mardi 1 août 2017

Chantiers navals de l’Atlantique : HALTE à la braderie !

Victor Ayoli         

Vous savez combien les chantiers italiens Fincantieri mettent pour acheter les 66,6 % des parts de l’État français dans l’affaire des Chantiers navals de Saint-Nazaire ? 79,5 millions d’euros ! Oui, vous avez bien lu : moins de 80 millions d’euros, pour mettre la main sur l’un des derniers fleurons de l’industrie française. Cinq fois moins que ce qu'on a donné à Tapie…

Une entreprise unique en Europe, la seule possédant des cales suffisantes pour construire les plus grands paquebots. Un savoir-faire là aussi unique puisque même les Anglais – pourtant experts en matière navale – sont obligés de venir à Saint-Nazaire faire construire leur Queen-Mary II. Et un carnet de commandes plein pour dix ans et valant plusieurs milliards !
Et l’État français, propriétaire de 66,6 % braderait ce bijou de famille pour une poignée de figues à l’État italien (parce que Fincantieri est lui aussi une entreprise possédée à 72 % par l’État italien) ?
Il n’y a pas en France des industriels – ne serait-ce que parmi les très nombreuses entreprises sous-traitantes, dont la survie n’est pas assurée en cas de bradage des Chantiers - capables de mettre quelques dizaines de millions d’euros ? Non mais on rêve, ou plutôt on cauchemarde !
Cette possibilité existe puisque une dizaine d’entreprises de l’Ouest de la France seraient prêtes à entrer, pour une part minoritaire, au capital du chantier naval de Saint-Nazaire. Avec en tête le groupe Idea, spécialiste de la (chaîne d’approvisionnement), qui travaille étroitement avec STX France depuis de longues années. Et l'actionnariat des personnels de l'entreprise, on y a pensé ?
Même les 50 % proposés au chantier concurrent sont un scandale. Parce que cela donnera bien trop de pouvoir à Fincanieri. Il aura non seulement accès au savoir-faire des chantiers de Saint-Nazaire, bien plus pointu que les siens, mais il aura la haute main sur le carnet de commandes. Avec toute liberté pour en transférer une partie sur ses propres chantiers si le marché des grands paquebots de croisière se raréfie, ce qui risque d’arriver. De même il aura la possibilité de reporter sur les entreprises sous-traitantes de ses propres chantiers l’activité qui fait vivre des dizaines d’entreprises et des milliers de travailleurs en France, et ceci par le recours massif de la sous-traitance de pays à bas coût. Sans oublier les doublons dans les deux entreprises. Et toutes les belles promesses n’y feront rien. De plus, Fincantieri est associé avec des chantiers chinois pour construire des paquebots en Chine… Pas besoin de commentaires !
Puis il y a autre chose : les chantiers navals de l’Atlantique sont les seuls à pouvoir construire les coques des navires de guerre français. Les seuls capables de construire un successeur au porte-avions Charles-de-Gaulle. Leur ancrage en France, avec un actionnariat français au sein duquel l’État doit avoir une part prépondérante, est une nécessité stratégique.
Il est temps de cesser de brader les plus beaux fleurons de notre industrie à des intérêts étrangers, sous prétexte de respect de la sacro-sainte « économie de marché ». On a ainsi largué Alstom aux Etatsuniens. une partie de PSA (Peugeot-Citroen) aux Chinois. Et qui se souvient de Péchiney, énorme entreprise, entre autres activités, numéro Un de production d’aluminium, largué à des Canadiens et qui n’existe tout simplement plus… Et Lafarge, vendu aux Suisses ! Et le Club Med aux Chinois, comme l’aéroport de Toulouse, celui de Nice bradé a des financiers italiens en attendant Roissy et Orly sur la liste… Et les fondamentalistes du Qatar qui rachètent nos plus beaux hôtels et prennent des parts souvent majoritaires dans les entreprises du CAC 40, dont deux sur cinq sont sous contrôle étranger…

Peut-on compter sur Macron, ex banquier d'affaires pour avoir le courage d'arrêter ce dépeçage ? Sa décision de résister aux prétentions de Fincantieri (donc à l’État italien) donne quelques espoirs.
Ouate Inde scie...

agoravox.fr

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