vendredi 29 mars 2024

Le boycott et l'abstention favorisent RN et Macronie

Antoine Manessis

Quelques groupuscules ont réuni leur impuissance et leur asthénie respective pour appeler au boycott des élections européennes.

Ils l'avaient déjà fait il y a quelques années, en 2014, avant de s'entre-étriper, se dénoncer les uns les autres, les "petits timoniers" respectifs ne supportant pas la concurrence,  bref de véritables tempêtes dans un dé à coudre.

Même si l'abstention a reculé depuis, malgré le bilan calamiteux de l'UE néolibérale, 58% en 2014, 50% en 2019. Bien entendu des élections où les classes populaires sont sous-représentées puisque les abstentionnistes favorisent les droites. Les vieux riches votent. Comme le dit avec humour la campagne de la France Insoumise "Les riches votent et vous ?

Eh bien il se trouve des gens se disant révolutionnaires qui expliquent aux classes populaires :  "les riches votent, laissez-les voter. Vous ne votez pas !" Complices du vote censitaire, nos révolutionnaires en peau de lapin doivent sans doute penser que le taux d'abstention va être mis à leur actif. 

Qu'ils se réveillent nos braves camarades ! Personne ne sait même qu'ils appellent au boycott ni même ne sait qu'ils existent. Faites l'expérience. Interrogez vos ami-e-s, vos proches, vos collègues, vos camarades. Si vous vous rappelez encore de leurs noms d'ici là (Pardem, Fiers, Prcf...)

Pourtant, même des disciples du "camarade Staline"(RC rassemblement communiste) arrivent à comprendre que "Face au danger fasciste et à la fascisation, il convient d’appuyer les forces de la résistance, et la plus claire d’entre-elle, la FI et sa liste d’Union Populaire". Et oui, il y a même des groupuscules qui s'essayent à l'intelligence de la situation. Mais surtout ce qui est effarant c'est que ces groupuscules ont une vision tellement monolithique et biaisée des choses qu'ils insultent même leurs camarades des partis communistes, comme le PCP (parti communiste portugais) ou le KKE (parti communiste de Grèce) ou le PTB (parti du travail de Belgique), qui, eux, ont l'intelligence élémentaire, quel que soit leur rejet de l'UE néolibérale, de participer aux élections européennes !

Lisez plutôt :

"Les listes et les candidats qui participent à ce simulacre électoral en faisant croire qu’ils pourront changer quoi que ce soit en devenant « eurodéputés », portent une responsabilité écrasante. Aucun misérable calcul concernant la notoriété de telle ou telle personnalité, ou l’illusion de pouvoir jouer un rôle dans ce théâtre d’ombres qu’est le « Parlement » européen n’est à la hauteur des enjeux. Ils seront complices de toutes les décisions qui sont prises par la Commission européenne et le Conseil européen. Ils serviront les intérêts des puissants contre ceux des citoyens, contre la nation. Et bientôt, demain, avec la création d’un « Etat fédéral européen » dont le projet est en cours, ils seront co-responsables de la destruction totale de la liberté et de la souveraineté des Français et des autres peuples pris dans le piège européiste."

Voilà, si vous ne boycottez pas les Européennes vous êtes des traîtres. La finesse de l'analyse impressionne !

Alors que l'abstention des classes populaires est déjà un véritable boulet pour les forces de gauche, le boycott c'est-à-dire une abstention volontaire est carrément un soutien objectif au RN et à la Macronie.

Antoine Manessis

Comme les blés...

Olivier Cabanel

Fauchés en effet, les Français le sont, et c’est bien plus grave que ce que l’on pensait…et ce n’est peut-être qu’un début.

Que la France n’aille pas bien, on s’en doute un peu, vu qu’ils étaient nombreux au gouvernement, et ailleurs, à claironner que nous étions en faillite…

Après 5 ans de macronisme, 1200 milliards de dettes ont été ajoutés, comme l’écrit Étienne Duhamel dans son blog de MédiapartLien

Cette présidence bat quasi tous les records avec un déficit de 5,6 % du PIB estimé pour 2023…, alors que la prévision initiale faite par le gouvernement tablait sur 4,9 %lien

Mais il faut écouter attentivement l’économiste Charles Gave pour comprendre dans quelle situation nous sommes réellement, en tapant sur un moteur de recherche le code « sx7e »...lienOn y découvre en détail l’indice des valeurs bancaires dans la zone euro. lien

Il nous affirme qu’il faut se préparer au krach bancaire…

Très récemment, l’indice était à 155/160 (en 2007) et le 21 mars, on était à 30, on avait donc perdu 90 %Il s’est donc passé dans les bourses européennes quelque chose qui est très net, affirme-t-il, les affaires bancaires ont perdu 90 %, et il préconise de regarder attentivement l’indice, car s’il passe à 80 c’est « la fin du monde » dit-il. Pour l’économiste, il est évident « qu’il va se péter la gueule »... et à ce moment, on se retrouve exactement dans la position du JaponDans ce pays, ils sont allé jusqu’à 30, et toutes les entreprises se sont auto-financées, il n’y a plus de marché obligataire, «  y a plus de marché financier, y a plus rien ». Dans les sociétés japonaises il y a à peu près 5000 milliards de dollars de cash... mais « il n’y a plus de banquiers au Japon », conclut Gave.

Aujourd’hui, en Europe, il est en train de se passer la même chose, on est en train de sortir d’un monde ou « les bancaires  » étaient les intermédiaires, et on arrive dans un monde où « on garde le cash chez soi  »…« la société française va donc sauter pour des raisons de solvabilité... le système devient complètement pervers et la croissance ne peut pas avoir lieu  » affirme l’économiste. Lien

Dans un long échange pour une chaîne de TV que l’économiste a avec sa fille, on peut découvrir en détail la menace qui concerne la France... curseur à (1.06.02), et Gave n’est pas optimiste, car, comme il le rappelle, « la tartine de beurre tombe toujours du mauvais côté (…) et les miracles arrivent rarement dans le monde financier (…) il y a deux sorties et l’une est extrêmement désagréable pour la France, (…) si ce sont les allemands qui gagnent, ça veut dire qu’il y aura le FMI en France »…

En bref, l’économiste est formel, il faut se préparer au krach bancaire. lien

Il n’est pas le seul à s’inquiéter, comme Marc Touati, qui fait la même analyse : « pourquoi la bourse continue de flamber alors que l’économie va mal en particulier en France  »

Pour lui, la situation ressemble de plus en plus à ce qu’il s’est passé avant 1929, au regard de l’ampleur de l’actuelle bulle boursière, de la récession qui est en train de s’installer, et de l’explosion de la dette publique, laquelle pourrait susciter un krach obligataire, notamment en France, puis une crise politique et existentielle de la Zone Euro...il se demande lui aussi si nous sommes à la veille d’un krach encore plus grave que celui de 1929lien

À la longue liste des experts qui annoncent ce krach, on peut citer Philippe Béchade, qui s’en inquiétait des décembre dernier (lien), Nicolas Baverez (lien), Olivier Berruyer (lien), et beaucoup d’autres...En effet, il faut se remettre en mémoire l’état du monde financier lors du krach de 1929 : « les résultats des entreprises se dégradaient, la production automobile baissait, les revenus agricoles aussi... la construction des logement fléchissait, la spéculation continuait de plus belle » cette description de la situation d’alors, brossée par le ministère des finances, et publiée sur le site « économie.gouv.fr » nous rappelle cruellement notre situation actuelle. lien

Un autre expert, Raymond Chabot, enfonce le clou : « la récession pointe le bout de son nez  » affirme-t-il, et il nous donne plusieurs conseils : « réduisez vos dépenses au maximum, diminuez vos dettes, repoussez les dépenses non essentielles, contentez vous de vos acquis, et résistez à l’envie de consommer »...lien

Nous voilà prévenus, et alors que Le Maire, continue de faire des cadeaux aux plus riches, à la tête de l’état, celui qui se prend pour Jupiter joue au petit roi en septembre dernier, en compagnie de têtes couronnées, et de nantis à VersaillesLien

Ce repas royal aurait couté, selon Libération plus de 6 millions d’euros… lien

Ne nous inquiétons pas non plus pour la santé du patron des sénateurs... il se porte bien.

On pourrait aussi évoquer les injustes niches fiscales, quand l’on sait que l’état fait cadeau de 330 milliards d’euros aux entreprises, sans la moindre contrepartie. lien

Grâce au « Canard Enchaîné » nous savons maintenant que les ultrariches vont empocher un montant record de 5,3 milliards de dividendes pour l’année 2023, dont plus de la moitié ira dans la poche de Bernard ArnaultLien

Ne soyons pas inquiets pour lui, ou pour d’autres milliardaires, comme Mark Zuckerberg par exemple, qui, pour 117 millions de dollars, se fait construire un gigantesque bunker, sur l’île Kauai, l’une des îles hawaïennes, sur 140 hectares, avec 464 m² enterrés, une douzaine de bâtiments complètement autonomes, réserve d’eau, fruits, légumes, étant cultivés sur place. Lien

Ce complexe ultra-sécurisé comporterait une trentaine de chambres, salles de bains, bureaux, salles de conférences, cuisine géante, est estimé à 270 millions de dollars et comme l’écrit Peggy Baron dans les colonnes de « lADN  », il semble qu’il se prépare à l’apocalypse.

Ajoutons pour la bonne bouche qu’un autre milliardaire, Frank Léonard VanderSloot, PDG de Melaleuca, a pris aussi ses quartiers sur la petite île. lien

Beaucoup d’autres milliardaires semblent avoir les mêmes préoccupations, tel Peter Thiel, le patron de PayPal, lequel est en train de se faire construire un palace en Nouvelle Zélande. lien

Idem pour Bill Gates, ou Oprah Winfrey, et probablement beaucoup d’autres… lien

Par contre, concernant les milliards d’humains qui survivent sur la planète, pas grand-chose n’est vraiment prévu… sauf peut-être en Suisse ou la loi impose des abris anti-nucléaires pour chaque habitation. lien

Comme dit mon vieil ami africain : « un vieillard assis voit plus loin qu’un jeune homme debout  ».

agoravox.fr

Génocide à Gaza : qui sont les pourvoyeurs d’engins de mort pour Israël ?

Ramzy Baroud

Bien que de nombreux alliés traditionnels d’Israël désavouent ouvertement son comportement génocidaire à Gaza, les flots d’armes vers l’état génocidaire n’ont jamais tari.

Plus de 9000 femmes palestiniennes ont été tuées depuis le début de la guerre israélienne contre la bande de Gaza. Les mères sont les plus nombreuses à être tuées par les Israéliens, avec une moyenne de 37 mères tuées chaque jour depuis le 7 octobre.

Les chiffres ci-dessus, provenant respectivement du ministère palestinien de la santé à Gaza et de la Société du Croissant-Rouge, ne reflètent qu’une partie des souffrances endurées par les 2,3 millions de Palestiniens de la bande de Gaza.

Il n’y a pas un seul secteur de la société palestinienne qui n’ait pas payé un lourd tribut à la guerre, bien que les femmes et les enfants soient ceux qui ont le plus souffert, constituant plus de 70 % de toutes les victimes du génocide israélien en cours.

C’est un fait que ces femmes et leurs enfants sont tués par des soldats israéliens, mais ils le sont avec des armes fournies principalement par les États-Unis et l’Occident.

Aujourd’hui, cependant, on nous dit que le monde se retourne enfin contre Israël et que l’approbation muette de l’Occident pour que Tel-Aviv poursuive ses massacres quotidiens pourrait bientôt se transformer en une réprimande collective.

C’est la couverture du magazine The Economist du 23 mars qui exprime le mieux cette affirmation. Elle montrait un drapeau israélien maculé, attaché à un bâton, planté sur une terre aride et poussiéreuse. Elle était accompagnée du titre « Israël seul ».

L’image, sans doute expressive, se voulait un signe des temps. Sa profondeur devient encore plus évidente si on la compare à une autre couverture, parue dans la même publication peu après la conquête par l’armée israélienne de vastes territoires arabes lors de la guerre de juin 1967. « Ils l’ont fait », titrait le journal à l’époque. À l’arrière-plan, un char militaire israélien était représenté, illustrant le triomphe israélien financé par l’Occident.

Entre ces deux titres, beaucoup de choses ont changé, dans le monde et au Moyen-Orient. Mais affirmer qu’Israël est désormais seul n’est pas tout à fait exact, du moins pas encore. Bien que de nombreux alliés traditionnels d’Israël en Occident désavouent ouvertement son comportement à Gaza, les armes provenant de divers pays occidentaux et non occidentaux continuent d’affluer, alimentant la machine de guerre qui, à son tour, continue de faucher des vies palestiniennes. La question se pose donc : Israël est-il vraiment seul, alors que ses aéroports et ses ports maritimes sont plus occupés que jamais à recevoir des cargaisons massives d’armes en provenance de toutes les directions ? Pas le moins du monde. Presque chaque fois qu’un pays occidental annonce qu’il a suspendu ses exportations d’armes vers Israël, un titre de presse apparaît peu après, indiquant le contraire. Cela s’est d’ailleurs produit à plusieurs reprises.

L’année dernière, Rome avait déclaré qu’elle bloquait toutes les ventes d’armes à Israël, donnant le faux espoir que certains pays occidentaux connaissaient enfin une sorte de réveil moral. Hélas, le 14 mars, Reuters a cité le ministre italien de la défense, Guido Crosetto, qui a déclaré que les livraisons d’armes à Israël se poursuivaient, sur la base de la logique peu crédible selon laquelle les accords signés précédemment devraient être « honorés ». Un autre pays qui « honore » également ses engagements antérieurs est le Canada, qui a annoncé le 19 mai, à la suite d’une motion parlementaire, qu’il suspendait ses exportations d’armes. La joie des partisans de la fin du génocide à Gaza s’était à peine exprimée que, un jour plus tard, Ottawa revenait pratiquement sur sa décision en annonçant qu’il honorerait lui aussi ses engagements antérieurs.

Cela montre que certains pays occidentaux, qui continuent à diffuser au reste du monde leur prétendu stature morale en matière de droits de l’homme, de droits de la femme et de démocratie, n’ont aucun réel respect pour ces valeurs.

Le Canada et l’Italie ne sont pas les principaux soutiens militaires d’Israël. Ce sont les États-Unis et l’Allemagne. Selon l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm, au cours de la décennie 2013-2022, Israël a reçu 68 % de ses armes des États-Unis et 28 % de l’Allemagne. Les Allemands restent imperturbables [jusqu’au boutisme habituel et typiquement germanique… NdT], même si 5 % de la population totale de Gaza a été tuée, blessée ou portée disparue à cause de la guerre israélienne.

Pourtant, le soutien américain à Israël est bien plus important, bien que l’administration Biden continue d’envoyer des messages à ses électeurs – dont la majorité souhaite l’arrêt de la guerre – osant prétendre que le président fait de son mieux pour faire pression sur Israël afin qu’il mette fin à la guerre. Bien que seules deux ventes militaires approuvées à Israël aient été annoncées publiquement depuis le 7 octobre, ces deux livraisons ne représentent que 2 % du total des armes américaines envoyées à Israël. La nouvelle a été révélée par le Washington Post le 6 mars. Elle a été publiée à un moment où les médias américains faisaient état d’un fossé grandissant entre le président américain Joe Biden et le premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.

« Il s’agit d’un total extraordinaire de ventes sur une période assez courte », a déclaré au Post un ancien haut fonctionnaire de l’administration Biden. Jeremy Konyndyk est parvenu à la conclusion évidente que « la campagne [militaire] israélienne ne serait pas viable sans ce niveau de soutien américain ». Pendant des décennies, le soutien militaire américain à Israël a été le plus élevé au monde. Depuis 2016, ce soutien inconditionnel a augmenté de manière exponentielle sous l’administration Obama pour atteindre 3,8 milliards de dollars par an. Immédiatement après le 7 octobre, les livraisons d’armes à Israël ont atteint des niveaux sans précédent. Elles comprenaient 5000 bombes de 2000 livres chacune, connue sous le nom de MK-84. Israël a utilisé cette bombe pour tuer des centaines de Palestiniens innocents.

Bien que Washington prétende souvent se soucier de l’utilisation qu’Israël fait de ses armes, il s’est avéré, selon le Washington Post, que M. Biden savait trop bien qu’ « Israël bombardait régulièrement des bâtiments sans disposer de renseignements solides indiquant qu’il s’agissait de cibles militaires légitimes ». D’une certaine manière, Israël est « seul », mais uniquement parce que son comportement est rejeté par la plupart des pays et des peuples du monde. Cependant, il n’est guère isolé lorsque ses crimes de guerre sont exécutés avec le soutien et les armes de l’Occident.

Pour que le génocide israélien à Gaza prenne fin, ceux qui continuent à soutenir le bain de sang en cours doivent également rendre des comptes. 

Chronique de Palestine

Retraites

fedetlib 

Citation d'Albert Camus

Mal nommer un objet, c'est ajouter au malheur du monde. 

mercredi 20 mars 2024

Ce que nous dit l’affaire de Sciences Po

Denis Sieffert

La pseudo-interdiction faite à une jeune fille d’entrer dans un amphi de Sciences Po où se tenait une réunion de solidarité avec Gaza est devenue une affaire d’État. L’affaire a réveillé tout ce que la France politico-médiatique compte d’inconditionnels de la politique israélienne.

L’affaire a fait grand bruit. Une jeune fille aurait été empêchée d’entrer dans un amphi de Sciences Po où se tenait une réunion de solidarité avec Gaza. Le directeur des rédactions du Parisien rapporte la phrase qui lui a permis de forger ses certitudes : « Ne la laissez pas rentrer, c’est une sioniste. » Le journaliste n’est pas bien sûr, mais c’est « ce qu’on a entendu », dit-il. Qui est « on » ? Il ne sait pas, et nous non plus. Qu’importe ! C’est plus qu’il n’en faut pour condamner une « poignée d’étudiants rageux [qui] se cachent une fois encore derrière l’antisionisme pour attiser un climat antisémite ». Un peu plus loin dans le même journal, et sous d’autres signatures, la seule question qui vaille est enfin posée : « Que s’est-il vraiment passé ? » En vérité, pas grand-chose.

Rendons d’ailleurs justice à la jeune fille en question, membre de l’Union des étudiants juifs de France (UEJF), qui a reconnu qu’elle n’avait pas entendu de propos antisémites et qu’elle avait pu pénétrer dans l’amphi. Mais ce « pas grand-chose » a fait la une du Parisien : « Une affaire d’État ». Et, de fait, c’est devenu une « affaire d’État » puisque le Premier ministre et la ministre de l’Enseignement supérieur ont illico rappliqué à Sciences Po, et que, last but not least, le président de la République a affirmé en conseil des ministres qu’« une jeune juive a été interdite d’accès et victime de propos antisémites ». « On » a le bras long. En vérité, il semble que le seul crime des jeunes organisateurs de cette manifestation est d’avoir occupé l’amphi sans autorisation. Un dicton populaire appelle ça faire une omelette avec un seul œuf.

Voilà comment, à partir d’une contre-vérité, un discours se construit, se propage, inarrêtable. Deux jours plus tard, dans le Journal du dimanche, le journal de Bolloré, Sylvie Retailleau, la ministre, continue comme si de rien n’était. Les faits n’ont plus d’importance. Car ce qui s’est passé, ou ne s’est pas passé, est une aubaine. Depuis l’ancien ministre Jean-Michel Blanquer, l’école de la rue Saint-Guillaume, soupçonnée dimporter le « wokisme » et « l’islamo-gauchisme » des campus américain, est dans le collimateur du pouvoir. Le gouvernement rêve de reprendre en mains cette vieille institution longtemps réputée pour reproduire les élites – on se souvient des fameux Héritiers de Bourdieu et Passeron (Minuit, 1964) – et qui serait devenue foyer de subversion. Mais il y a évidemment autre chose. L’affaire a réveillé tout ce que la France politico-médiatique compte d’inconditionnels de la politique israélienne.

Pour autre preuve, les attaques contre Rima Hassan, cette jeune femme d’origine palestinienne qui figure en septième position sur la liste LFI pour les européennes et qui, pour cette raison même, est affublée dans les bulletins d’information de cet adjectif sournois bien pratique : elle est « controversée ». Mais qui est-elle et que dit-elle vraiment ? Née dans un camp de réfugiés, elle prête aujourd’hui ses compétences juridiques à celles et ceux qui, comme elle jadis, connaissent la précarité et la violence de l’exil. Au contraire de Jean-Luc Mélenchon, elle n’a pas manqué de qualifier de « terroriste » l’attaque du Hamas du 7 octobre. On a donc trouvé contre elle un autre argument : elle serait contre la solution à deux États. On sous-entend par là qu’elle serait « par conséquent » pour la destruction d’Israël.

Ici, l’ignorance le dispute à la malhonnêteté politique. Car Rima Hassan n’est pas hostile à la solution à deux États, elle n’y croit plus, ce qui n’est pas pareil. Que ceux qui lui font ce reproche se prononcent pour la décolonisation de la Cisjordanie et de Jérusalem-Est, où se sont installés sept cent mille colons ! Ils rendront la solution à deux États de nouveau possible. En attendant, la jeune femme se dit favorable à un État binational. En théorie, la solution la plus humaine, la plus laïque et la plus universelle. Celle qui mêle tous les habitants, quelles que soient leur religion ou leur origine ethnique. Une utopie, hélas.

Le débat n’est pas nouveau, c’est une vieille histoire, même au sein des communautés juives. Mais il suffit que l’on parle d’État binational pour que ceux qui font barrage à la solution à deux États en deviennent soudain les fervents avocats. Nous en sommes là dans la France d’Emmanuel Macron. 

Alors qu’Israël se perd dans la déchéance morale, que l’on en est à plus de 31 000 morts à Gaza et que la famine est devenue une arme de guerre pour tuer surtout des enfants, il n’y a rien de plus urgent que de traquer ceux qui dénoncent le crime et de les couvrir d’opprobre.

politis.fr

Poutine 88% pour le 5e mandat

Antoine Manessis

Poutine a été élu président pour un cinquième mandat avec 88% des voix.

On ne peut pas dire que le suspens était au rendez-vous de cette élection. Il reste que, sans doute, le soutien majoritaire des Russes pour Poutine est probable. Soutien basé sur un capitalisme et un nationalisme autoritaires, imprégné par une idéologie réactionnaire. Un mixe que l'on constate dans d'autres pays comme la Turquie avec Erdogan, la Hongrie avec Orban, l'Italie avec Meloni, l'Argentine avec Milei.

La guerre en Ukraine, contrairement aux propagandes des médias occidentaux, ne fait que renforcer la position de Poutine par réflexe patriotique au sein de la population russe.

Sans doute des forces démocratiques et progressistes existent-elles mais de toute évidence elles ne sont pas crédibles aux yeux du peuple de la Fédération de Russie. Même si des tricheries, des fraudes sont possibles voire probables, le fait central reste l'adhésion largement majoritaire des Russes au projet national-impérialiste de Poutine.

Notons que l'opposition "de sa majesté" a été elle-même écartée : le Parti communiste de la Fédération de Russie, qui arrive en seconde place, est passé de 17% lors des précédents scrutins à 4% hier, dimanche 17 mars 2024. Pourtant l'union sacrée autour de "l'opération spéciale" de Poutine en Ukraine n'était contestée par personne parmi les candidats autorisés à participer à la présidentielle. Les deux autres candidats poutiniens-compatibles de droite parviennent difficilement à 3%.

Sans doute le président russe a-t-il voulu montrer ainsi qu'il fait bloc avec son peuple face aux menaces occidentales, écho de ses propres menaces à l'égard des rivaux impérialistes et de son agression contre l'Ukraine. Il est vrai que le chiot Macron fait pâle figure face au molosse Poutine. Mais Macron n'est qu'un vassal du puissant Empire étasunien, tout aussi dangereux et belliciste que ses rivaux.

La dénonciation de la guerre inter-impérialiste et l'exigence de négociations de paix reste la seule perspective pour stopper l'escalade guerrière.

Et la France devrait de toute urgence affirmer son non-alignement et déployer toute son action diplomatique en faveur de la paix, ce qui est le souhait de la majorité de nos concitoyen-ne-s.

Antoine Manessis