Les dirigeants européens ont répondu d’une façon impitoyable aux noyades en masse de migrants dans la Méditerranée.
Plutôt qu’investir dans un système qui sauverait des vies humaines et
garantirait une protection face à l’oppression et à la pauvreté que
subissent les personnes en fuite, les gouvernements de l’UE ont adopté
une posture de guerre. Leur proposition d’attaquer des bateaux
utilisés pour transporter des demandeurs d’asile ressemblent de façon
sinistre à celles préconisées par les partis et tabloïds d’extrême
droite.
De tels plans ne surgissent pas de nulle part. Cela fait un moment
que l’UE discute de la migration comme d’une menace militaire. Un thème
récurrent est la possibilité que des drones soient déployés dans des opérations de surveillance de frontière.
L’industrie de l’armement en Israël - un des premier exportateur de
drones - était représentée dans certaines des plus importantes
discussions.
En 2013, un « groupe de direction » de l’UE sur « les avions télépilotés » - un synonyme pour les drones - a publié des recommandations
pour que ces avions de guerre puissent être de plus en plus utilisés
dans l’espace civil, sur une période de quinze ans. Frontex, l’agence de
gestion des frontières, s’est fait connaître comme un possible et
intéressé utilisateur de drones.
Les membres du groupe ont inclus le groupe Unmanned Vehicle Systems-International [Système-International de Véhicule Téléguidé], une association commerciale pour les fabricants de drones. Elbit
et l’Industrie Aérospatiale en Israël, les deux fournisseurs principaux
de drones utilisés à plusieurs reprises pour attaquer Gaza, sont tous
deux représentés dans UVS-International.
« Grand intérêt »
L’an passé, UVS-International a noté que Frontex avait « manifesté un grand intérêt » pour les drones. L’intérêt était si grand que Frontex a étudié la possibilité de déployer le bourdon Hermes-900 pour traquer les réfugiés.
Développé par Elbit, le Hermes-900 a reçu ce que les analystes de
guerre ont appelé son « baptême du feu » à Gaza l’été dernier. On peut
dire avec certitude que des civils ont été tués ou sérieusement mutilés
par cette arme redoutable.
Un autre membre du groupe de direction de l’UE était l’Association Européenne pour l’Équipement Aéronautique Civil (EUROCAE).
Ne soyez pas dupes des termes « aviation civile » dans son nom. EUROCAE a un comité « actif » consacré aux drones, et qui a contribué au travail du groupe de direction de l’UE.
L’Industrie Aérospatiale en Israël (IAI) - « la plus grande compagnie
de défense et aérospatiale propriété de l’Etat » selon son site Web
- fait partie du comité d’EUROCAE pour les drones. Michael Allouche
d’IAI a l’ambition déclarée d’être le responsable de « l’aptitude au
vol » pour ce comité.
Sommes-nous supposés trouver cela rassurant ?
Exception pour l’Israël
Dans l’état actuel des choses, il est généralement interdit que des
drones entrent dans l’espace civil européen. Pourtant une exception a
été faite pour la compagnie IAI.
En avril 2013, un de ses drones, le Héron, a volé
au-dessus d’une base militaire et dans l’espace aérien civil en Espagne
pendant un exercice de surveillance maritime financé par l’EU. Cela a
dû être quelque chose de nouveau pour les opérateurs du Héron, qui sont
plutôt accoutumés à lancer des bombes sur Gaza.
Barack Obama a regretté hier la façon dont les drones américains ont
tué deux otages d’Al-Qaïda dans la zone frontalière entre l’Afghanistan
et le Pakistan plus tôt cette année.
Quelques communiqués de presse ont suggéré qu’il serait inhabituel
que des personnes innocentes meurent tuées par des drones. C’est de la
foutaise...
Le Bureau pour le Journalisme d’Investigation a documenté comment 962 civils ont été tués au Pakistan par les drones des Etats-Unis, entre 2004 et 2015.
L’administration d’Obama a donné son appui total aux crimes de guerre israéliens l’été dernier. L’organisation Defence for Children International - Palestine vient de publier les résultats de ses enquêtes sur ces crimes. Le rapport révèle que 164 enfants ont été directement visés et tués dans des frappes de drones.
Y a-t-il quelque chose de plus obscène que le meurtre délibéré d’enfants ?
Cela nous rappelle que les sociétés d’armements exploitent de tels meurtres pour les besoins de commercialisation. IAI se vante de la façon dont ses produits « ont été testés dans la guerre » [contre Gaza] l’été dernier.
La plupart des habitants de Gaza sont des réfugiés, déracinés par l’opération de purification ethnique
qui a conduit à la création d’Israël. Bien que sachant parfaitement
qu’Israël a expérimenté ses drones sur les réfugiés palestiniens,
l’Union Européenne envisage d’utiliser ces mêmes drones sur des réfugiés
d’autres régions du monde.
L’industrie de l’armement et ses laquais parlent constamment
« d’innovation. » Ce qu’ils entendent vraiment par « innovation », c’est
trouver de nouveaux moyens d’être cruels.
* David Cronin est le correspondant de l’agence de
presse Inter Press Service. Né à Dublin en 1971, il a écrit pour
diverses publications irlandaises avant de commencer à travailler à
Bruxelles en 1995. Son dernier livre, « Corporate Europe : How Big
Business Sets Policies on Food, Climate and War » est publié chez Pluto
Press http://www.amazon.com/Corporate-Eur....
Photo : Famille de migrants sauvés par la marine italienne - Photo : Gabriel Bouys/Getty
Info Palestine
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