samedi 4 juin 2016

Hikikomori

potager-naturelGaëtan Pelletier      

Hikikomori (引き篭り?) est un mot japonais désignant un état psychosocial et familial concernant principalement des adolescents ou de jeunes adultes qui vivent coupés du monde et des autres, cloîtrés chez leurs parents, le plus souvent dans leur chambre pendant plusieurs mois, voire plusieurs années, en refusant toute communication, même avec leur famille, et ne sortant que pour satisfaire aux impératifs des besoins corporels, d’après les spécialistes. ( Le monde nu, La dictature invisible du numérique.  Marc Dugain, Christophe Labbé 

Il y a une dizaine de jours, j’ai semé des graines. Et chaque matin, je suis là, comme un enfant, à les regarder germer, feuiller, fabriquer de la vie, par je ne sais quel miracle. Si je voulais en fabriquer une de mes mains, cela me serait impossible. Comme on ne fabrique pas un humain à partir d’un monde virtuel…  Il est un proverbe qui dit que le cheval n’est pas différent de la pomme qu’il mange…
Les plantes ne peuvent survivre et se multiplier sans la terre dans laquelle elle pousse. Tout comme l’humain… Nous vivons dans une ère de culture d’illusions aux fins de contrôle, râpés par des compagnies transnationales pour une culture du capital et d’un monde sculpté par des cerveaux et non par des cœurs, des âmes.
Je ne mourrai pas comme un pleurote électronique greffé à une machine, soumis, reprogrammé. La révolution, la vraie, doit commencer par le simple geste du zeste philosophique d’ouvrir les yeux sur la grandeur de l’univers et de la petite feuille qui pousse à travers les milliards de mondes que nous percevons la nuit, là où la lumière de villes n’a pas souillé les ciels.
Aimer, c’est poursuivre l’oeuvre de la nature et non pas la détruire. C’est se distancer de cette masse de constructivistes sataniques.
***
C’est tout beau ! Faut-il peindre, écrire, chanter et devenir célèbre ?
Je vois, dans tout ce monde vivant du printemps, les guêpes, les oiseaux qui se chamaillent dans les conifères du voisin, les feuilles surgir des arbres et verdir la forêt, la chenille qui rampe et qui bientôt se fera papillon, quelque chose de grand. Et cette grandeur est d’une grande simplicité : nous sommes, au fond, tous pareils, à la fois différents. La Vie est un dieu constant et ce monde insaisissable me rend curieux. J’ai des yeux grands comme deux étoiles qui auraient le pouvoir de jeter un œil sur une fleur au mois de mai.
La nature est sauvage. On dirait que la vie nous a livré un matériau brut, vivant, informe, au point de pouvoir en faire tout ce que nous voulons qu’il soit. Il n’y a pas que cet infini d’ailleurs, il y a celui d’ici. Les hommes ont de grandes ambitions…

Pendant que les grands, dans leur énorme casino détruisent la simplicité et la magie de cet univers, la petite feuille survivra, ainsi que le perce-oreille. Tout ça peut se passer de nous, mais nous ne pouvons pas nous passer de cela ni de chacun des unités du NOUS qui nous ont construits.

Photo :  Crédit photo Hensor – Oscar (Fotolia.com) / D.R.

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