Un nouveau rapport de l’ONU accuse Israël d’avoir établi « un régime
d’apartheid qui opprime et domine le peuple palestinien dans son
ensemble ».
La publication
intervient au milieu d’un nouveau débat sur la question de savoir si,
par sa politique de colonisation et son rejet de l’autodétermination
palestinienne, le gouvernement israélien crée – ou même a déjà créé – un
« État unique » de fait, que les critiques considère comme une forme
d’apartheid.
Soutenir la campagne BDS
Le rapport exhorte les gouvernements à « soutenir les activités de boycott, désinvestissement et sanctions [BDS] » et à « répondre positivement aux appels à de telles initiatives ».
Le rapport – Pratiques israéliennes envers le peuple palestinien et
la question de l’apartheid – a été commandé et publié par la Commission
économique et sociale des Nations Unies pour l’Asie occidentale (CESAO)
et publié à Beyrouth.
John Reynolds, professeur de droit à l’Université nationale d’Irlande,
Maynooth, a déclaré à Al-Jazeera que le rapport « ouvre de nouvelles
perspectives dans le contexte de l’analyse de la situation en Palestine
par l’ONU ».
L’envoyé de l’État sioniste aux Nations Unies, Danny Danon, a publié mercredi une déclaration condamnant le rapport.
« La tentative d’égratigner et calomnier la seule véritable
démocratie au Moyen-Orient en créant une fausse analogie, est méprisable
et constitue un mensonge flagrant », a-t-il éructé.
Le porte-parole de l’ONU, Stéphane Dujarric, interrogé sur le
rapport, a déclaré qu’il a été publié sans consultation préalable du
Secrétariat de l’ONU et que ses vues ne reflètent pas celles du
secrétaire général.
Le rapport a été rédigé par deux critiques des pratiques israéliennes : Virginia Tilley, professeur de sciences politiques à Southern Illinois University, et Richard Falk,
ancien rapporteur spécial de l’ONU sur la situation des droits de
l’homme dans les territoires palestiniens et professeur émérite de droit
international à l’Université de Princeton.
Le rapport affirme qu’Israël est « coupable de politiques et de pratiques qui constituent le crime d’apartheid » ,
et que « le consensus des experts est que l’interdiction de l’apartheid
est universellement applicable, et n’a pas disparu du fait de
l’effondrement de l’apartheid en Afrique du Sud ». [L’apartheid] est un
crime contre l’humanité en vertu du droit international coutumier et du
Statut de Rome de la Cour pénale internationale ».
Le rapport est une « analyse détaillée de la législation, des
politiques et des pratiques israéliennes » qui souligne comment Israël
« opère un régime d’apartheid », y compris par le biais de « la
politique volontariste démographique ».
Les citoyens palestiniens d’Israël sont décrits comme « soumis à
l’oppression sur la base de ne pas être juif », ajoute le rapport.
L’apartheid reste un crime contre l’humanité
De même, les Palestiniens de Jérusalem-Est
ressentent une « discrimination dans l’accès à l’éducation, aux soins
de santé, à l’emploi, à la résidence et aux droits de construction », et
sont soumis aux « expulsions et démolitions de maisons » .
Les Palestiniens de Cisjordanie et de la bande de Gaza sont régis par le « droit militaire » aux côtés des colons juifs « régis par le droit civil israélien », indique le rapport.
Les réfugiés et les exilés
palestiniens sont « interdits de retourner chez eux en Israël et dans
le territoire palestinien occupé », car ils constituent « une menace
démographique » et que leur retour « modifiera le caractère
démographique d’Israël ».
Le rapport recommande aux Nations Unies et à ses États membres de
soutenir la campagne BDS, et de « relancer le Comité spécial contre
l’apartheid et le Centre des Nations Unies contre l’apartheid (qui a
existé de 1976 à 1991) » qui aura pour mission de « produire un rapport
contraignant sur les pratiques israéliennes et les politiques relatives
au crime d’apartheid ».
Le rapport suggère également qu’un avis consultatif soit demandé à la Cour internationale de Justice « sur
la question de savoir si les moyens utilisés par Israël pour maintenir
son contrôle sur le peuple palestinien constituent le crime
d’apartheid ».
L’État sioniste est définitivement associé à la notion d’apartheid
David Keane, professeur agrégé de droit à l’Université de Middlesex, a
déclaré que le nouveau rapport diffère des précédents sur le sujet
parce qu’il « accole expressément l’étiquette d’apartheid ».
Le rapport pourrait contribuer à détériorer encore un peu plus les
mauvaises relations entre le gouvernement du premier ministre israélien
Benjamin Netanyahou et les Nations Unies.
« Pour les Palestiniens et leurs alliés, le rapport aidera à fournir
une base solide pour leurs initiatives », a déclaré à Al Jazeera Nadia Hijab, directrice exécutive d’al-Shabaka [le Réseau politique palestinien]faisant référence à la réputation et à la crédibilité des auteurs,
Hijab décrit le rapport comme « un document clair et concis » dont les
recommandations sont « opportunes et tout à fait nécessaires ».
* Ben White
est journaliste indépendant, écrivain et militant, spécialiste
Palestine/Israël. Il est diplômé de l’université de Cambridge. Il a
notamment écrit Être palestinien en Israël – Ségrégation, discrimination
et démocratie – Suivre sur Twitter : @benabyad
Source : Al-Jazeera – Traduction : Chronique de Palestine – Lotfallah
Photo : ActiveStills - Juillet 19 2013 - Deuxième vendredi du Ramadan en Palestine - Barrage militaire de Qalandiya -Chronique de Palestine
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