Témoins de la disparition des glaces, ils ont voulu attirer l’attention de la planète sur l’urgence climatique.
Le 22 avril, des scientifiques ont marché à travers le
Groenland. Comme des dizaines de milliers de leurs confrères aux
États-Unis et dans le monde pour défendre l’indépendance de leurs
travaux. Plus exactement, ils ont skié sur la côte ouest de l’île, sous
la conduite de Mike MacFerrin, un jeune chercheur glaciologue de
l’université du Colorado. Ils n’étaient qu’une vingtaine présents à
cette époque au Groenland pour défiler prés de la petite ville de
Kangerlussuaq, l’ancienne base militaire américaine redevenue une
discrète cité de 500 habitants.
Alors que beaucoup d’entre eux, notamment les Américains sont pressés de faire avancer leurs recherches, « ils sont venus, explique l’organisateur MacFerrin, parce
que ce qui se produit ici annonce tous les bouleversements dont le
monde entier sera le témoin au cours des prochaines décades. Et notre
marche, illustre parfaitement l’appel à une science qui doit être
respectée et écoutée par les responsables politiques pour mettre en
œuvre des décisions d’intérêt public ». L’année dernière, la ville
dans les environs de laquelle ils ont défilé, a connu des températures
de 7 degrés supérieures à la moyenne enregistrée depuis le début du
XXème siècle, et la neige a été rare.
3 600 milliards de tonnes de glace disparues
Tous ces chercheurs qui ont interrompu quelques heures leurs
auscultations des glaces et de la neige savent donc à quel point ce
qu’ils constatent est grave et annonciateur de bouleversements. Depuis
2002, explique par exemple Jason Box, un Danois travaillant sur l’île
depuis plusieurs années, « le Groenland a perdu 3 600 gigatonnes (3
600 milliards de tonnes) de glace. Cette fonte a contribué à l’élévation
du niveau des mers, comme tous les glaciers terrestres qui
disparaissent ; elle a aussi changé la température de l’Atlantique Nord
et a ralenti la circulation de ses eaux. C’est pour cette raison que
nous voulons inciter les gens à prendre soin de l’environnement. Voila
notre objectif, attirer l’attention sur la nature et expliquer que nous
ne devons pas la négliger ».Si ces quelques chercheurs ont consacré une courte journée pour se faire remarquer et pour expliquer, c’est parce qu’ils sont les témoins, les comptables scientifiques de la transformation de plus en plus rapide d’une île de plus de 2 millions de kilomètres carrés. Ils savent et expliquent par exemple, que les lacs qui sont en train de se former souterrainement, mais aussi sur la couche de glace vont contribuer à accélérer le phénomène de fonte. Et à bouleverser la planète. Et les ours blancs, qui s’aventurent de plus en plus nombreux sur leurs terrains de recherche pour tenter de trouver la nourriture qui manque sur les banquises, rappellent dangereusement aux chercheurs que l’effondrement climatique dont ils sont les témoins affectent tous les milieux naturels.
Pour toutes ces raisons ces scientifiques de l’extrême qui travaillent dans des conditions difficiles, craignent de plus en plus de ne pas être entendus ou écoutés à temps…
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