Plusieurs associations
ont plaidé auprès du Premier ministre pour des mesures de long terme, et
ont proposées des pistes pour lutter efficacement contre le racisme et
les violences policières, plus d’une semaine après la mise en examen de
quatre policiers pour viol et violences sur le jeune Théo, à
Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis).
Voici cinq des propositions de ces associations pour renouer sur le long terme le dialogue entre citoyens et policiers.
Réforme de l’affectation et de la formation
« Aujourd’hui, les plus
jeunes et les moins bien notés se retrouvent dans les zones les plus
difficiles, souligne Blaise Cueco, membre du bureau national de SOS
Racisme. C’est problématique. »
Les associations
souhaitent également que la formation des policiers englobe « une
déconstruction des préjugés dans la formation des agents, poursuit
Blaise Cueco. Une bonne partie des étudiants en école de police viennent
de la campagne et ne connaissent les quartiers difficiles que par des
préjugés. Les jeunes policiers sont terrorisés… et les jeunes des
quartiers aussi. »
Une idée partagée par le
Mrap. « Il faut des policiers formés aux valeurs républicaines et pas
simplement au maniement des armes », assure Sylvain Goldstein. Le
gouvernement a pourtant recréé une direction de la formation, supprimée
sous le mandat de Nicolas Sarkozy. « C’est très bien, mais on n’a aucun
engagement sur le contenu, sur la participation par exemple
d’associations, s’inquiète Pierre Tartakowsky, de la Ligue des droits de
l’homme. Entre 1981 et 1986, la LDH intervenait sur les
discriminations, par exemple. »
Retour d’une police de proximité
« Cette police de
proximité existait sous Jospin et, à l’époque, il y avait moins
d’agressivité du côté des jeunes comme des policiers, plaide Sylvain
Goldstein, membre du Conseil national du Mouvement contre le racisme et
pour l’amitié des peuples et président du Mrap 93. Les citoyens
connaissaient ces agents. Le policier n’était pas seulement le
fonctionnaire avec une matraque mais aussi le camarade de foot ! »
« Sous ce quinquennat, 10 000 policiers ont été embauchés. » Mais une vraie police de proximité nécessiterait un effort énorme en termes d’embauches.
Réforme de l’IGPN
L’Inspection générale de
la police nationale (IGPN) a pour mission de contrôler les différents
services de police, améliorer leur fonctionnement et sanctionner les
fautes professionnelles des agents de police. Ses premières
constatations sur l’affaire Théo s’orientent vers la piste accidentelle.
« On a bien vu dans
l’affaire de Théo que la parole des policiers est davantage prise en
compte que celle de la victime, s’indigne Sylvain Goldstein du Mrap.
Avec l’IGPN, on se retrouve avec des enquêtes biaisées, puisque la
police est juge et partie. Cela ne devrait pas exister dans une
République ! D’autant qu’il y a un fort corporatisme dans cette
profession. »
Les associations reçues ce matin ont suggéré la création d’une commission mixte réunissant l’IGPN, un magistrat et un défenseur des droits
Récépissé versus caméra-piéton
Le récépissé, vieux
serpent de mer, refait surface. Cette solution prônée depuis de
nombreuses années par les associations, un temps envisagée… puis
abandonnée par le gouvernement n’est plus du tout à l’agenda. « La
question a été évacuée ce matin », regrette Pierre Tartakowsky de la
LDH.
« On nous a répondu que
les caméras-piétons étaient plus efficaces que le récépissé », précise
Sylvain Goldstein. Pourtant, toutes ces associations se montrent très
sceptiques. « Même avec le déploiement des 2 600 caméras-piétons,
seulement 1 % des policiers seront équipés », reprend ce membre du Mrap.
« Je pense qu’on a fait
une grande erreur en refusant le récépissé, qui n’a pas la même mission
que la caméra, assure Pierre Tartakowsky. La caméra, c’est celui qui la
porte qui la déclenche. Et cela n’empêche pas le contrôle au faciès. On
nous a répondu que le récépissé, c’était beaucoup de travail pour les
policiers. »
Un débat sur les missions de la police
« Force est de constater
que dans certains endroits, la police agit comme une force d’occupation
du territoire et elle confond contrôle et humiliation, attaque Pierre
Tartakowsky de la LDH. Nous avons besoin d’un espace et de temps pour
ouvrir un débat sur les missions de la police. Mais je crains que cette
volonté ne soit pas partagée par le gouvernement. Et le temps va
manquer. »
Les associations
imaginent un organisme sur le modèle du Conseil économique social et
environnemental, qui réunisse des policiers, des magistrats, des
personnes qualifiées appartenant à la société civile. Et que les
citoyens pourraient saisir pour apporter leurs idées et participer au
débat.
PS : cela pose aussi la
question des forces de l’ordre présentent autour des manifestations et
de leurs provocations et interventions musclés envers des manifestants
qui ne sont là que pour protester contre des réformes mises en place en
faveur d’une minorité contre le plus grand nombre. Dans ce cas là, il ne
s’agit pas d’une police républicaine mais d’une police au service d’une
caste possédante qui dispose de fait d’une milice publique pour
défendre des intérêts particuliers et minoritaires.
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