Marine Le Pen a fait de la protection animale l’un de ses chevaux de
bataille pour la présidentielle. Mais au Parlement européen, explique
l’auteure de cette tribune, elle et les élus du FN ont refusé les avancées en faveur du bien-être animal.
En mai 2014, lorsque 24 élus
frontistes (soit un tiers des élus français) font leur entrée au
Parlement européen, ils affichaient leur attachement à « la sécurité sanitaire et alimentaire, le respect de l’environnement et au bien-être animal ».
Aujourd’hui encore, en pleine campagne présidentielle, Marine Le Pen
prend fait et cause pour le respect des animaux, notamment dans les
abattoirs français et dans les laboratoires d’expérimentation animale.
Pourtant, les eurodéputés frontistes, dont elle fait partie, s’opposent
systématiquement aux amendements contribuant au respect et au bien-être
de l’animal.
Dans la perspective de l’élection présidentielle, Marine Le Pen a réitéré les déclarations favorables au bien-être animal « et pas seulement celui de nos animaux de compagnie ».
Pourtant, en novembre 2015 lors du vote de la résolution pour une
nouvelle stratégie pour le bien-être animal pour 2016-2020, les élus
frontistes ont refusé de soutenir de multiples amendements comme
l’instauration d’un règlement européen et d’un financement du bien-être
animal ou encore une nouvelle politique alimentaire durable pour les
animaux. Le rejet de ces amendements a concouru à vider de sa substance
cette résolution qui, selon les Écologistes, n’a plus de caractère
contraignant pour les éleveurs.
Pascal Durand, eurodéputé d’Europe Écologie-Les Verts considère que cette résolution a été vidée de sa substance et a déclaré : « La
Commission ne porte aucune proposition législative sérieuse pour
harmoniser la protection et le bien-être animal en Europe. Les groupes
politiques qui composent la grande coalition au Parlement européen se
sont montrés indifférents aux citoyens et consommateurs qui s’indignent
de la maltraitance animale tant dans l’élevage industriel, que dans les
abattoirs et le transport. »
Dans une vidéo mise en ligne sur le site du Front national, Marine Le Pen déclare en mars 2017 : « Il
faut reconstituer le maillage territorial des abattoirs. Il faut éviter
aux animaux d’être transportés dans des conditions qui sont
terriblement éprouvantes et même parfois cruelles. »
Pourtant, ni elle ni aucun autre élu frontiste n’a voté en faveur de
l’amendement visant à introduire une durée maximale de 8 heures pour le
transport des animaux.
Le bien-être animal cède la place aux prérogatives de l’homme et à ses traditions
De façon identique, en mars 2017, seuls 2 élus frontistes ont voté pour une législation européenne visant à mettre fin à l’élevage intensif des lapins.
Enfin, le bien-être animal cède la place aux prérogatives de l’homme
et à ses traditions. Les eurodéputés frontistes ont rejeté en bloc la
proposition d’adhésion de l’UE à la convention Cites interdisant le commerce international d’espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction.
Des amendements interdisant à l’échelle de l’UE
la chasse à des fins récréatives et le commerce de ses produits ainsi
que l’utilisation d’animaux s’accompagnant de mauvais traitements et de
souffrances, telle que la corrida, n’ont pas reçu l’assentiment de ces
élus frontistes.
Alors qu’une très large majorité des Français soutient la cause
animale, que cela concerne les traditions ou l’élevage, au moins un
tiers de leurs représentants continuent de voter contre l’amélioration
des conditions de vie, et de mort, des animaux sur le territoire
européen.
Il est fort probable que Marine Le Pen, si elle est élue,
continuera à soutenir les lobbies au détriment du bien-être animal.
Flore de Clercq anime un blog sur les animaux. Elle publiera un livre consacré à la communication animale à l’automne 2017.
reporterre.net
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