À Riyad, devant les chefs d’État à majorité sunnite, dans un discours
annoncé, Trump a mis sur un pied d’égalité l’Iran et Daech…
Important ?
non, idiot et pitoyable : Trump est incapable de remettre en cause
l’accord sur le nucléaire iranien, comme il l’est de monter au
Moyen-Orient une opération militaire sérieuse. Ses discours sont juste
des mots pour bercer de bonheur ceux qui attendaient ces mots… et les
convaincre de signer 380 milliards de commandes aux US. Sur le fond,
rien ne changera.
Obama
ne s’était résolu au grand recul US que parce qu’il y était obligé,
parce que l’uniforme US est devenu un repoussoir absolu dans cette
grande région. Dans les populations arabes - bien différentes de leurs
dirigeants - les horreurs s’appellent la Palestine, l’Afghanistan,
l’Irak, la Libye, le Yémen : chaque fois les États-Unis - au nom de la
démocratie - ont agi en toute impunité pour déstabiliser ces États,
ouvrir la porte aux massacres, briser les familles, et ruiner les
économies. La Russie, qui en Syrie a mis fin cette gangrène, ne
permettant d’évolution qu’au sein des États, par le jeu politique,
engrange chaque jour des soutiens. Regardez l’Égypte qui devient alliée
de la Russie. Ça vous plait ou ça ne vous plait pas, mais c’est comme
ça.
Trump ? Il s’était déjà ridiculisé par sa frappe du 7 avril 2017, avec des tomawaks en solde, sur la base aérienne de Shayrat, qui avait été avertie et était désertée.
Aujourd’hui, ce xénophobe patenté, poursuivi par un procureur spécial,
passe le grade de grand guignol en chef avec ses discours de Ryad et
Jérusalem, qui ne sont que du spectacle. Vraiment, compter sur le
soutien de Trump pour conduire sa politique, il n’y a plus que le roi
Salmane… et Abbas pour gober une telle illusion.
Entretien avec Talal Atrissi
À lire ci-dessous l’entretien de Talal Atrissi, sociologue libanais, avec Suzanne Baaklini, publié dans L’Orient - Le Jour.
À
quoi attribuez-vous cette véhémence contre l'Iran et le Hezbollah dans
un sommet principalement axé sur la lutte contre le terrorisme ?
À mon avis, cette véhémence dans les propos répond à une demande saoudienne. Ce qui intéresse le président américain (NDLR : étasunien),
ce sont les contrats qu'il a signés pour des centaines de millions de
dollars, sans compter qu'il n'a personnellement pas de problème à tenir
ce langage à l'encontre de l'Iran. Mais pour ma part, c'est une phrase
qui a retenu mon attention : en substance, Donald Trump a fait
comprendre aux Saoudiens qu'il les soutient dans leurs combats, mais
qu'il ne va pas les mener pour eux. En d'autres termes, les Américains
ne vont pas envoyer leurs soldats combattre les Iraniens.
En
fait, c'est comme si le président américain a donné aux Saoudiens ce
qu'ils attendaient de lui. Pour ces derniers, le principal apport de
cette visite est d'inverser la tendance qui avait prévalu lors du mandat
de Barack Obama, et qui était de créer un équilibre entre l'Arabie
saoudite et l'Iran par le biais de l'accord nucléaire. Même Donald Trump
avait critiqué les Saoudiens avant son élection. Mais actuellement, ce
qui l'intéresse, ce sont les contrats qui lui permettront de
reconstruire l'infrastructure dans son pays. D'ailleurs, on peut
constater que malgré les déclarations incendiaires, il n'a rien affirmé
de spécifique, comme demander un changement de régime en Syrie par
exemple.
Et
pour ce qui est du Centre de lutte contre le financement du terrorisme,
je me demande quel est son objectif. Rappelons qu'il existe déjà une
alliance internationale contre le terrorisme et l'Arabie saoudite
elle-même avait créé une institution ayant un rôle similaire. Quel
besoin donc d'un nouveau centre ? À mon avis, il n'aura pas de réelle
efficacité.
Durant
le sommet, il a été question d'assécher les sources de financement du
terrorisme. Si on joint cette déclaration aux attaques dirigées contre
l'Iran et le Hezbollah, peut-on penser que de nouvelles sanctions sont
envisagées contre l'Iran ?
De
nouvelles sanctions contre l'Iran sont parfaitement possibles et il
n'est pas étonnant que l'administration américaine actuelle les
envisage. Mais il est désormais clair que Donald Trump ne peut pas
annuler l'accord sur le nucléaire, bien qu'il puisse le freiner. On en
voit souvent des signes, comme l'hésitation de compagnies européennes à
collaborer avec l'Iran en vertu de cet accord, par exemple.
Pour
ce qui est d'éventuelles sanctions contre le Hezbollah, je ne crois pas
qu'elles s'avéreront très efficaces. À titre d'exemple, le président du
conseil exécutif du Hezbollah Hachem Safieddine a été placé sur la
liste des personnalités terroristes aux États-Unis, mais l'impact sur
lui sera très limité en réalité.
Une réaction iranienne qui aurait des répercussions sur la stabilité du Liban est-elle à craindre?
Je
ne crois pas du tout que le problème se pose en ces termes. Des
événements régionaux plus graves n'ont pas mis la stabilité du Liban en
danger. D'ailleurs ni l'Iran ni le Hezbollah n'ont un quelconque intérêt
à voir ce pays se déstabiliser.
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