile féroce entre fractions
sunnites et chiites. La violence s’est intensifiée après que les forces de sécurité ont violemment réprimé le
23 avril dernier une manifestation sunnite contre le gouvernement,
provoquant la mort de dizaines de personnes. Cet épisode a provoqué la réaction
des sunnites, qui se sentent marginalisés par le gouvernement chiite. Les
milices d’al-Qaïda tentent de tirer profit de la situation, ce qui touche par
ricochet le gouvernement.
Les forces d’intervention étasuniennes n’ont jamais vraiment réussi à
stabiliser la situation, allant parfois jusqu’à s’engager dans des opérations
contraires au droit des conflits armés. Elles ont ainsi utilisé en novembre 2004 des
armes chimiques lors de l’assaut de la ville de Falloujah, considérée par
les troupes américaines comme un bastion d’insurgés sunnites. Un an plus tard,
une folle équipée de Marines tuaient à Haditha vingt-quatre civils irakiens sans défense.
Difficile d’apparaître dans ces conditions comme des libérateurs animés des plus
nobles sentiments…
Ni les États-Unis, ni même les Nations-Unies n’ont porté un intérêt suffisant
à l’actuel gouvernement irakien du Premier ministre Nouri al-Maliki, rongé par
la corruption, par la répression et par la longue série de violations des droits
humains. Les forces de police, contrôlées par les ministères de l’intérieur et
de la défense, sont intervenues massivement entre la fin 2011 et mars 2012 avant
un sommet de la Ligue arabe à Bagdad, et ont arrêté des centaines de personnes
manifestant contre le gouvernement comme une mesure pour prévenir d’éventuels
attentats terroristes. L’ONG étasunienne Human Rights Watch a critiqué très
sévèrement dans son rapport annuel le nouvel Irak, l’accusant de
devenir un état policier. Plusieurs détenus ont même témoigné avoir été
torturés.
Rien d’étonnant à ce que la peine capitale soit dans ce contexte un sujet
brûlant. Au moins 125 personnes ont été exécutées depuis
le début de l’année ; quarante-deux l’ont été la semaine où on a célébré la
journée mondiale contre la peine de mort. Amnesty international fait notamment
remarquer qu’en violation des normes internationales, la loi institue la peine
de mort pour certaines infractions dont on ne peut considérer qu’elles entrent
dans la catégorie des crimes les plus graves, notamment l’enlèvement
n’entraînant pas la mort. La peine capitale est ainsi devenue pour le
gouvernement un moyen d’asseoir sa mainmise sur le pays.
Le bilan qu’on peut tirer de ces dix années en Irak ne peut être que négatif.
L’intervention étasunienne n’a pas apporté que la misère et et la corruption.
Il n’y a pas un eu un jour depuis 2003 sans que le pays ne perde une vie des
suites des violences terroristes. Si c’est ça le modèle de démocratie que
l’Occident s’évertue à exporter depuis des décennies, il n’y a vraiment pas de
quoi s’émerveiller tant l’échec de ce système politique, économique et social,
est patent.
Résistance Politique
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire