dimanche 28 avril 2024

« Préférence européenne », bouclier anti-missile : Macron précise son projet militariste pour l’Europe

Tristane Chalaise

Lors de son discours à la Sorbonne, Macron a précisé son projet pour renforcer « l’autonomie stratégique de l’Europe ». Fragilisé à l’approche des européennes, le président cherche à se donner une crédibilité en tant que chef de guerre.

Lors de son discours à La Sorbonne, brutalement vidée de ses étudiant-e-s pour l’occasion, Emmanuel Macron a précisé son projet pour l’Europe, à un mois des élections européennes. Après ses sorties sur l’envoi de troupes en Ukraine, le président, qui continue à se rêver en chef militaire de l’Europe, tente de se redonner une crédibilité en insistant sur la nécessité de renforcer « l’autonomie stratégique » du continent, à travers l’augmentation des « capacités de défense » et le développement d’un matériel militaire 100 % « made in Europe ».

Bouclier antimissile, « force de réaction européenne » et doublement du budget militaire de l’UE : Macron sort l’artillerie lourde

Les perspectives du président de la République pour l’Europe ont le mérite d’être claires : c’est « la puissance d’abord. » Pour construire cette « Europe puissance » voulue par Macron, il s’agit avant tout de renforcer les capacités de défense du continent pour « être crédibles, dissuader, être présents et continuer l’effort. » L’objectif affiché par le président : renforcer le « poids » militaire et géopolitique de l’Europe face aux Etats-Unis, à la Chine et à la Russie, dans un contexte où la guerre en Ukraine a fait ressortir les « faiblesses » structurelles du continent.

Parmi les propositions, la mise en place d’un « bouclier antimissile européen », le renforcement de la défense dans les domaines de la « cybersécurité » et de la « cyberdéfense », la création d’une « académie militaire européenne » et d’une « force de réaction rapide » de 5 000 militaires d’ici 2025. Dans un contexte d’austérité budgétaire à l’échelle du continent, Macron appelle par ailleurs à investir massivement dans l’industrie militaire, en trouvant les fonds pour « doubler » rapidement le budget de l’UE : « c’est entre 650 et 1 000 milliards d’euros de plus par an […] nous devons faire ces investissements massifs ».

Après avoir fragilisé son image de « chef de guerre » suite à ses sorties sur l’envoi de troupes françaises en Ukraine, Macron tente, par ce discours, de se redonner une crédibilité. Si le président dit « assume[r] d’avoir réintroduit une ambigüité stratégique » en déclarant ne pas « exclure » l’envoi de troupes au sol, il avait été désavoué par la quasi-totalité des gouvernements européens, mais aussi par la Maison Blanche et le président ukrainien lui-même.

Réaffirmer la position de la France face à la concurrence de l’Allemagne

Alors que l’Allemagne s’est affirmée, depuis le début de la guerre en Ukraine, comme un acteur central du tournant militariste à l’échelle du continent européen, le discours de Macron sonne à la fois comme une tentative d’imposer une orientation alternative à celle du voisin européen, et comme un appel du pied au gouvernement Scholz.

Macron n’est en effet pas le premier à évoquer le développement d’un bouclier antimissile en Europe. En 2022, le ministère allemand de la Défense signait un accord avec les Etats-Unis et Israël pour le développement du projet European Sky Shield Initiative (ESSI), qui vise à équiper l’Allemagne du système antimissile Arrow 3, le fameux « Dôme de fer » israélien. Un projet auquel se sont depuis ralliés 19 états européens, et critiqué par le président de la République.

En juin dernier, Macron déclarait en effet que le projet de bouclier antimissile européen porté par l’Allemagne « prépar[ait] les problèmes de demain. » En cause, le choix de l’Allemagne de s’associer à des « tiers non-européens », « moins maniables » et créant « trop de dépendance ». Il s’agissait surtout d’un coup dur pour l’industrie de la défense française, le gouvernement allemand n’ayant pas souhaité intégrer le système de défense sol-air développé par Thalès et MBDA à son projet de bouclier antimissile.

La « préférence européenne » face à la crainte d’un désinvestissement américain

Emmanuel Macron appelle ainsi à « déroger à la libre concurrence » en instaurant la « préférence européenne » dans les secteurs stratégiques de la défense et du spatial, dans l’objectif de renforcer la place des industriels de l’armement européens, mais aussi face à la crainte d’un désinvestissement des Etats-Unis dans le cadre de la guerre en Ukraine.

En effet, selon une étude de l’Institut des relations internationales et stratégiques (IRIS), « 78% des 100 milliards de commandes d’équipements passées par des États membres de l’Union européenne depuis février 2022 ont été conclues auprès de pays tiers à l’UE » et « 63% au bénéfice des seuls États-Unis ». Alors que les Etats-Unis sont aujourd’hui le principal fournisseur d’armes de l’Europe et le principal soutien à l’Ukraine dans le cadre de la guerre en cours, les futures élections font planer la menace d’un désinvestissement, notamment en cas de victoire de Donald Trump. Jeudi dernier, l’ex-président appelait l’Europe à « se bouger » et menaçait une nouvelle fois « d’arrêter de donner de l’argent. »

Le Président de la République entend ainsi renforcer la coopération entre États européens. En février dernier, France, Allemagne et Pologne annonçaient relancer le « triangle de Weimar » face à la menace Russe et au risque d’une réélection de Trump, afin de « faire de l’Europe une puissance de sécurité et de défense dotée d’une plus grande capacité à soutenir l’Ukraine. » Dans le même sens, plusieurs projets de coopération militaire se sont renforcés ces derniers mois. Dernier en date, le projet de « chars du futur » signé par les ministres français et allemand de la Défense, qui vise à remplacer à partir de 2035 les chars Leclerc français et Léopard 2 allemands, et à concurrencer les chars russes et américains.

À un mois des élections européennes, Macron espère rassembler ses troupes en capitalisant sur la guerre : refusons le militarisme et l’escalade guerrière !

En se donnant pour objectif de construire une « Europe puissante » et de faire de la France « l’armée la plus efficace du continent », Macron espère capitaliser sur l’escalade guerrière pour remobiliser ses électeurs à un mois des européennes, en se donnant l’image d’un rempart contre les menaces qui pèsent sur le continent.

Alors même que les réarmements massifs n’ont jamais débouché que sur l’escalade des conflits, nous devons dénoncer le militarisme croissant qui ne sert que les intérêts des industriels de l’armement et des marchands de mort, et les intérêts économiques des Etats au service de leurs grands patronat respectifs.

De même, à l’heure où la crise économique nous plonge toujours plus dans la précarité, et, qu’en Europe et aux Etats-Unis, les budgets militaires explosent, nous devons dénoncer les milliards d’euros qui sont versés dans les poches des industriels de l’armement, et qui n’auront pour résultats que des milliers de morts supplémentaires.

Enfin, dans un contexte où l’extrême-droite se renforce partout en Europe, nous devons dénoncer des discours qui ne font que renforcer une « Europe forteresse », nationaliste et guerrière.

Révolution Permanente

Deffontaines et C-News

Antoine Manessis

Deffontaines "souille et piétine le combat palestinien à des fins électorales"

Hier nous nous désolions du positionnement de la faction antédiluvienne du PCF, le Réseau Faire Vivre le PCF, sur la Palestine et la France Insoumise.

Hélas aujourd'hui nous prenons connaissance des propos tenus par Léon Deffontaines, tête de liste du PCF aux élections européennes sur Franceinfo ce matin 25 avril. Ils sont accablants et inadmissibles. Vous pouvez en prendre connaissance ici :

https://www.youtube.com/watch?v=tPbtUqCleUU

C'est le reprise à peine nuancé du discours des droites qui vise à criminaliser la FI

Cette rupture et cette agression à l'égard des Insoumis, nommément de Rima Hassan et Danièle Obono, est non seulement une faute politique, c'est aussi une rupture avec une histoire, celle du communisme en France, celle de la solidarité avec les luttes de libération. Et une faute morale car la solidarité avec des camarades, quelles que soient les différences et/ou les divergences, est une obligation politico-éthique quand l'adversaire de classe concentre ses coups contre eux.

Faute politique car, nul n'est dupe, le discours du PCF n'est inspiré par aucun principe ni analyse politique. Mais seulement de considérations électorales tactiques. Il s'agit, pour la direction du PCF, de surfer sur la criminalisation de la FI pour apparaître comme une gauche présentable et ramasser les miettes supposées d'une FI pulvérisée par les coups tous azimuts des différentes fractions de la bourgeoisie, parfaitement unie dans cette opération.

Non seulement la perspective qu'offre le PCF est absolument erronée mais elle est d'une stupidité intergalactique. Il est évident que les seuls qui profitent de ce basculement total du PCF dans la manœuvre de grande envergure visant à éliminer la gauche en France, comme elle l'est dans de très nombreux pays, ce sont les néo-fascistes et eux seuls. Les autres seront les dindons de la farce.

Deffontaines et sa clique ne gagneront pas un seul point en ralliant le "narratif" de C-News. Au contraire, les militants, encore au PC ou autour de lui et ayant conservé un minimum de lucidité, vont se détourner de ce parti qui renie son histoire d'une façon aussi grossière.

Un mot sur la forme proprement stupéfiante : entendre un jeune homme de 27 ans parler comme un vieil apparatchik, dépourvu de toute sincérité, de toute authenticité, de toute vitalité, triste perroquet de la voix d'un roussellisme frappé déjà de rigor mortis, la rigidité cadavérique, est un spectacle lamentable et pathétique. Cette évolution chaque jour plus indigne du PCF est problématique pout toute la gauche.

La gauche ne peut résister et, plus encore, vaincre que si elle est rassemblée, unie. Elle ne peut l'être qu'autour d'un projet qui porte une véritable alternative ce qui veut dire un projet qui s'inscrit dans un processus révolutionnaire, la rupture avec le capitalisme en perspective. Aménager les pires effets du capitalisme, les réformes, et faire la révolution n'est envisageable que sur la base d'un rapport des forces et d'une dynamique politico-sociale révolutionnaire limitant puis éliminant dans une "guerre de positions" la propriété capitaliste. Mais toujours avec l'appui majoritaire des masses, des classes populaires, de la petite-bourgeoisie, du peuple. La majorité sociologique doit devenir la majorité politique active et consciente.

Nous célébrons ce jour les 50 ans du 25 avril 1974, de la révolution portugaise qui a renversé le fascisme, obtenu la réforme agraire et d'importantes conquêtes sociales et démocratiques, mais qui n'est pas parvenu à l'objectif qui était celui de la gauche révolutionnaire, du PCP, de l'Intersyndicale et de la fraction la plus à gauche du MFA, à savoir le socialisme.

Ce qui précède en est une leçon.

Antoine Manessis

Furie de diva : la Callas

Bernard Gensane

Chicago, 17 novembre 1955. La Callas vient de donner une représentation triomphale à l'opéra de Chicago.

 

Mais la justice zunienne est la justice zunienne, n'est-ce pas ? 

 

À la fin du récital, deux policiers font irruption dans la loge de l'artiste l'accusant d'avoir rompu un contrat. "Jamais je ne serai poursuivie en justice", dit La Callas. "Personne ne peut me poursuivre, j'ai la voix d'un ange !", avant de décocher ce rictus haineux.

 

Je me souviens parfaitement de ce coup d'éclat dont le monde entier avait eu l'écho. D'autant que, quelques semaines auparavant, mes parents m'avaient emmené à une représentation de Lakmé avec Mado Robin. Je n'étais pas très chaud, mais mon père m'avait dit qu'il fallait avoir entendu l'air des clochettes au moins une fois dans sa vie.

 

Mado Robin était l'antithèse de la Callas : une femme douce, discrète, pas du tout dans le buzz. Sa voix pouvait atteindre le double contre-ut. Elle mourut d'un cancer à 42 ans.

Bernard Gensane

Les Palestinien-nes saluent la vague sans précédent de campements de protestation et de désinvestissement sur les campus américains

BDS France

La Campagne palestinienne pour le boycott académique et culturel d’Israël (PACBI) est profondément inspirée par la vague sans précédent de campements de protestation qui surgissent sur les campus à travers les États-Unis contre le #GazaGenocide d’Israël et la complicité des universités.

La détermination désintéressée des étudiant-es qui cherchent à débarrasser leurs campus des liens avec le régime israélien d’apartheid et de génocide contre des millions de Palestinien-nes, face à la répression honteuse des administrations universitaires et de la police, nous donne de l’espoir.

Les membres du corps enseignant et les ancien-nes étudiant-es qui soutiennent les protestations des étudiant-es, notamment par le biais de boycotts, de grèves des donateurs, de démissions et de débrayages à l’université de Columbia, nous donnent de l’espoir.

Les étudiant-es et les membres de la faculté connaissent bien le rôle clé que jouent les États-Unis en apportant un soutien matériel et politique au #GazaGenocide d’Israël et à son régime sous-jacent d’apartheid colonial vieux de 76 ans. Ils ont fait des recherches et documenté la complicité de leurs propres universités et disent maintenant : « Nous ne nous arrêterons pas, nous ne nous reposerons pas. Divulguez. Désinvestissez. »

Cette vague historique actuelle s’appuie sur les mobilisations, les motions de boycott et de désinvestissement universitaires, les campements, les occupations, les débrayages et les séances d’enseignement organisés par les étudiant-es et les professeur-es aux États-Unis et dans le monde entier au cours des derniers mois.

C’est précisément le type de perturbation pacifique du statu-quo commercial habituel qui est nécessaire pour aider à arrêter le #GazaGenocide d’Israël et à désinvestir et sanctionner l’apartheid israélien.

Nous ne doutons pas que les mobilisations des étudiant-es et des enseignant-es et les appels à mettre fin à tous les liens avec le régime israélien d’occupation militaire, d’apartheid et de génocide ne feront que s’amplifier. Nous sommes honoré-es de vous avoir à nos côtés dans notre lutte pour la liberté, la justice et l’égalité.

BDS France

La retraite à 80 ans ?

fedetlib

Citation de René Char

L'essentiel est sans cesse menacé par l'insignifiant. 

samedi 27 avril 2024

"Le communisme, voilà l'ennemi" 1927. "L'Insoumission voilà l'ennemi !" 2024

Antoine Manessis

La fraction (Réseau Faire Vivre le PCF) marchaisienne-brejnévienne du PCF, essentiellement implantée à Vénissieux, vient de franchir un pas vers la collusion objective avec les droites et le social-néolibéralisme. 

La détestation qui anime ces camarades à l'égard de la France Insoumise est proprement consternante. Elle aveugle ces militant-e-s et les amène à des dérives qui ne peuvent qu'accabler et consterner tout-e militant-e ayant un doigt de bon sens et de conscience politique.

En soi les dégâts occasionnés par cette faction n'a pas de conséquence de masse. Mais elle révèle une telle dégénérescence de ce que fut le PCF qu'on ne peut que ressentir une grande tristesse. 

Certes, des communistes, encore membres du PCF, comme Elsa Faucillon et d'autres, unitaires et ouverts, nous évitent d'amalgamer l'ensemble des militantes et militants de ce parti à ses tendances les plus navrantes, dirons-nous par euphémisme. Et on comprend que la députée communiste déclare se "sentir davantage communiste que membre du PCF"...D'autant qu'il y a encore dans ce parti ou autour de lui une histoire, une culture, une mémoire, une tradition, une recherche qui peuvent apporter beaucoup à la gauche de gauche.

Mais ce clan, qui se prétend l'aile gauche du parti communiste soutient, sans crainte de la contradiction, la direction droitière de Fabien Roussel. Pourquoi ? Parce qu'à ses yeux mieux vaut le suicide que la perte d'une "identité" qui en fait n'existe pas. Donc tout est préférable, y compris manifester avec la flicaille séditieuse, à l'Union populaire qui rend en effet cette mythique "identité" obsolète.

Cette chapelle  accepte d'être la gauche de la droite social-démocrate mais ne supporte pas d'être la droite de la gauche insoumise. Question identitaire, donc pas rationnelle. Que Mélenchon soit le seul à rendre hommage publiquement, dans la rue, à Fidel Castro à la mort de ce dernier, insupporte la secte. Sans admettre que c'est sa direction trouillarde qui est en cause dans cette circonstance. On ne rappellera pas ici toutes les inepties du roussellisme. 

Constatons que, pour le Réseau FV-PCF, il est plus aisé de s'en prendre à ceux qui osent, à ceux qui ne sont pas paralysés par leur médiocrité, leur absence d'audace et de courage politique.

On peut pardonner beaucoup au parti communiste pour ce qu'il fut et pour ce que sont certains de ses militants, par certains aspects. Cela étant dû, souvent, davantage à des habitudes, un héritage, une histoire personnelle qui s'entremêle à l'histoire du parti. Mais il y a des limites.

Ainsi on peut lire dans la dernière livraison (daté du 21 avril) du Réseau Faire Vivre le PCF un propos choquant et indécent. À vous de juger : "Pourquoi Rima Hassan affaiblit la solidarité pour la palestine (...) C’est pourquoi Rima Hassan a tort d’enfermer la cause palestinienne dans la campagne électorale de la France Insoumise, alors qu’un grand nombre des soutiens de la Palestine ne voteront pas LFI aux européennes, alors que dans des centaines de villes, notamment communistes, des mobilisations importantes ont été organisées (...)En confondant solidarité internationale et campagne électorale, Rima Hassan affaiblit la solidarité pour la Palestine... Elle s’est fait piéger par les médias, mais avec elle, c’est la solidarité avec la Palestine qui se retrouve en otage (...) l’instrumentalisation de la palestine par LFI est un mauvais coup à la solidarité avec la palestine."

Attaquer Rima Hassan dans le contexte actuel et après sa convocation par la police pour "apologie du terrorisme", attaquer la France Insoumise qui a levé haut le drapeau de la solidarité internationale avec le peuple palestinien et qui le paye par une criminalisation politique et médiatique, attaquer la FI parce qu'elle a fait une place aux élections européennes à une militante de la cause palestinienne comme Rima et appeler ce geste internationaliste de "mauvais coup" et "d'instrumentalisation"...

... c'est à la fois une extravagante  stupidité et une consternante dégueulasserie politique et même morale.

Antoine Manessis