Ce qui arrive au peuple tunisien est terrible. L’attentat de Sousse, pour le coup un vrai attentat terroriste, vise à détruire un pays, et à montrer toutes ses plaies.
Le terroriste était seul. Il est entré tranquillement dans l’hôtel Riu Imperial Marhaba,
vers d’El-Kantaoui, un peu au Nord de Sousse vers midi. Le type s’est
rendu vers la plage et a visé pour atteindre essentiellement des
touristes. Une série de rafale, et des victimes tuées dans
l’insouciance : 37 morts,
et une quarantaine de blessés. Un survivant témoigne : « C’est à la
deuxième rafale que les gens ont compris ce qui se passait et se sont
mis à courir. Je me suis retourné dans la fusillade, il y avait des
corps par terre. On a cherché une cachette. On avait l’impression que
quelqu’un allait nous tuer. On est très choqués. »
Le
tueur a pris son temps, en visant les européens et pas les arabes. Il a
jeté une grenade dans la piscine, puis une autre dans bureau de la
direction, au premier étage. Il a ensuite gagné la réception, puis la
salle de sport. Tranquille et apaisé, avant que la police intervienne,
une demi-heure plus tard, et le tue.
Cet attentat est une catastrophe pour la Tunisie.
Face
à des groupes déterminés, une attaque terroriste est toujours possible.
Voir la semaine dernière l’attaque du parlement afghan. Mais ce qui
fait problème ici, et c’est grave, c’est la facilité avec laquelle peut
opérer le tueur. Une demi-heure avant la moindre réaction. Une scène qui
rappelle trop l’attentat du Bardo, où l’on voyait les terroristes se
promener tranquillement dans le musée, et tirer.
Le
tourisme est essentiel à l’économie tunisienne. Oki. Alors un peu de
courage, même pour des vacances, pourquoi pas, mais que peuvent répondre
les autorités quand dans une zone touriste hyper connue il faut une
demi-heure pour que la police réponde ?
Les grands discours contre le terrorisme, c’est une chose, mais l’incapacité de l’Etat en est une autre.
Après,
il faut élargir le champ, car la Tunisie est victime d’un terrorisme
exogène, venu de la Libye, ce pays qui a été fracassé par les Etats
occidentaux, instrumentalisant les droits de l’homme, pour détruire un
régime qui œuvrait pour une Afrique indépendante. Sarkozy, Cameron et BHL au tribunal…
La
Libye est le nœud gordien de l’insécurité dans la grande région, et
comme personne n’a de solution, c’est parti pour une décennie.
La
Tunisie, grand pays d’histoire mais économie faible, qui n’a pas su
régler les comptes avec les mastars de l’époque Ben Ali, est confrontée à
un défi immense avec cette poudrière qu’est la Tunisie. Sur le secteur,
un pays est l’allié naturel, l’Algérie, qui tient de milliers de
kilomètres de fournières de feu, avec la Libye, le Nord du Niger, et
l’explosif Nord-Mali, où grave à la puissance algérienne, un accord -
fragile mais un accord - a été signé.
Mais
quelle alliance a choisi le président Béji Caïd Essebsi, un bon pépère
de l’époque Ben Ali, qui a choisi comme Premier ministre Habib Essid, un ancien ministre de Ben Ali ?
Le 20 mai 2015, il a signé à Washington avec John Kerry, un mémorandum d’entente
entre les États-Unis et la Tunisie, un accord de défense assez
technique, mais qui ouvrait vers le graal : le statut d’allié majeur
non-membre de l’OTAN, qui comprend notamment une coopération militaire
renforcée. Un privilège rare accordé à une quinzaine de pays dans le
monde… dont le Maroc, et qui place donc l’Algérie sous surveillance.
Les
autorités tunisiennes sont face à un défi : la Tunisie est, du fait de
la destruction politique de la Libye et de la jamais faite réforme de
ses services de sécurité, devenue une passoire pour le plus violent et
destructeur des terrorismes.
Ce
23 mai, Khemaies Jhinaoui, conseiller diplomatique auprès de la
Présidence tunisienne, était à Alger pour confirmer la volonté de Beji
de renforcer la coopération stratégique entre les deux pays. D’accord,
mais comment accepter cette filialisation par l’OTAN, qui a détruit la
Libye, et qui rêve de détruire l’Algérie ?
Seule, et vu l’urgence, la Tunisie ne peut rien faire. De fait, comme le proclame Beji, il faut une politique globale. Oki. Mais, et parce qu’il y a le feu à la maison, tu choisis qui, Béji : Les US ou l’Algérie ?
Qui crée les problèmes ?
Qui apporte des solutions ?
Photo : Les USA, cause des malheurs du monde.
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