Corinne Morel Darleux
Je suis intervenue à la Région sur la stratégie environnement énergie, une délibération que nous attendions avec impatience.
Et, une fois n'est pas coutume, je dois dire que nous avons vu avec
soulagement se dessiner l’horizon d’une région à énergie positive en
2050, avec de l’économie circulaire, la restauration de la biodiversité
et de la qualité de l’air. En effet, l’ère de l’énergie abondante et bon
marché est terminée. Exploiter la nature est devenu suicidaire. Nous
sommes en train de détruire l’air que nous respirons, les sols qui nous
nourrissent, la nature dont nous faisons partie. Cette brutale
dégradation a été niée trop longtemps hélas. Il est désormais trop tard
pour éviter l'impact. Je ne suis pas catastrophiste en disant cela, mais
simplement lucide : la catastrophe est là. Elle se lit d’ailleurs en
creux dans les actions de la Région : neige artificielle, aide aux
apiculteurs, plans d’urgence sécheresse et intempéries... Dans les
Alpes, la température a augmenté de 2°C depuis le siècle dernier. L’eau
se fait de plus en plus rare. Les saisons s’affolent. La sécheresse
s’invite en hiver. C’est de cette réalité du climat dont nous parlons,
bien loin d’une lubie de « bobo » des villes.
Aussi, la stratégie de la Région, avec ce texte, vise juste en
proposant une politique d’adaptation aux changements climatiques, en
plus des mesures d’atténuation qui restent douloureusement nécessaires.
Mais si les enjeux sont sérieux, il faut être sérieux jusqu’au bout :
200 millions d’euros sur 3 ans, c’est 1,8 % du budget régional… 1,8 % !
Comment peut-on égrainer si justement les priorités et l’urgence, pour
ensuite y consacrer si peu d’argent ? Le bât blesse aussi sur les
certificats d’économies d’énergie par exemple, qui relèvent d’une vision
financière de l’environnement qui a prouvé son inefficacité avec les
droits à polluer par exemple. Enfin, Monsieur Wauquiez nous avait
exhorté l’an dernier à prendre exemple sur Nicolas Hulot : nous l'avons
exhorté aujourd’hui à ne pas l’imiter ! À ne pas dire nature d’une main
en faisant béton de l’autre. À s'efforcer de donner une vision
cohérente, systémique à notre Région :
- Peut-on financer de nouvelles autoroutes tout en affichant l’ambition d’une région « décarbonée » ?
- Est-il sage de développer les enneigeurs pour skier, quand la ressource en eau se fait rare pour les habitants et les éleveurs toute l’année ?
- Se donne-t-on réellement les moyens d’une région à énergie positive, sans éolien ni géothermie ?
- Peut-on faire un plan « pollinisateurs » en passant sous silence l’impact des pesticides ?
Apparemment, selon la majorité de Laurent Wauquiez, oui. Il en va
pourtant des conditions de vie dans notre région faite de vallées, de
montagnes, de champs et de rivières, dont le tourisme repose sur des
paysages préservés, dont l’agriculture dépend de la qualité des sols, et
dont les habitants ont tout simplement besoin de respirer...
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