Vous savez combien les chantiers italiens Fincantieri mettent pour
acheter les 66,6 % des parts de l’État français dans l’affaire des
Chantiers navals de Saint-Nazaire ? 79,5 millions d’euros ! Oui, vous
avez bien lu : moins de 80 millions d’euros, pour mettre la main sur
l’un des derniers fleurons de l’industrie française. Cinq fois moins que
ce qu'on a donné à Tapie…
Une entreprise unique en Europe, la seule possédant des cales
suffisantes pour construire les plus grands paquebots. Un savoir-faire
là aussi unique puisque même les Anglais – pourtant experts en matière
navale – sont obligés de venir à Saint-Nazaire faire construire leur
Queen-Mary II. Et un carnet de commandes plein pour dix ans et valant
plusieurs milliards !
Et l’État français, propriétaire de 66,6 % braderait ce bijou de
famille pour une poignée de figues à l’État italien (parce que
Fincantieri est lui aussi une entreprise possédée à 72 % par l’État
italien) ?
Il n’y a pas en France des industriels – ne serait-ce que parmi les
très nombreuses entreprises sous-traitantes, dont la survie n’est pas
assurée en cas de bradage des Chantiers - capables de mettre quelques
dizaines de millions d’euros ? Non mais on rêve, ou plutôt on
cauchemarde !
Cette possibilité existe puisque une dizaine d’entreprises de l’Ouest
de la France seraient prêtes à entrer, pour une part minoritaire, au
capital du chantier naval de Saint-Nazaire. Avec en tête le groupe Idea,
spécialiste de la (chaîne d’approvisionnement), qui travaille
étroitement avec STX France depuis de longues années. Et l'actionnariat
des personnels de l'entreprise, on y a pensé ?
Même les 50 % proposés au chantier concurrent sont un scandale. Parce
que cela donnera bien trop de pouvoir à Fincanieri. Il aura non
seulement accès au savoir-faire des chantiers de Saint-Nazaire, bien
plus pointu que les siens, mais il aura la haute main sur le carnet de
commandes. Avec toute liberté pour en transférer une partie sur ses
propres chantiers si le marché des grands paquebots de croisière se
raréfie, ce qui risque d’arriver. De même il aura la possibilité de
reporter sur les entreprises sous-traitantes de ses propres chantiers
l’activité qui fait vivre des dizaines d’entreprises et des milliers de
travailleurs en France, et ceci par le recours massif de la
sous-traitance de pays à bas coût. Sans oublier les doublons dans les
deux entreprises. Et toutes les belles promesses n’y feront rien. De
plus, Fincantieri est associé avec des chantiers chinois pour construire
des paquebots en Chine… Pas besoin de commentaires !
Puis il y a autre chose : les chantiers navals de l’Atlantique sont
les seuls à pouvoir construire les coques des navires de guerre
français. Les seuls capables de construire un successeur au porte-avions
Charles-de-Gaulle. Leur ancrage en France, avec un actionnariat
français au sein duquel l’État doit avoir une part prépondérante, est
une nécessité stratégique.
Il est temps de cesser de brader les plus beaux fleurons de notre
industrie à des intérêts étrangers, sous prétexte de respect de la
sacro-sainte « économie de marché ». On a ainsi largué Alstom aux
Etatsuniens. une partie de PSA (Peugeot-Citroen) aux Chinois. Et qui se
souvient de Péchiney, énorme entreprise, entre autres activités, numéro
Un de production d’aluminium, largué à des Canadiens et qui n’existe
tout simplement plus… Et Lafarge, vendu aux Suisses ! Et le Club Med aux
Chinois, comme l’aéroport de Toulouse, celui de Nice bradé a des
financiers italiens en attendant Roissy et Orly sur la liste… Et les
fondamentalistes du Qatar qui rachètent nos plus beaux hôtels et
prennent des parts souvent majoritaires dans les entreprises du CAC 40,
dont deux sur cinq sont sous contrôle étranger…
Peut-on compter sur Macron, ex banquier d'affaires pour avoir le
courage d'arrêter ce dépeçage ? Sa décision de résister aux prétentions
de Fincantieri (donc à l’État italien) donne quelques espoirs.
Ouate Inde scie...
agoravox.fr
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