jeudi 27 avril 2017

Les scientifiques ont aussi marché au Groenland

Les scientifiques ont aussi marché au GroenlandClaude-Marie Vadrot  

Témoins de la disparition des glaces, ils ont voulu attirer l’attention de la planète sur l’urgence climatique.

Le 22 avril, des scientifiques ont marché à travers le Groenland. Comme des dizaines de milliers de leurs confrères aux États-Unis et dans le monde pour défendre l’indépendance de leurs travaux. Plus exactement, ils ont skié sur la côte ouest de l’île, sous la conduite de Mike MacFerrin, un jeune chercheur glaciologue de l’université du Colorado. Ils n’étaient qu’une vingtaine présents à cette époque au Groenland pour défiler prés de la petite ville de Kangerlussuaq, l’ancienne base militaire américaine redevenue une discrète cité de 500 habitants.
Alors que beaucoup d’entre eux, notamment les Américains sont pressés de faire avancer leurs recherches, « ils sont venus, explique l’organisateur MacFerrin, parce que ce qui se produit ici annonce tous les bouleversements dont le monde entier sera le témoin au cours des prochaines décades. Et notre marche, illustre parfaitement l’appel à une science qui doit être respectée et écoutée par les responsables politiques pour mettre en œuvre des décisions d’intérêt public ». L’année dernière, la ville dans les environs de laquelle ils ont défilé, a connu des températures de 7 degrés supérieures à la moyenne enregistrée depuis le début du XXème siècle, et la neige a été rare.

3 600 milliards de tonnes de glace disparues

Tous ces chercheurs qui ont interrompu quelques heures leurs auscultations des glaces et de la neige savent donc à quel point ce qu’ils constatent est grave et annonciateur de bouleversements. Depuis 2002, explique par exemple Jason Box, un Danois travaillant sur l’île depuis plusieurs années, « le Groenland a perdu 3 600 gigatonnes (3 600 milliards de tonnes) de glace. Cette fonte a contribué à l’élévation du niveau des mers, comme tous les glaciers terrestres qui disparaissent ; elle a aussi changé la température de l’Atlantique Nord et a ralenti la circulation de ses eaux. C’est pour cette raison que nous voulons inciter les gens à prendre soin de l’environnement. Voila notre objectif, attirer l’attention sur la nature et expliquer que nous ne devons pas la négliger ».
Si ces quelques chercheurs ont consacré une courte journée pour se faire remarquer et pour expliquer, c’est parce qu’ils sont les témoins, les comptables scientifiques de la transformation de plus en plus rapide d’une île de plus de 2 millions de kilomètres carrés. Ils savent et expliquent par exemple, que les lacs qui sont en train de se former souterrainement, mais aussi sur la couche de glace vont contribuer à accélérer le phénomène de fonte. Et à bouleverser la planète. Et les ours blancs, qui s’aventurent de plus en plus nombreux sur leurs terrains de recherche pour tenter de trouver la nourriture qui manque sur les banquises, rappellent dangereusement aux chercheurs que l’effondrement climatique dont ils sont les témoins affectent tous les milieux naturels.

Pour toutes ces raisons ces scientifiques de l’extrême qui travaillent dans des conditions difficiles, craignent de plus en plus de ne pas être entendus ou écoutés à temps…
  

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