Henri Carmona
Dix personnes ont été arrêtées ce dimanche, elles projetaient des
attentats contre des personnes de confession musulmane. Cette opération
vient mettre en lumière la montée de l’extrême-droite radicale, sur fond
de politiques xénophobes et impérialistes.
Le coup de filet a eu lieu dans la nuit de samedi et dimanche. Dans
plusieurs endroits en France, dix suspects ont été arrêtés. Ils
gravitaient autour du groupe clandestin Action des Forces
Opérationnelles (AFO), scission encore plus radicale du groupe
Volontaires pour la France (VPF), qui appelle à « combattre l’islamisation du pays »
et revendique 800 adhérents. Selon les premières informations, des
armes auraient été saisies aux domiciles des suspects, et ceux-ci
prévoyaient de se fournir en armes à feu et explosifs. Un laboratoire de
fabrication d’explosifs a notamment été découvert au domicile d’un des
suspects. Les terroristes prévoyaient de passer à l’acte et avaient
établi une liste de personnes de confessions musulmanes : des imams
« radicaux », des détenus sortis de prison en lien avec la mouvance
djihadiste ou encore des femmes voilées choisies au hasard dans la rue.
Cette affaire vient mettre un coup de projecteur sur la montée
préoccupante de l’extrême-droite radicale depuis plusieurs années. Ces
groupes, galvanisés par la montée en puissance des idées réactionnaires,
n’hésitent désormais plus à passer l’action directe, comme lors des
blocages d’universités du printemps dernier où de nombreuses attaques de
militants d’extrême droite ont été répertoriées, disposant d’un certain
laisser faire de la part de la police et de la justice. Selon Médiapart, la multiplication de ces groupes fait l’objet d’une vigilance accrue des services de renseignement depuis plusieurs mois.
Les médias dominants présentent la montée en puissance de cette
extrême-droite radicale comme une réponse à la multiplication des
attentats djihadistes sur le territoire français. Mais ils omettent de
dire que c’est surtout le renforcement de politiques et de discours
toujours plus xénophobes, islamophobes et impérialistes qui constituent
le terrain de la croissance de ces groupes radicaux. La thématique de la
guerre civile contre l’islam qu’ils font leur a été introduite dans la
sphère audiovisuelle par des polémistes bienvenue sur l’ensemble des
plateaux médiatiques, à l’image par exemple de Zemmour et sa théorie du
« grand remplacement ». Dans le même temps, l’association entre le
terrorisme et les migrations est devenue un lieu commun des politiques
dominants et justifient les politiques toujours plus répressives contre
les migrants, à l’image de la loi Asile et Immigration adoptée récemment.
D’autre part, le recrutement des membres de ces milices
d’extrême-droite en dit long sur l’école de pensée qui les a formés. Ils
sont dans une large mesure issus de l’armée, des forces de répression
ou des pouvoirs concentrés de l’Etat. Dans la cellule qui vient d’être
démantelé, on retrouve un ancien policier ainsi qu’un haut
fonctionnaire. Cette provenance des combattants est rapportée par une
membre de l’administration de l’état français, [présentée par Médiapart
comme une « ponte de la lutte antiterroriste »- https://www.mediapart.fr/journal/france/240618/coup-de-filet-au-sein-d-une-cellule-clandestine-de-l-ultra-droite] : « L’ultra-droite
se structure de façon assez inquiétante. Et c’est vrai que l’on
retrouve beaucoup de militaires ou d’anciens militaires. ».
Un lien qui n’a rien du hasard : ces terroristes d’extrême droite ont
été confrontés aux déboires de l’impérialisme français dans un contexte
d’une instabilité géopolitique croissante au niveau mondial. Beaucoup
d’entre eux reviennent des zones de guerre d’Irak ou d’Afghanistan.
Cette radicalisation exprime la volonté d’une frange, certes minoritaire
mais en croissance, de passer à des moyens extra-légaux pour répondre
aux difficultés de l’impérialisme français, sur le territoire extérieur
mais aussi national.
Le groupe interpellé ce dimanche rappelle, bien qu’à une échelle
inférieure, l’exemple de l’Organisation Armée Secrète (OAS),
organisation politico-militaire clandestine créée à l’occasion de la
guerre d’Algérie. Après avoir causé la mort de plusieurs milliers de
personnes (entre 2 et 12.000 selon les estimations), en majorité des
civils, les dirigeants de l’OAS, issus dans une grande mesure de
l’administration militaire, ont été graciés à la fin des années 1960 et
réintégrés à l’appareil de l’Etat, après avoir notamment participé à la
répression de Mai 68.
Si le niveau d’organisation de l’AFO n’a rien de
comparable, c’est néanmoins à ce type de scénario que doivent se
préparer ceux qui s’opposent aux méfaits impérialistes de la France, et
plus en général à la politique de Macron.
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