« Sans la solidarité de délinquants, nous ne serions pas là ».
L’heure est à la renaissance d’un délit de solidarité. Dans la vallée
de la Roya, à Calais, à Paris, à Norrent-Fontes, à Boulogne, à Loos, à
Perpignan, à St-Etienne, à Meaux... des militants et des citoyens qui
ont manifesté concrètement leur solidarité désintéressée aux réfugiés ou
aux Roms, sont intimidés, menacés, poursuivis par les Autorités.
Nous soussignés, enfants juifs cachés pendant la Seconde guerre
mondiale pour échapper à la déportation, déclarons solennellement : si
nous sommes en vie, c’est parce que des délinquants solidaires ont
désobéi, nous ont cachés, nous ont nourris, en dépit des lois de Vichy
et de l’occupant. Ils ont ouvert leur porte, falsifié notre identité,
ils se sont tus ignorant les injonctions de la police et de
l’administration, ils ont emprunté des chemins de traverse face à la
persécution…
Leur solidarité est aujourd’hui reconnue publiquement. Nous leur
sommes reconnaissants, comme nous le sommes au courage de nos parents
qui ont fait le dur choix de se séparer de nous et de transformer leurs
enfants en « mineurs isolés ».
Mais ce devoir de solidarité s’applique aussi aujourd’hui et nous
réclamons la fin de ces procédés d’intimidation. Nous proclamons la
légitimité du droit de regard des citoyens et des citoyennes sur les
pratiques de l’administration, de la justice ou de la police. Nous
sommes solidaires avec celles et ceux qui se montrent solidaires des
personnes en situation de précarité sans se soucier de savoir si elles
sont ou non en situation régulière quant au séjour.
Nous passons le
flambeau de la solidarité aux lanceurs d’alerte, aux citoyens critiques
des politiques xénophobes, aux solidaires du quotidien.
Les 10 premiers signataires :
1. Enfants caché-e-s :
• Georges Gumpel, enfant caché à Lyon puis en Haute-Loire ;
• Liliane Lelaidier-Marton, enfant cachée à Bonneuil-sur-Marne ;
• Georges Tugène, caché en Haute-Loire ;
• Jean de Monbrison, caché près d’Auch, dans le Gers ;
• Nicole Kahn, enfant cachée dans une école catholique à Limoges.
• Liliane Lelaidier-Marton, enfant cachée à Bonneuil-sur-Marne ;
• Georges Tugène, caché en Haute-Loire ;
• Jean de Monbrison, caché près d’Auch, dans le Gers ;
• Nicole Kahn, enfant cachée dans une école catholique à Limoges.
2. Filles et fils, frères et sœurs d’enfants caché-e-s
• Patrick Silberstein, fils d’Hélène Vainberg, cachée par des Italiens à Monthléry ;
• Dominique et Emmanuèle Natanson, fils et fille de Jacques Natanson, caché par des moines dominicains à Saint-Maximin, Var ;
• Jean-Claude Meyer, frère de Colette Meyer, cachée après l’exécution de leur père ;
• Jean-Guy Greilsamer, fils d’Yvonne Greilsamer, cachée à Saint-Dizier en Haute-Marne, puis dans l’Aube ;
• Béatrice Orès, fille d’une enfant cachée dans le département du Rhône.
• Dominique et Emmanuèle Natanson, fils et fille de Jacques Natanson, caché par des moines dominicains à Saint-Maximin, Var ;
• Jean-Claude Meyer, frère de Colette Meyer, cachée après l’exécution de leur père ;
• Jean-Guy Greilsamer, fils d’Yvonne Greilsamer, cachée à Saint-Dizier en Haute-Marne, puis dans l’Aube ;
• Béatrice Orès, fille d’une enfant cachée dans le département du Rhône.
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