FNLP
Les associations laïques : Ligue de l’Enseignement, Ligue des Droits de
l’Homme et Fédération nationale de la Libre Pensée ont décidé de rendre
publique cette déclaration au vu de la situation préoccupante qui existe
dans ce pays aujourd’hui.
La laïcité, qui est le libre exercice de sa conscience, est garantie
par la loi de Séparation des Églises et de l’État de 1905. Elle est
aujourd’hui menacée par ceux qui veulent en faire un instrument contre
une certaine catégorie de la population : les citoyens d’origine
arabo-musulmane.
Ainsi, on entend interdire les repas de substitution dans les
cantines des collectivités publiques pour les végétariens et les
personnes ne voulant pas, pour des raisons diverses, manger du porc.
Imposer une nourriture contraire aux convictions personnelles, ne relève
pas de la laïcité, mais de la xénophobie. S’il est juste d’un point de
vue laïque de refuser de diffuser dans les collectivités publiques les
produits casher et hallal, imposer des repas avec de la viande de porc
relève de la discrimination.
Ainsi, on entend réclamer l’interdiction du voile dit "islamique" à
l’Université. Rappelons qu’il existe, dans les facultés, les franchises
universitaires qui sont des libertés arrachées au pouvoir et aux
clergés. Remettre en cause les libertés universitaires ne relève pas de
la laïcité, mais d’une remise en cause de la démocratie.
Ainsi une proposition de loi qui doit être examinée en mai prévoit la
modification du Code du Travail ; on veut y intégrer des dispositions
relevant de la sphère publique et de la nécessaire neutralité des agents
des Fonctions publiques. Le Code du Travail régit les rapports entre
les dirigeants d’entreprise et les salariés. Au sein des entreprises, la
liberté de conscience est régie par l’Article 10 de la Déclaration des
droits de l’Homme et du Citoyen du 26 août 1789 : "Nul ne doit être
inquiété pour ses opinions, même religieuses, pourvu que leur
manifestation ne trouble pas l’ordre public établi par la Loi."
On veut étendre à l’infini la sphère publique et imposer la
nécessaire neutralité des agents des services publics à tous les
salariés dans tous les secteurs de la vie économique et quotidienne.
Cela relève d’une volonté de normalisation à outrance de la société et
entraînerait une diminution drastique des espaces où s’exercent les
libertés individuelles. C’est transformer les entreprises en champ clos
d’affrontements communautaristes et religieux. Il est possible de mettre
des limites à la liberté de comportement des salariés, en raison des
besoins de l’entreprise et de la sécurité, mais cela doit être
strictement délimité et soigneusement encadré. Aucune entreprise n’a le
droit de posséder un blanc-seing pour régenter la conscience des
salariés.
Ainsi, contre le principe de Séparation des Eglises et de l’Etat, on
entend des propositions visant à suspendre, modifier, abroger la loi de
1905 pour "intégrer" l’Islam. Rappelons que la loi de 1905 a été
promulguée alors qu’il y avait 10 millions de musulmans sur le
territoire de la République dans les 3 départements d’Algérie. Son
article 43 prévoyait son application en Algérie. C’est pour des raisons
d’intérêts colonialistes et de contrôle des "indigènes", via les imams,
qu’il fallait garder assujettis au système colonial, que cette
disposition n’a jamais été appliquée, alors qu’elle était réclamée avec
force par toute l’élite nationale et indépendantiste algérienne.
Rappelons aussi que les cultes bouddhistes (600 000 adeptes en
France) ont été intégrés dans les dispositions des associations
cultuelles prévues dans la loi de 1905 sans qu’il ait été besoin de
modifier un mot de la loi de 1905. Il n’appartient pas à l’Etat et au
gouvernement de s’ingérer dans l’organisation des cultes, ni de désigner
ses « interlocuteurs officiels », ni de former les religieux et encore
moins de délivrer des diplômes religieux. Nos associations rappellent ce
que disait Victor Hugo : « L’Etat chez lui, les Eglises chez elles ».
Toute autre disposition visant à l’ingérence de l’Etat dans les cultes
relève de l’esprit de concordat.
La laïcité et les libertés sont menacées !
Comment ne pas être inquiets quand on prend
connaissance du projet de loi présenté par le Premier Ministre qui
"légalise des mesures de surveillance jusqu’ici interdites. Les
possibilités d’écoute, d’espionnage d’Internet et de visites
clandestines de domiciles sont étendues. (Le Monde du 21 mars 2015). Et
ce pour protéger "Les intérêts essentiels de la politique étrangère et
l’exécution des engagements européens et internationaux de la France.
Les intérêts économiques et scientifiques..."
Là aussi, la part des libertés individuelles ne cesse de se réduire
au détriment du "tout sécuritaire". Une grande menace se fait jour sur
les libertés de communication téléphonique où les moyens techniques
légalisés ne laisseront plus aucune part à la préservation de la vie
privée. Tout est possible, tout sera-t-il permis ? Les moyens de
contrôle sautent les uns après les autres. La CNIL n’a plus aucun rôle
dans cette affaire et le juge judiciaire est totalement dessaisi au
profit de l’Administration.
Comment ne pas être inquiets aussi quand l’une des
nouvelles missions affectée aux services secrets est : "La prévention
des violences collectives de nature à porter gravement atteinte à la
paix publique ?" Cette notion peut recouvrir tout et n’importe quoi, y
compris dans le domaine social et syndical. Une nouvelle loi
anticasseurs ?
Comment ne pas être aussi stupéfiés que la lutte
antiterroriste et son dispositif légal aient conduit une personne en
état d’ivresse avancée, qui n’était plus dans l’état de comprendre quoi
que ce soit, à être condamnée à des années de prison pour des propos
d’ivrogne ?
Il serait temps de se rappeler ce que disait Benjamin Franklin :
"Ceux qui pensent qu’en abandonnant un peu de liberté, ils auront un peu
plus de sécurité, n’auront au bout de chemin ni sécurité ni liberté."
Fédération Nationale de la Libre Pensée
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire