mardi 31 juillet 2012

Ce qu’est le terrorisme d’Etat en Colombie

Azalea Robles                           
  
Pour comprendre la réalité colombienne, très «médiamensongée», il faut bien comprendre deux prémisses fondamentales : une réalité de profonde iniquité sociale et la terreur comme réponse de l’Etat aux revendications populaires.

L’histoire de la Colombie est définie par la mise à sac de ses ressources : par le Terrorisme d’Etat pour maintenir un status quo d’injustice sociale. L’Etat colombien facilite la mise à sac des ressources naturelles et humaines de la Colombie : il est le garant des intérêts des multinationales et de l’oligarchie. Il assassine tout qui revendique la justice sociale, il rase des villages entiers avec pour finalité de vider et rendre disponibles des terrains de haut intérêt économique : c’est l’élimination systématique de la revendication sociale, politique, économique, écologique…

C’est une situation dramatique que les mass-media occultent ou « médiamensongent » systématiquement. Actuellement, les médiamensonges prétendent faire croire que le gouvernement de Santos est plus modéré, mais rien n’est plus éloigné de la réalité ; voici quelques données : pendant les 75 premiers jours de son mandat, 22 défenseurs des droits de l’homme ont été assassinés (1) ; pendant les 90 premiers jours de son mandat, 50 opposants politiques ont été assassinés (selon PDA) ; 3 enfants ont été violés et assassinés par l’armée, ce qui s’inscrit dans les pratiques du Terrorisme d’Etat (2). L’extermination de l’opposition, la guerre continue et l’appauvrissement continuent à s’intensifier avec Santos, comme le montrent les bombardements démesurés, les disparitions forcées, les emprisonnements politiques et les Lois nuisibles qui augurent de plus de privatisations et de déplacements massifs de populations, comme c’est le cas avec la «Loi des terres», présentée comme la panacée par les médias et qui cependant est « une loi prise sans consultation, qui met des vies en jeu et qui légalise le vol »(3)

Les chiffres sont importants car ils permettent de donner une dimension à ce qui est un des génocides les pires de l’histoire contemporaine de l’humanité, un génocide silencieux.

Chiffres du Terrorisme d’Etat en Colombie :

  • Seulement ces trois dernières années, plus de 38.255 personnes ont disparu :
    On estime à 250.000 les personnes disparues (séquestrées ou torturées) durant les 20 dernières années, par la logique de « dissuader la revendication par la terreur » (l’Etat cherche à faire perdurer la terreur en faisant disparaître les corps, pour prolonger ainsi l’angoisse des survivants). (1)

  • L’élimination physique de tout un parti politique :
    l’Union Patriotique (UP), plus de 5000 personnes de l’UP assassinées par l’Etat (2)

  • Plus de 2778 syndicalistes assassinés :
    60% des syndicalistes assassinés dans le monde sont assassinés en Colombie au moyen du Terrorisme d’Etat. (3)

  • 68% de la population colombienne vit dans la pauvreté et l’indigence :
    La concentration des richesses est scandaleuse : la Colombie est le 11ème pays avec le plus d’inégalité sociale au monde (11ème position de coefficient GINI d’inégalité), et c’est le pays le plus inégalitaire du continent américain. Nous parlons du fait qu’il y a, selon les chiffres les plus modérés, 8 millions d’indigents et 20 millions de pauvres (4).

  • Plus de 20.000 enfants par an (de moins de 5 ans) meurent de malnutrition aiguë (chiffres de l’UNICEF) ; pour 100 mères enceintes, 80 souffrent de malnutrition chronique (5).
    Simultanément et corrélativement à cette misère, un seul banquier, Sarmiento Angulo, contrôle 42% du crédit national et a déclaré des gains de 1250 millions de dollars durant le second semestre de 2009. (6)
  • 10 millions d’hectares de terre volées :
    offertes aux multinationales, aux grands latifundiaires, et aux nouveaux caciques paramilitaires ; le scandale de l’ « assurance agro-revenu » est venu consolider le dépouillement des victimes (8).
  • La plus grande fosse commune d’Amérique Latine :
    située derrière le bataillon militaire de l’armée, dans la Macarena, une découverte dantesque, qui n’a cependant pas suscité la désapprobation internationale que mérite le régime colombien : plus de 2000 cadavres de disparus par la force Omega du « Plan Colombie » (9).

Le terrorisme d’Etat c’est : l’utilisation d’une Force Paramilitaire pour semer la terreur dans la population, la rendre docile et la déplacer, un Outil d’horreur qui pratique la violence massive, le dépeçage à la tronçonneuse, l’empalement et d’autres horreurs terrifiantes.

Une enquête du Ministère de la Justice et de la Paix de février 2010 indiquait que les paramilitaires avaient perpétué 30.470 assassinats en 15 ans… Dans une enquête récente, de janvier 2011, le Ministère Général a révélé qu’il possède 173.183 homicides documentés, 1597 massacres documentés et 34.467 disparitions perpétuées par les paramilitaires, crimes commis entre 2005 et décembre 2010… et le drame se devine encore plus dantesque… Plusieurs paramilitaires ont témoigné de la nature stratégique de L’Ecole Paramilitaire pour l’Etat colombien lui-même, et ont donné des dizaines de noms de généraux, d’entrepreneurs, de multinationales, de politiques encourageant le « paramilitarisme »… et il n’y a toujours aucune condamnation internationale urgente et justifiée de l’Etat colombien qui, impunément, continue ces pratiques génocidaires. (10)

Des milliers de fosses communes contenant des milliers de cadavres de colombiens massacrés par le paramilitarisme de l’Etat colombien : les paramilitaires ont donné quelques coordonnées de fosses afin de pouvoir ainsi accueillir la « Loi de Justice et de Paix », loi confectionnée sous la direction d’un des plus grands promoteurs du paramilitarisme : Uribe. Une loi qui leur confère l’impunité s’ils montrent du «repentir». Déjà en avril 2007, quand se terminait la première année de recherche des fosses communes, le Ministère avait reçu 3710 dénonciations de sites où il y avait à chercher ; mais la majorité n’avait pas pu être explorée, selon l’Etat, par « manque de moyens »… Les familles des victimes attendent qu’on effectue des analyses ADN des cadavres et des restes retrouvés, mais l’Etat justifie son inefficacité en raison de «débordement» et de « manque de moyens »…. Moyens dont il dispose cependant lorsqu’il s’agit de payer les militaires et les paramilitaires.

Les lois d’impunité pour les paramilitaires et leurs financiers se sont renforcées sous le gouvernement de Santos : « Les informations qui pourraient émerger dans le cadre des accords ne pourra, en aucun cas, être utilisée comme preuve dans un processus judiciaire à l’encontre du sujet qui souscrit à l’Accord de Contribution à la Vérité Historique et à la réparation ni contre des tiers ». Loi 1424, approuvée en un temps record le 15 décembre 2010 (11)

Le terrorisme d’Etat c’est : des Fours Crématoires et des élevages de caïmans de l’Outil Paramilitaire de l’Etat et des multinationales…. Où les paramilitaires ont fait disparaître des milliers de personnes…(12)

Des milliers d’assassinats, et parmi ceux-ci le scandales des « faux positifs » : les militaires ont enlevé des jeunes hommes, les ont déguisé en guérilleros et les ont assassinés, présentant les cadavres comme « des guérilleros tombés au combat ». Les mass media se chargent de diffuser le montage, car en Colombie les mass media prennent pour avéré ce qu’affirment les sources militaires. C’est ce que font les militaires pour «montrer des résultats» dans leur guerre contre les insurgés, et aussi pour assassiner les civils qui les dérangent. La médiatisation des morts prétendument guérilleros est absolument macabre : ils montrent des corps alignés, à demi dénudés… C’est de cette façon qu’on modèle l’opinion publique à la déshumanisation des guérilleros. La directive 029 du Ministère de la Défense développe les « faux positifs », et il y a plus de 2472 cas documentés d’assassinats de civils, ce qui est une évidence de l’existence d’une politique d’Etat. (13)

Plus de 7500 prisonniers politiques :
parmi eux beaucoup de victimes de montages judiciaires, une pratique commune contre les activistes sociaux (14)

Des centaines d’auto-attentats :
un autre genre de « faux positifs » de la part des forces policières et militaires, qui ont posé des bombes en plein Bogota pour créer de cette façon la base pour des montages médiatiques de discréditation des guérillas. Ces attentats à la voiture piégée ont été préconisés par le DAS, Département Administratif de la Sécurité, comme cela a été constaté dans des documents. (15)

Présence de nombreux militaires étasuniens et de mercenaires israéliens :

Les violations des Droits de l’Homme s’approfondissent dans ce qui devient de toute évidence un pays occupé : il y a en Colombie une présence de nombreux militaires étasuniens et de mercenaires israéliens, et 7 bases militaires américaines ont été implantées ; de plus l’Etat colombien a conféré aux Marines une totale immunité pour tous les crimes qu’ils commettent en Colombie. Il y a déjà de nombreux cas de filles violées par les Marines, avec une impunité totale, car les Marines ont « carte blanche » pour violer, torturer et assassiner en Colombie. (16)

La violence de l’assaut du grand capital, dans son angoisse de perdre la Colombie comme « cave à ressources » de haute valeur, a créé et maintenu ce rejeton qu’est l’Etat colombien.

Cela fait des années que cet Etat criminel n’existerait pas sans « l’aide » démesurée des USA et de l’Union Européenne, ni sans l’endettement du peuple colombien pour financer les gaspillages militaires, ni sans sa Stratégie paramilitaire de Terrorisme d’Etat. Sans ses appuis militaires et médiatiques, l’Etat colombien n’aurait pas pu perpétrer tant de barbarie ; et le peuple colombien aurait conquis sa véritable indépendance, son émancipation de tant de cupidité, de mort et de douleur.

Source : http://azalearoblesenfrancais.blogspot.fr/2011/04/ce-quest-l...

Traduction : Jean-Louis Sellier pour Investig’Action - 21 avril 2011 -

Notes du texte

(1) http://www.rebelion.org/noticia.php... ;;titular=denuncian-el-asesinato-de-22-defensores-de-derechos-humanos-en-los-primeros-75-d%EDas-de-
(2) http://www.rebelion.org/noticia.php... ;;titular=el-estado-colombiano-secuestra-viola-y-asesina-a-ni%F1os-en-arauca-
(3) http://www.rebelion.org/noticia.php... ;;titular=%22ley-de-tierras-de-santos-es-una-ley-inconsulta-que-pone-vidas-en-riesgo-y-

Notes du cadre

(1) http://www.telesurtv.net/noticias/s...
Le crime d’Etat qui consiste en la disparition forcée de la « démocratie » en Colombie a dépassé depuis peu les chiffres dramatiques de la dictature argentine : au cours des 3 dernières années, le Terrorisme d’Etat a fait disparaître 38.255 personnes (chiffres de février 2010, médecine légale et du ministère public)… pour une estimation sur les 20 dernières années de 250.000 disparus… Les estimations de disparitions forcées son minimisées par l’Etat (l’assassin), mais il a cependant dû reconnaître au moins 50.000 disparus.

Conférence de Piedad Cordoba à Madrid en mai 2010 « Il y a 250.000 disparus en Colombie ces dernières années »


http://www.rebelion.org/noticia.php... ;;titular=%22hay-250.000-desaparecidos-en-colombia-en-los-%FAltimos-a%F1os%22-
http://www.rebelion.org/noticia.php... ;;titular=piedad-c%F3rdoba-denuncia-la-pasividad-internacional-y-pide-que-se-condicione-el-tlc-con-europa-
Colombie : Second Congrès Mondial sur les Disparitions Forcées : http://www.youtube.com/watch?v=YNQg...
http://www.kaosenlared.net/noticia/...

Disparitions, crime du Terrorisme d’Etat en Colombie : http://www.kaosenlared.net/noticia/...


(2) Union Patriotique : 5000 militants exterminés : Génocide politique, crime d’Etat : http://www.rebelion.org/noticia.php...
Le plan de l’Etat et de la CIA pour exterminer l’UP s’appelait « Danse Rouge ». Documentaire de Yesid Campos sur le génocide politique de l’Union Patriotique : http://video.google.com/videoplay?d... ;;ei=PpiKS7CINMag-Ab6tKD0BA&q=el+baile+rojo
(3) www.cut.org.co
2778 syndicalistes assassinés au 30 décembre 2010. 60% des syndicalistes assassinés dans le monde l’ont été en Colombie, du fait du Terrorisme d’Etat. La Colombie détient le record du monde des assassinats des syndicalistes : http://www.kaosenlared.net/noticia/...

« 60% des assassinats de syndicalistes dans le monde sont commis en Colombie(…) une violence historique, structurelle, systématique et sélective qui s’est muée en règle de comportement de l’Etat colombien : cette violence a fait, depuis 1986, au moins 2778 syndicalistes assassinés, 196 disparitions forcés et plus de 11.096 faits de violence, ce qui constitue un génocide contre le mouvement syndical colombien »


http://www3.rebelion.org/noticia.ph...
(4) L’étude de la MESEP, Pauvreté et Inégalités 2009, a comptabilisé 8 millions de colombiens indigents et 20 millions de pauvres. Dans les zones rurales, sur 100 familles, 65 sont considérées pauvres et 33 indigentes.

http://www.abpnoticias.com/index.ph... ;;task=view&id=2446&Itemid=90


http://www.elcolombiano.com/BancoCo...

(5) UNICEF : http://www.elcolombiano.com/BancoCo...
http://colombia.indymedia.org/news/...

Colombie, pauvre parmi les pauvres : http://alainet.org/active/33960&amp... ;;=es


(6) Sarmiento Angulo, le patron le plus riche de Colombie est, avec une poignée d’oligarques au rang desquels on remarque Ardila Lule et Santo Domingo, le principal promoteur de la néfaste « Sécurité Démocratique » du gouvernement Uribe, et comme par hasard, Uribe a obéi à chacune de ses suggestions en un temps record, comme cela s’est passé quand Sarmiento Angulo a proposé que  l’impôt pour financer la « sécurité démocratique » soit permanent et qu’il s’étende à tous les colombiens : http://www.lasillavacia.com/histori...
http://noticieroconfidencial.com/?p=11
Colombie : les gains et bénéfices des grandes entreprises croissent : http://www.desdeabajo.info/index.ph... ; : http://www.desdeabajo.info/index.ph...
http://www.portafolio.com.co/econom...
Modèle néolibéral et inégalités en Colombie
Publié le 15 février 2010 : les gains du secteur financier ont atteint 8,5 milliards de dollars. http://www.elespectador.com/articul...
(7) Information CODHES, novembre 2010 : 4,9 millions de personnes déplacées.
MOVICE, Mouvement National des Victimes des Crimes d’Etat : 4,5 millions de déplacés, 2009 : http://www.elespectador.com/articul...
(8) MOVICE : 10 millions d’hectares de terres spoliées aux paysans, chiffres de 2009 : http://www.movimientodevictimas.org... ;;task=view&id=274&Itemid=69
(9) La plus grande fosse commune d’Amérique Latine, une découverte dantesque, qui cependant n’a toujours pas suscité la réprobation internationale que mérite le régime colombien : plus de 2000 cadavres de disparus du fait de la force Omega du « Plan Colombie ». L’armée aurait enterré ici des disparus depuis 2005 : http://www.publico.es/internacional...
http://www.rebelion.org/noticia.php...
(10) Utilisation d’une Force Paramilitaire pour semer la Terreur dans la population. Information du Ministère de la Justice et de la Paix, février 2010 ; les paramilitaires ont avoué avoir perpétré 30.470 assassinats en 15 ans : http://www.telesurtv.net/noticias/s...
Dans une information récente, de janvier 2011, le Ministère Général a révélé qu’il détient 173.183 cas d’homicides documentés, 1597 massacres et 34.467 disparitions commises par des paramilitaires, crimes perpétrés entre 2005 et décembre 2010 :
http://www.rebelion.org/noticia.php... ;;titular=cifras-alarmantes-de-cr%EDmenes-cometidos-por-la-herramienta-paramilitar-de-estado-y-multinacionales-
Des témoignages de paramilitaires, de survivants et les résultats d’examens de médecine légale ont mis en évidence que la Stratégie paramilitaire de l’Etat a défini une méthode pour dépecer les corps humains : en donnant des « cours » pendant lesquels on utilisait des personnes vivantes amenées aux camps d’entraînement. Francisco Villalba, le paramilitaire qui a dirigé la barbarie sur le terrain à Aro (Antioquia), durant laquelle ils ont torturé et massacré 15 personnes durant 5 jours, a révélé des détails de ces « cours » : « C’étaient des personnes qu’on amenait en camion, vivantes, ligotés (…). Elles étaient réparties en groupe de 5 (…) les instructions étaient de leur arracher le bras, la tête… les dépecer vivantes (…) Ils sortaient en pleurant et demandaient qu’on ne leur fasse rien, qu’ils avaient une famille » http://www.eltiempo.com/archivo/doc...
… « Les cours de dépeçage » entraîner les paramilitaires à leur fonction la plus spécifique : semer la terreur dans la population, pour mener à la « dissuasion par la terreur » et parvenir à déplacer les survivants qui avaient assisté aux massacres.
Le paramilitaire HH s’est exprimé ainsi, se référant à l’armée de Colombie : « Nous autres étions illégaux mais eux sont plus coupables que nous, parce qu’ils représentaient l’Etat et qu’ils étaient obligés de protéger ces communautés, c’est pour ça qu’ils nous utilisaient. Nous commettions beaucoup d’homicides, et nous devons en répondre, mais eux aussi doivent en répondre… »
« H.H » révèle des liens avec Byron Carvajal et Rito Alejo del Rio : http://www.elespectador.com/noticia...
HH a confessé plus de 3000 assassinats ; il sera extradé pour ne pas révéler les commanditaires : http://www.kaosenlared.net/noticia/...
Stratégie d’Etat Paramilitaire pour dépecer les homosexuels. VIDEO-témoin : http://www.youtube.com/watch?v=ZfLq... ;;feature=player_embedded
http://www.kaosenlared.net/noticia/...
(11) Loi qui renforce l’immunité pour les crimes contre l’humanité, votée par le gouvernement de Santos : «Loi 1424» http://www.rebelion.org/noticia.php...
(12) " En Colombie on a utilisé des fours crématoires pour faire disparaître les traces des personnes assassinées ou pour brûler vives certaines personnes. Les paramilitaires les emmenaient sur instruction de l’Armée et de la police. " Sénatrice Piedad Cordoba : http://www.piedadcordoba.net/piedad... ;;file=article&sid=3345&mode=thread&order=0&thold=0
http://www.elespectador.com/noticia...
Le paramilitaire Mancuso a réaffirmé qu’ils ont « brûlé » des victimes pour faire baisser les statistiques : http://www.elespectador.com/noticia...
L’Etat Colombien, émule des crimes nazis : Paramilitaires et Fours Crématoires… http://www.kaosenlared.net/noticia/...
http://bloguerosrevolucion.ning.com...
http://carlosmora.wordpress.com/200...
(13) http://www.falsos-positivos.blogspo...
Preuves photographiques des « faux positifs » : http://www.youtube.com/watch?v=VuSB... ;;feature=player_embedded
(14) Le régime colombien a toujours 7500 prisonniers politiques en détention : http://www.arlac.be/A2009/2009/Tlax.... Campagne européenne 2009-2010 pour la libération des prisonniers politiques en Colombie. Ils sont 7500, en grande majorité prisonniers d’opinion et militants sociaux. Les associations et personnes dans le monde qui veulent appuyer la campagne pour la libération des prisonniers politiques en Colombie sont les bienvenues. Pour signer :
(15) Des centaines d’attentats à la voiture piégée ont été suscités par le DAS, Département Administratif de Sécurité, comme constaté dans des documents déclassifiés. DAS, police secrète impliquée dans des montages judiciaires et des attentats à l’explosif, selon des témoins et des documents appartenant au même DAS : http://www.kaosenlared.net/noticia/...
http://www.rpasur.com/Elmayorescand...
DAS, la police secrète : http://www.youtube.com/watch?v=Vfnk... ;;feature=player_embedded
(16) Bases militaires US en Colombie : danger régional et aggravation du génocide, violences sexuelles et impunité : http://www.rebelion.org/noticia.php...
« (…) privilèges, exemptions et immunité accordés au personnel administratif et technique d’une mission diplomatique », en référence au pacte militaire que les Etats-Unis ont conclu avec le gouvernement colombien : http://www.youtube.com/watch?v=Vugt... ;;feature=player_embedded

Investig'Action

L’attentat de la cérémonie d’ouverture des JO de Londres 2012

Ariane WALTER                     
 
Le seul attentat auquel on aura assisté, lors de la cérémonie d’ouverture des JO 2012 de Londres, aura été un attentat contre le bon sens. Quoi ? Voilà une Europe exsangue, une planète sous la menace d’une irradiation atomique mortelle, il suffirait d’un autre tremblement de terre pour que la piscine du 4 de Fukushima s’effondre, un monde à la veille d’un conflit généralisé et sous nos yeux un divertissement comme si de rien n’était, comme si tout le monde s’aimait et se respectait? Comme si l’argent coulait à flots, comme si les esprits étaient sereins ? Munich 2 ?

Ouverture des jeux olympiques au pays des Bisounours.
Il m’a été impossible, regardant ce spectacle concocté par le cinéaste Danny Boyle, de faire abstraction de la situation actuelle. Impossible. Impossible de m’émerveiller, par exemple, comme lors des Jo d’Athènes.
Vous vous souvenez de ces fameux Jo d’Athènes où rien n’était prêt et où, pourtant, ce pays de « glandos » nous avait sorti une cérémonie d’ouverture splendide. Tellement chère, oui. Une ruine pour le pays. Ils ne s’en sont pas encore remis. Pour dire à quel point c’était raisonnable. Quel malheur attendait ces pauvres Grecs ! Si on avait dit, cette année-là, que bientôt les Grecs seraient à la rue, pris à la gorge, rongés, troués par les mites modernes, qui l’aurait cru ? Les anciens dieux saignés par les banques parasites…
Je n’ai pas eu l’émerveillement de l’ouverture des jeux de Pékin. On les boudait d’avance ces jeux de Pékin, dans ce pays à la population esclave qui tue notre population de chômeurs, avec leur tyrannie, leurs violences contre le Tibet, et le bouquet, si l’on peut dire, disons la dernière épine, leur façon de changer le climat pour éviter la pluie ! Avouant ainsi que, oui, le climat se manipule. Mais l’ouverture de Pékin, menée par Zhang Yimou, avait été d’une beauté à couper le souffle. Enracinée dans cette longue et immense civilisation dont nous ne connaissons rien. Les mille tambours et les tableaux prodigieux qui avaient suivi avaient arraché à la foule des cris incessants d’admiration. Rien de plus ordonné, de plus maîtrisé que cette cérémonie d’ouverture des Jo de Pékin. La voix de la Chine éternelle. La pauvre, la défunte…
Mais à Londres face à un joli, gentil spectacle, un peu bordélique, pour enfants qui ignorent ce que font leurs parents mafieux, il m’était impossible d’oublier. Ou bien ai-je grandi. ?
Ou bien le malheur a grandi ?
Le moment le plus terrible a été ce défilé de toutes les nations participantes. Avec tant de nations martyrs qui déboulaient, radieuses, comme si leur pays, la Grèce, l’Espagne, l’Italie, toute la vieille Europe qui se fait vampiriser n’était composée que de gens joyeux et heureux. L’Espagne, la vive, la colorée, qui, chez elle, gonfle les rues de sa colère, la Grèce, la malheureuse, aussi blanche et bleue que ses îles de vacances. La Palestine, gaillarde, pour prouver qu’elle a encore des habitants avec des bras et des jambes qui peuvent faire du sport, même si leur pays, bientôt, ne sera pas plus grand qu’un terrain de foot. Et l’Irak, l’Afghanistan, le Qatar, l’Arabie Saoudite, les acteurs, maîtres et esclaves de ce monde terrible, les Etats-Unis et leur délégation écrasante, témoins d’un monde qui nous absorbe, autrefois libérateur, à présent assassin.
Il y a des gens en France qui craignent l’islamisation de notre société. Et l’américanisation qui nous a bouffés, vous ne la voyez pas ? Ce n’est pas demain l’américanisation. C’est fait. La musique, la culture des champs et des esprits, l’abandon aux puissances de l’argent, les centres commerciaux, les Mac do, cette vie explosée qui rend indispensable nos voitures, ce bi-partisme de la vie politique, notre pays servant leurs guerres. Qu’allez-vous nous parler d’une islamisation, invisible pour qui parcourt nos campagnes, alors que l’américanisation et son esprit de droite sont déjà notre cancer depuis longtemps. Et là, ils veulent mettre l’estocade. Ils ont déjà les medias, la parole vulgaire et mensongère de ce temps.
Mais le spectacle me direz-vous ?
Les commentaires positifs que vous pourrez lire seront justes car il y avait de beaux délires techniques, de belles idées, des débauches de lumière. Il s’agissait, partant des débuts bucoliques de l’Angleterre, de célébrer son entrée dans le monde moderne de l’ère industrielle. Boyle n’a pas triché. Il a bien montré que c’étaient des esclaves qui enrichissaient un petit groupe de vampires en haut de forme. Mais pourquoi avoir placé cet épisode uniquement au 19 ème siècle ? L’histoire, pour Boyle, s’arrête aux Beatles et autres chanteurs pops. Il transforme le stade en vaste boîte de nuit, met la musique a donf, imagine une histoire d’amour fadasse et le tour est joué !
Avant cela, tout un tableau, avec des lits d’hôpitaux, rappelait que c’est en Angleterre qu’il y a ce fameux service hospitalier, si social, qui soigne tous les enfants…à condition qu’ils attendent six mois ou trois ans avant d’être admis !!!
Il a fallu supporter ça ! La gloire du service public anglais en un temps où il se vend au privé !
Il y a eu pire aussi. L’interview d’un sportif de Libye, disant qu’il était tellement heureux de montrer que la Libye ce n’était pas que Kadhafi, mais tout un peuple désormais fraternel et uni. Combien de gens, pendant le temps où il parlait, étaient des Libyens égorgés par des Libyens avec les armes que l’Otan a laissé traîner en partant, pour que tous ces braves s’amusent et leur foutent la paix, pendant qu’ils pompent leur pétrole…
C’était tout de même un spectacle longuet et mal construit. Mené par 70 000 bénévoles. Ces jeux olympiques vont coûter 11 milliards d’euros. La cérémonie a coûté 31 millions d’euros mais il n’y avait pas assez d’argent pour payer ceux qui se produisaient. Certes le bénévolat est un merveilleux engagement et ces acteurs d’un soir n’auraient donné leur place pour rien au monde. Mais quand on peut mettre une telle somme sur un spectacle, n’est-ce pas la moindre des choses de payer les acteurs ? On n’est pas au Puy-du-Fou, là !
Le soir même il restait des places à 2000 euros. (Que grâce soit rendue à Sébastien Coë qui a permis à 60 000 personnes, pour 27 euros, de voir le spectacle lors de la répétition finale .)
Mais c’est bien, dans le fond, que les choses soient ainsi. Car le monde idéal, pour certains, c’est ça : ceux qui peuvent payer 300 euros la place pour se distraire et ceux qui les distraient gratuitement.
On le sait, les JO ruinent les Etats et enrichissent les grosses boîtes, les Bouygues et consort, les Mittal, qui dit-on, avait obtenu de porter la flamme sur une portion du parcours.
Londres, le temple de la City, accueillant l’esprit des jeux olympiques !
Il y a de quoi mourir de rire.
À propos de rire, le meilleur moment de ce spectacle a été celui où Mister Bean a joué au piano, membre d’un illustre orchestre, l’air célèbre des « chariots de feu ». J’admire celui, cela n’a rien coûté, qui a eu cette idée fabuleuse, entendant cette note longuement répétée, d’imaginer Bean la jouant et composant toute une saynète. Parfaitement drôle, parfaitement réussie. Parfaitement simple.
Il y a eu aussi l’arrivée de la reine, la vraie, comme en hélicoptère, acceptant de jouer le jeu en s’envoyant en l’air avec Daniel Craig.
Je suis sûre que la reine n’avait pas la moindre envie de se livrer à cette fantaisie décadente.
Mais qu’elle a dû recevoir un envoyé de la City qui lui a dit :
-Oh ! Mamie, il faut que le peuple vous aime pour qu’il en avale encore plus ! Alors vous allez être moderne, un peu. Et faire le clown !
-No, never, no !
-Tu sais combien tu nous coûtes ? On te dit de faire ça, tu le fais !
Et elle l’a fait. Et c’était un très bon moment parce qu’inattendu. En France, ils auraient jeté Hollande dans les airs avec Treiweiller et ils se seraient envoyé des tweets en essayant de se couper les cordes du parachute. On sait être marrants nous aussi.
Ces jeux seront-ils révolutionnaires ? Parmi les athlètes des peuples martyrs y en aura-t-il qui porteront la parole de leur peuple ? Y aura-t-il de nouveaux Tommie Smith et Juan Carlos qui, aux JO de Mexico, sympathisants black panthers, levèrent leur poing ganté de cuir pour protester contre la condition des noirs aux Etats-Unis ?
Bon. Je veux finir sur ce qui a été le plus beau et de loin :
Les beaux visages des femmes. Oui, que les femmes sont belles ! Tellement plus belles, toutes ces athlètes, naturelles, que toutes les Miss tarabiscotées. Certaines étaient à couper le souffle.
Il y avait aussi ces visages radieux, tellement heureux de participer à la seule fête universelle où chacun veut croire à la paix, à l’union, à la fraternité. C’est quand même une idée sublime ces jeux Olympiques. On a tellement envie, comme tous ces athlètes, emportés sous l’ovation d’un peuple universel, de croire à l’amour, au respect d’une humanité qui est si belle, qui a tant œuvré à travers les âges, mais qui doit à présent mener un immense combat contre l’ubris et son dérèglement mortel. Est-il possible que quelques fous détruisent cette longue histoire ? Sont-ils à l’œuvre dans l’ombre ? Quelles armes faudra-t-il leur opposer ?
Non, à aucun moment Boyle n’a réussi à effleurer la cheville de la sublime ouverture de Pékin, la sienne étant plus confuse, moins bien construite, moins classique, se terminant sur une flamme olympique qui laissait sur sa faim car on attendait « un dernier homme » et il y eut tout une équipe, symbole, bien sûr, et non pas une flamme mais un brasier, très beau, mais moins beau que cet homme qui courait dans l’air à Pékin, porteur de cette flamme unique puisqu’en ce monde nous avons besoin d’un courage unique pour détruire ce qui nous détruit.
Et je me disais en regardant les officiels du CIO : qui sont-ils ? Quels pots de vin peuvent les acheter ? Quels lobbys sont leurs maîtres ? Et Madame Obama, si belle, épouse d’une marionnette sanglante, et Monaco et sa princesse triste, paradis fiscal à nos portes, et les représentants de tous ces pays muselés qui, là, faisaient semblant de rien.
On attend la grande scène de « Festen » quand les vérités se disent, impossibles à retenir.

Vous allez me dire : c’est la trêve olympique.
Et la trêve de la pauvreté, de la guerre fracassante ou sourde, des mensonges d’Etat, c’est pour quand ?

Ghazi Hamad : "Nous n’avons pas honte de soutenir un cessez-​​le-​​feu avec Israël"

Laurent Zecchini - Le Monde -      


Ghazi Hamad est le vice-​​ministre des affaires étrangères du Hamas.
 
Quels sont les effets béné­fiques du nouveau régime égyptien pour Gaza et pour le Hamas ?

Ce qui se passe en Egypte est dans l’intérêt de tous les Pales­ti­niens. Alors que le régime Mou­barak était un ami d’Israël, une nou­velle démo­cratie se met en place. Tous les régimes arabes deviennent démo­cra­tiques, et je pense qu’ils vont sou­tenir la cause pales­ti­nienne. S’agissant de l’Egypte, c’est une nou­velle ère qui com­mence, et nous en attendons beaucoup. Les Frères musulmans sont contre toute nor­ma­li­sation avec Israël, et l’Egypte ne per­mettra pas à Israël de faire ce qu’il a fait dans le passé.

Pour le moment, le point de passage de Rafah [à la fron­tière avec l’Egypte] reste encore lar­gement fermé…

Laisser les gens sortir librement de Gaza, ce n’est pas une question poli­tique mais huma­ni­taire. Quand nous demandons une aide pour régler les pro­blèmes de Gaza, ce ne devrait pas être un pro­blème d’ouvrir le passage. Peut-​​être que, dans le passé, ce refus s’expliquait par des consi­dé­ra­tions poli­tiques. Cer­tains en Egypte se disaient : "Si nous donnons tout ce qu’ils demandent aux Gazaouis, ils enter­reront la récon­ci­liation." C’est un qui­proquo : si nous demandons une aide à l’Egypte pour lever le blocus, pour nous fournir de l’électricité et du fioul, cela ne veut pas dire que Gaza va devenir une partie de l’Egypte. Gaza fait partie de la Palestine. Mais nous devrions pouvoir nous appro­vi­sionner nor­ma­lement. Cela dit, l’Egypte a d’autres pro­blèmes à régler : il faut attendre que la situation se stabilise.

Le nouveau pré­sident égyptien Mohamed Morsi a des pro­blèmes plus impor­tants à régler que la cause palestinienne ?

Celle-​​ci est cen­trale pour le monde arabe, et je crois que l’Egypte va avoir un rôle pionnier pour sou­tenir la cause des Pales­ti­niens, pour réunir les pays de la région, qui peuvent jouer un rôle contre Israël. Les Egyp­tiens sont prêts à nous sou­tenir, mais nous devons les aider, par la récon­ci­liation. Les Arabes n’accepteront pas que cette division entre le Hamas et le Fatah se pour­suive. M. Morsi a dit qu’il serait un inter­mé­diaire entre le Fatah [parti de Mahmoud Abbas, pré­sident de l’Autorité pales­ti­nienne] et le Hamas. Les Egyp­tiens vont tra­vailler à la récon­ci­liation pales­ti­nienne et sou­tenir notre lutte. Ils nous l’ont clai­rement dit.

À propos de la Syrie et de l’Iran, y a-​​t-​​il de grandes diver­gences entre Khaled Mechaal [chef du bureau poli­tique] et Ismaïl Haniyeh [premier ministre du gou­ver­nement de Gaza] ?

Des diver­gences, il y en a tou­jours, y compris à Gaza. Mais la carac­té­ris­tique du Hamas c’est qu’à la fin, il n’y a qu’une seule décision. Il y a des per­sonnes plus prag­ma­tiques, d’autres plus dures, mais le Hamas reste uni. Il n’y a pas de division. Il y a un accord sur la nécessité de la récon­ci­liation. C’est vrai que, à Gaza, les gens sont parfois mécon­tents de ce qui se passe en Cis­jor­danie, où les mili­tants du Hamas sont arrêtés et mis en prison [par l’Autorité pales­ti­nienne]. Tant que ces actions conti­nueront, nous n’irons pas plus loin. Sans confiance, parler de récon­ci­liation est une perte de temps.

Le Hamas main­tient un cessez-​​le-​​feu de fait avec Israël. Et cer­tains groupes, comme le Djihad isla­mique, estiment qu’il a aban­donné la résistance…

Nous parlons de cela souvent avec les autres fac­tions pales­ti­niennes. Nous avons abouti à la conclusion que nous ne voulons pas d’une autre guerre à Gaza. Donc nous sou­tenons un cessez-​​le-​​feu, nous n’en avons pas honte. Toutes les fac­tions pales­ti­niennes se sont engagées à le res­pecter. Depuis l’accord [inter­pa­les­tinien] de Doha, nous parlons de résis­tance paci­fique, mais cela ne veut pas dire aban­donner la lutte armée en tant que droit. Le pro­blème du Fatah et du Hamas est qu’ils ne se font pas confiance. Ils ont peur l’un de l’autre et donc il y a des suspicions.

Puisque les négo­cia­tions avec Israël ne sont pas la solution, que reste-​​t-​​il, la lutte armée ?

La résis­tance, oui, mais tous les types de résis­tance. Je n’ai aucun pro­blème avec la résis­tance paci­fique, mais l’expérience nous laisse penser qu’Israël ne nous laissera jamais obtenir notre Etat ainsi. Nous avons passé vingt ans à négocier sans résultat. Nous devons uti­liser à la fois l’option mili­taire et l’option poli­tique. Une nou­velle Intifada ? Pourquoi pas ! C’est une grande faute de la part du pré­sident Mahmoud Abbas de ne choisir qu’une seule direction.
Abbas est un homme de négo­cia­tions avec Israël, mais qu’a-t-il obtenu depuis 2005 ? Rien. Ou plutôt si, tou­jours davantage de colonies et de confis­cation de terres. S’il continue dans cette voie, il perdra en cré­di­bilité. L’une des raisons de sa fai­blesse, c’est qu’il négocie seul, sans le soutien des pays arabes. A ce jour, il y a une situation nou­velle : il faut tra­vailler avec l’Egypte, la Turquie, la Libye, la Tunisie et d’autres pays, pour former un nouveau front face à Israël.

Ce qui se passe en Syrie n’est pas très bon pour le Hamas, n’est-ce pas ?

C’est vrai que le Hamas a été présent pendant plus de vingt ans en Syrie, et le régime syrien nous a apporté son soutien, notamment financier. Mais quand nous avons vu qu’il com­battait son propre peuple, nous avons décidé de quitter la Syrie. Nous n’acceptons d’aucun régime arabe qu’il use de vio­lence contre son peuple.

L’Iran a long­temps soutenu le Hamas, mais ces rela­tions se sont dété­riorées. Vous ne croyez pas que cela va devenir un pro­blème financier pour le Hamas ?

C’est une question très sen­sible et com­pliquée… L’Iran a soutenu le Hamas pendant des années, c’est un fait. Spé­cia­lement dans des cir­cons­tances dif­fi­ciles, lorsque les pays arabes ont laissé le Hamas seul. Mais nous avons pris une décision : nous ne serons pas dans la poche d’un pays arabe, ou étranger. Nous sommes une orga­ni­sation pales­ti­nienne et nous ne tra­vaillons pour per­sonne. Si un pays veut nous aider, nous ne disons pas non, mais cela ne peut pas être de l’"argent poli­tique" : nous ne recevons pas d’ordre de l’Iran, de la Syrie ou d’autres pays. Evi­demment que le Hamas ne veut pas perdre l’Iran, qui est un pays majeur. Mais nous sommes passés par bien des situa­tions cri­tiques, et nous nous sommes tou­jours adaptés…

Laurent Zecchini (Gaza, envoyé spécial)



Comment ne pas penser par "eux-mêmes"

Gaëtan Pelletier                                     


L’état c’est moi ( Louis 14 )
Cette phrase aurait été prononcée par Louis XIV devant le Parlement de Paris, qui avait pour missions d’entériner les décisions royales.

En 1654, Louis XIV est sacré roi à Reims, mais c’est en réalité Mazarin qui exerce le pouvoir dans le royaume. Sur son conseil, et pour pouvoir continuer à faire la guerre à l’Espagne, Louis XIV signe différents édits destinés à faire rentrer de l’argent dans les caisses de l’État. Les magistrats du Parlement de Paris enregistrent ces édits le 20 mars 1655, mais certains d’entre eux vont rapidement contester leur légalité.
Pour éviter une nouvelle fronde, Louis XIV se rend le 13 avril 1655 devant le Parlement, en habit de chasse. Le président du Parlement lui parlant alors de l’intérêt de l’État dans cette affaire, le jeune Louis XIV se serait écrié : “l’État, c’est moi !”.
L’humain est la matière première des salauds
Le frigo est ouvert… 24 heures par jour. On peut l’ouvrir et se déboucher une petite bière de philosophie, une tranche de jambon de Goldman Sachs, ou autres grignotine séchée empestant le Goebbels finement présentée.
L’Homme n’a pas inventé le mensonge, mais il a payé bien des gratte-papiers pour vous convaincre que vous étiez cultivé. On vous fait bouffer de la roche. Car on ne vous apprend pas à douter de ce qu’on vous a appris. On vous le fige, on vous le caille, et on vous écaille…
Oublier vraiment est aussi important que de se souvenir.
Et toute la crasse occidentale, que l’on nomme « éducation », se livre à ce mercantilisme trafic qui fait pousser des yeux de poisson à bien des « penseurs » qui murent leurs maisons de diplômes. Il y en a à qui ça sert, d’autre à qui ça serre…
La seule manière d’avoir un peu de connaissances- surtout de bon sens – est par le moyen de ce que je nomme la « maison circulante ».

La Feng-Shui de l’âme

C’est un principe de base du vivant : nulle connaissance n’est figée et aucun concept – même ceux en apparence saugrenus doivent stagner ou être mis de côté. Tout doit circuler.


Ce que vous avalez doit être rejeté…                 
Comme lorsque que vous mangez…
Il n’y a pas de « moutons », il n’y a que des empoisonnés hypnotisés. Des asphyxiés…
Si vous ne vous prenez pas « en main », vous faites la culture de la chierie et vous risquez de vous y noyer. Vous vous nourrissez d’excréments, et vous êtes satisfaits, contents. Ce festin social auquel vous êtes invité est un piège.
Il y a de la couleur ajoutée.

Entrée et sortie 

Le doute est la porte d’une autre porte.
Des idées qui ne circulent pas, sont des idées mortes. Il faut donc avaler le repas par la porte d’en avant et rejeter ce qui vous apparaît dépassé ou instantané par la porte d’en arrière.
Stagner… Étant donné que nous aspirons tous à la paix et à une certaine quiétude, nous confondons la Vie, la profonde, à cette mort cultivée inconsciemment.
Éviter l’instantané. Ce sont des messages enregistrés depuis des millénaires qui s’usent plus vite qu’une qu’un couteau scotché à une meule de pierre.
La première erreur du débutant est de rejeter une idée ou un concept par le seul argument suivant : « c’est impossible ».
En fait, tout est possible. C’est que vous rejetez ce qui ne s’inscrit pas dans votre «somme de connaissances», il vous faut simplement attendre qu’une ouverture se fasse pour progresser.
La musique a ses silences, les savoirs également…
Aérer. C’est la base…

L’école Wal-Mart

Sous des apparences de savoirs, toute la structure actuelle des écoles des pays « développés » n’est qu’une calamiteuse arnaque pour la production en série de citoyens au services des États, eux-mêmes au service des adipeux conglomérats d’affaires, au service des banques et des guerres qualifiées de nécessaires.
Défaire sa maison pour en construire une autre.
On a détruit l’Irak pour les profits de la reconstruction… Pour aller pêcher des puits de pétrole.
Les chiens ont des médailles.
Les soldats également.
Comme des truites attirées par le leurre qui tournoie dans l’eau, cuillère argentée, tirant le poisson vers sa proie truquée.
Bienvenue les morues ! Et les sardines bien cordées en boîtes, sont alléchantes. De fait, en l’ouvrant, on a l’impression de voir les corps des soldats inconnus.
L’école, c’est l’eau qui alimente la rivière des États-couleuvres : nazisme camouflé. Une foultitude de snipers économiques et leurs polices à lunettes noires.
Affamé d’orgueil, vous risquez de perdre votre vie réelle au profit de dériveurs de rivières qui allument les villes en fabricant de l’électricité.
Plus c’est illuminé, plus vous êtes fasciné. Vous ne voyez plus rien…
Vous êtes un produit et un vendeur en même temps.
Ce qui fait de vous l’employé du MOI.
Le mec Do… La première note de la gamme.
Illusion et indigence de la mélodie que nous devrions être.
Vous êtes le souteneur d’un monde à la dérive défendant des causes que vous gagnez tout en vous perdant.
L’école est maintenant un business : on vend des diplômes. Et les écoles luttent entre elles. Organisées en petites industries.
Le seul diplôme qui vous restera sera comme la marque des cochons qu’on abat : intellectuel.
Ce mot glué à « intelligence »… Qui pourtant n’a rien à voir avec celui-ci.
Naïf vous êtes.
Poisson poissé.
Les portails organiques de Wall Street viennent de vous piéger. Avec des formules bien simples :
- Combattre le mal
- Défendre sa nation
- Défendre la liberté
- Apporter « quelque chose » au pays
- Etc.
Le réel motif est chez Goldman Sachs et dans les paradis fiscaux…
La démocratie n’a jamais réellement existé.
En fait, toute l’Histoire de l’humanité – ou presque – est un copier-collé déguisée de magiciens à qui nous avons donné notre chapeau en échange de nos cerveaux.
On est lapins…
Hourra !

Foreclosure

Idées congelées en vente dans toutes les formes de démocraties. Saisissez un échantillon près de chez vous.
Un produit de la Maison Uni-forme.
Le drapeau est fabriqué par des enfants au Bangladesh… Comme le T-Shirt que vous portez : I am free.
Vous êtes “novlangués”…

Gaëtan Pelletier  - Juin 2012 -

Photo : Je me suis trompé d’image, on dirait. On nomme cela un copier-coller.

Marcin Wasilewski Trio, l’Ambassade du jazz polonais

Proposé par Gilles Devers

e348bbd333001e624fb170c94e2d4.jpgLe sublime dans le jazz, c'est son histoire. Au départ, le génie de ces musiciens noirs inventeurs du blues, trouvant leur inspiration dans champs de coton du Sud raciste des US au début du siècle, puis le blues devient jazz en gagnant la Nouvelle-Orléans, avant d’émigrer pour Chicago et New York, avec des étapes qui marquent l’émancipation des Blacks : Luis Armstrong, Charlie Parker, Miles Davis, puis John Coltrane, Charlie Mingus, Ornette Coleman et Albert Ayler pour le free-jazz…Une histoire… Et puis soudain cette musique s’est répandue dans le monde entier.

Aujourd’hui, bienvenue dans l’Ambassade du jazz polonais avec Marcin Wasilewski au piano, Slawomir Kurkiewicz à la contrebasse et Michal Miskiewicz à la batterie. Le trio, qui venait de sortir son excellent CD Faithfull, enchante le festival de Jazz sous les Pommiers à Coutances en mai 2011. C’est un trio très solide et pour cause : il est dans le circuit depuis 1990, et les trois musiciens étaient alors des gamins. 

Ce jazz polonais, c’est tout simplement magnifique et c’est tout simplement du jazz. Marcin Wasilewski est un grand mélodiste, qui crée ses thèmes et reprend des standards, inspiré dans ses longues improvisations par Keith Jarret, porté la très inventive rythmique de Slawomir Kurkiewicz et Michal Miskiewicz : légère, virevoltante, inspirante. Au total, c'est un concert lyrique. 


Citation de Gandhi

D'abord ils vous ignorent ; ensuite ils se moquent ; puis ils vous combattent ; et enfin vous gagnez.

lundi 30 juillet 2012

La France, ce pays qui ne joue plus grand rôle en Afrique.

Komla KPOGLI                
  
Les nationalistes et autres patriotes français, rejoints par des africains naïfs ou intéressés par des miettes dont ils raffolent, clament à longueur de journées que la France ne joue plus aucun rôle en Afrique depuis l’accélération de la mondialisation. La France aurait perdu toute influence politique voire économique en Afrique, supplantée par la Chine, les autres pays dits émergeants mais aussi les Etats Unis d’Amérique qui confirment au jour le jour leur assise, nous dit-on.

Outre des élus français qui réfutent violemment la continuité française en Afrique, de simples citoyens se disant lassés d’entendre des « accusations gratuites » contre la France se positionnent et déplacent les responsabilités. Les élites intellectuelles et médiatiques ne sont pas en reste. Ainsi, de Pierre Péan à Antoine Glaser en passant par les petits sicaires de RFI, de France 24, de Le Monde… et des spécialistes autoproclamés de l’Afrique sévissant ici ou là, la France ne pèserait plus rien dans les territoires africains où, par pure compassion, elle n’aura gardé qu’une présence humanitaire. Avec l’avènement de François Hollande à l’Elysée et son attitude calme, plutôt froide contrairement à l’agitation de son prédécesseur Nicolas Sarkozy, ils sont très nombreux ces africains à voir là une rupture et un changement.

Or les faits disent justement le contraire de tout ce que nous venons de mentionner. On a vu Sarkozy tout au long des cinq années qu’il aura passées à l’Elysée recevoir quasiment tous les préfets africains. Un président français élu se rend en Allemagne, un pays européen où avec son homologue ils passent en revue les dossiers européens ou communs montrant ainsi qu’ils travaillent pour eux-mêmes. Les guignols africains eux, démontrant que Paris étant le centre du pouvoir africain, se rendent à Paris alors même que dans leurs territoires les citoyens ne connaissent même pas encore leur visage. Ainsi à peine « élu » au Sénégal vers la fin du mandat de Sarkozy, Macky Sall courait à Paris pour se faire adouber. Fait encore plus révélateur que Paris demeure maître en Afrique, Alassane Ouattara, le proconsul du territoire de Côte d’Ivoire a été reçu par Sarkozy le 07 mai 2012, le lendemain même de sa défaite à l’élection présidentielle. Un satrape africain aura été ainsi un des derniers dirigeants du monde à rencontrer le président français sur le départ, rejeté qu’il était par le suffrage. N’est-ce pas là une preuve de l’importance que revêt l’Afrique ?

Le successeur de Sarkozy n’a pas dérogé à la règle qui veut que la France soit « une puissance africaine » depuis les temps de la colonisation directe. Ayant pris ses fonctions seulement le 15 mai 2012, François Hollande a déjà reçu dans son palais, 6 préfets africains. En 2 mois de présidence, Yayi Boni du Bénin, Mahamadou Issoufou du Niger, Alpha Condé de la Guinée, Macky Sall (encore lui !) du Sénégal, Ali Bongo du Gabon, l’incontournable Gabon grand financier des campagnes présidentielles françaises, territoire qui accueillait le futur ministre des affaires étrangères Laurent Fabius de Hollande quelques semaines avant le premier tour de la présidentielle de 2012, et Alassane Ouattara ce 26 juillet 2012. Si on ajoute à cette liste, la réception du Roi du Maroc, Mohamed VI et celle de Moncef Marzouki de la Tunisie, le continent africain montre le visage triste du seul endroit de la planète où la France reste incontournable. Son influence demeure terrible au point où chacun des guignols se bousculent au portillon de l’Elysée pour avoir « l’imposition des mains » par son locataire de quelle que obédience qu’il soit. Cette imposition des mains élyséenne est le baptême ou l’acte confirmatoire par lequel lesdits guignols reçoivent la bénédiction pour accomplir leur tâche dans les colonies et par lequel ils sont assurés de bénéficier de tout le soutien nécessaire tant qu’ils ne sont pas tentés par une rébellion d’enfants gâtés contre leur tuteur.

Par ce défilé des petites têtes couronnées africaines à Paris, l’Afrique fait mieux que l’Europe même où se trouve la France. Elle offre la preuve qu’elle est une terre française et que la France, véritablement demeure une « puissance africaine ». On a peu vu des dirigeants européens se présenter à l’Elysée ces deux derniers mois. Pour un pays qu’on nous présente comme ne jouant plus grand rôle en Afrique, c’est dur de café de voir cette bousculade au portillon de sa présidence. Pour une rupture, c’en est une, vraiment !

Mais Hollande est un fin joueur. En recevant premièrement Yayi Boni et Mahamadou Issoufou, Alpha Condé et Macky Sall sur fond de la suppression de la cellule africaine à l’Elysée et de la refonte du ministère de la coopération annoncées urbi et orbi, Hollande entend vendre l’image d’une présidence française nouvelle qui traite avec des dirigeants africains moins répressifs et jouissant d’une relative tranquillité dans leur territoire respectif. Cette tactique, toutefois, fut très vite rattrapée par la réalité avec la réception d’Ali Bongo probablement pour sa contribution à la conquête du pouvoir par Hollande. La visite rendue par Fabius à Bongo en pleine campagne électorale en février 2012 démontre qu’il s’est passé quelque chose entre les deux pôles. Car, Ali Bongo, publiquement reconnu par des officiels français comme non-élu dans un documentaire diffusé sur France 2, la chaîne publique française a été quand même reçu et ceci malgré la protestation de quelques organisations et de quelques « opposants ». Même si François Hollande n’a pas fait de conférence de presse avec Bongo, se dérobant ainsi d’une éventuelle question surprise venant d’un journaliste français impertinent à l’occasion, il n’en demeure pas moins vrai que Ali Bongo fut reçu à l’Elysée au grand dam de certains enthousiastes du "Le Changement c’est maintenant".

L’autre réalité qui rattrape la tactique hollandienne amorcée, c’est la réception d’Alassane Ouattara de la satrapie de Côte d’Ivoire ce 26 juillet 2012 à l’Elysée, sanctuaire connu pour les tyrans africains obséquieux. L’homme qui a replongé le territoire de Côte d’Ivoire dans le bain françafricain en refermant de façon violente la parenthèse Laurent Gbagbo à coups de bombardements français à l’appui, avec cette seconde réception au palais en l’espace de 3 mois, montre que la Côte d’Ivoire française des temps de Houphouët Boigny est de retour. L’ancien ministre de la défense, Gérard Longuet voyant parfaitement cela n’affirmait-il pas devant l’Association des journalistes de défense (AJD), le mercredi 16 novembre 2011 à propos du redéploiement du dispositif militaire français en Afrique : « On aurait choisi Port-Bouët, en Côte d’Ivoire si Ouattara avait été en place plus tôt » ?

Somme toute, le ballet des contremaîtres africains à Paris rappelle étrangement celui fit par « les soleils des indépendances » au lendemain de la proclamation des indépendances fictives accordées ou reprises en main à la suite des assassinats pour rencontrer le général De Gaulle. On vit défiler tous ces « dirigeants » de «l’Afrique indépendante» à l’Elysée où « Mon Général » leur offrait des « toasts » à l’issue desquels, sourire aux lèvres, ils étaient invités à lever leur verre et à boire au nom de l’indépendance et son corolaire de « l’Amitié franco-africaine ». On célébra alors la rupture avec la confirmation du franc CFA, le maintien ou la signature des accords de coopération militaire et le renforcement de « l’aide française » à cette « Afrique indépendante ». Il en est ainsi dans les années 90 avec, cette fois-ci, LA Rupture sous Mitterrand car le «vent de l’Est» soufflait et ce vent apportait, aux dires de « l’élite indigène » collaboratrice coloniale, une «ère de démocratie». Pour que cette Rupture fût, rien de moins qu’un « grand discours » devant leurs "excellences"  africaines à Baule dont les lendemains s’étaient traduits par un ballet à l’Elysée des mêmes à qui le « Président de la République », semble –t-il, intimait l’ordre de réformer. De l’ère de Jacques Chirac « l’avocat de l’Afrique » comme il aimait s’appeler, n’en parlons pas. Les satrapes africains n’avaient autant été accueillis sous les « ors de la République » avec émotion. Chirac l’Africain savait transborder et retourner à ses visiteurs noirs « l’accueil authentiquement africain », formule consacrée dans les satrapies africaines. Sarkozy, préparant la conquête s’était senti obligé de promettre LA RUPTURE de la rupture, cette fois-ci, ce sera LA RU-RUPTURE, (ne rions pas !). En 2006, dans un discours à Cotonou, puis dans un autre à Bamako, Nicolas Sarkozy ira jusqu’à dire que « la France n’a pas besoin de l’Afrique ». On aurait donc attendu que la France sous Sarkozy se débarrasse d’une Afrique qui n’est qu’un poids pour cette France. Finalement, pour des raisons humanitaires, oui, pour des raisons humanitaires et nulle autre, Sarkozy ne s’en est pas débarrassé. Qui vous a dit que « l’humanitaire » n’est pas bénéfique ? Surtout s’il se traduit par un accès aux matières premières quasi-gratuitement, le franc CFA mettant sous tutelle française les économies africaines, les bases militaires françaises et des guerres de reconquête ici ou là ?
François Hollande, rusé qu’il était dans sa conquête du pouvoir, promettait le changement face à un adversaire plus dru, plus direct et tutoyant la vulgarité. Au point 58 de ses 60 engagements, Hollande écrit, en ce qui concerne l’Afrique, « Je romprai avec la « Françafrique », en proposant une relation fondée sur l’égalité, la confiance et la solidarité… ». Cette proposition n’est pas une nouveauté. Au contraire, elle est dans la droite ligne de la rupture de ses prédécesseurs depuis de Gaulle. C’est cette rupture que nous voyons avec le tapis rouge déroulé aux préfets africains à Paris.

Certains africains, forcés qu’ils sont, voudraient bien croire en leurs rêves et en leurs espérances illusoires qu’ils espèrent voir se matérialiser par un décret que le nouveau locataire du palais présidentiel français prendrait pour sortir l’Afrique de l’orbite française. Peut-être que ces réceptions traduisent les négociations en cours (sans rire !) entre leurs « excellences » africaines et Paris pour LA RU-RU-RUPTURE. L’espoir ne fait-il pas vivre ? Il fait mieux vivre, d’ailleurs, quand il est illusoire !

Concluons avec Cheikh Anta Diop : « l’esclave ne devient un acteur de l’histoire que dans la mesure où il est pleinement conscient de son aliénation et qu’il cherche activement à changer de condition. Un esclave qui n’a pas le sentiment d’avoir perdu sa liberté ne jouera aucun rôle révolutionnaire, même si le théoricien n’a aucune peine à démontrer son statut d’esclave. » Mieux, disons que les esclaves qui attendent que la toute puissance de leurs maîtres se transforme un jour en toute bonté à la suite d’un humanisme retrouvé face aux intérêts économiques qui fondent leur démarche, sont définitivement condamnés à la servitude.
Le décret de libération attendu ne viendra donc pas de Paris. Il sera de notre fait.


Komla KPOGLI - 28 juillet 2012 -

Photo :  Hollande et Alassane Ouattara, 26 juillet 2012

http://lajuda.blogspot.com

La Libye est-elle la nouvelle Somalie ?

Thomas C. MOUNTAIN - Counterpunch -  


La Libye semble en passe de devenir la prochaine Somalie avec la plus grande partie du pays déjà dominée par des milices armées tribales. Comme ce fut le cas en Somalie, la Libye est en cours de partition, étant donné que la région Cyrénaïque riche en pétrole de l’ouest du pays a de facto déclaré son indépendance.
Tripoli, la capitale de la Libye, semble en passe de devenir ce qu’était Mogadishu, la capitale de la Somalie, il y a 20 ans, avec l’installation dans la ville de diverses milices bien armées venant de l’extérieur qui se battent pour prendre des territoires et tout ce que le pouvoir procure.

Le seul vrai gouvernement national moderne que la Libye ait jamais connu a été celui de Kadhafi exactement comme le seul gouvernement moderne que la Somalie ait connu a été celui de Siad Barre.
Les deux pays sont le fruit du colonialisme italien et faisaient partie de l’empire colonial italien en Afrique. Aucun des deux n’a d’unité historique. Avant le colonialisme italien, la Libye était constituée de deux villes état et de nombreuses tribus presque toutes nomades.
Avant le colonialisme italien, il semble qu’il n’y ait jamais eu de roi en Somalie ; la Somalie semble plutôt avoir été le pays des Somaliens, gouverné par des conseils tribaux, des grands chefs et des conseils de grands chefs.
Ce ne sont pas les peuples qui ont créé la structure dans laquelle ils se sont retrouvés, bien au contraire. Cependant les deux pays s’en sont bien sorti pendant tout un temps, même s’il est difficile de le croire en ce qui concerne la Somalie.
En 2011 la Libye a été détruite par un bombardement aérien presque sans précédent, plus de 10 000 sorties aériennes au cours desquelles environ 40 000 bombes et missiles ont été larguées sur le pays en 8 mois à peu près. 40 000 bombes ! Si on compte deux personnes tuées par bombe cela fait environ 80 000 Libyens tués par l’OTAN en 2011, non ? Et tout ça sur une population de seulement 6 millions...

À l’échelle de la Grande Bretagne, cela équivaudrait à presque 100 000 sorties, environ 400 000 bombes et 800 000 morts anglais. 800 000 Anglais tués en 8 mois, cela vous donne une idée de l’ampleur de la violence déployée par l’OTAN pour détruire la Libye.
Aujourd’hui la Libye exporte plus de 90 % de sa production de pétrole et de gaz d’avant la guerre, environ 2 millions de barils par jour du meilleur pétrole de la planète. Où vont les presque 200 millions de dollars par jour, 6 milliards par mois, plus de 70 milliards à la fin de 2012, demeure globalement un mystère.
Le parrain issu d’Al Qaeda des rebelles libyens qui a fait le nettoyage après les bombardements de l’OTAN est l’infâme Belhaj, l’ancien commandant d’Al Queda en Irak et un capo d’Al Queda en Afrique du nord. Aujourd’hui il dirige la milice la plus large et la plus efficace de Tripoli. Derrière lui on trouve des milices tribales de tailles et de compétences différentes, dont les milices Zintan qui détiennent actuellement Saif al Islam Kadhafi.
Au milieu de tout ça et bénéficiant d’une paix fragile avec les milices, il y a le Conseil National de Transition dirigé par d’anciens lieutenants de Kadhafi.
Les élections organisées par un gouvernement installé par l’OTAN ne sont qu’une comédie destinée à procurer un semblant de légitimité au régime actuel dont le rôle est de percevoir la part de la Libye sur les 70 milliards par an du pétrole ainsi que les 100 milliards et plus de la richesse souveraine de la Libye déposée dans les banques occidentales.
En face de Belhaj et du CNT et de ses ramifications, on trouve ce qui porte le nom de Résistance Verte, ce que les médias internationaux appellent "les loyalistes pro-Kadhafi". Ils regroupent un grande partie de la plus grande tribu libyenne, les Warfalla, dont la mère de Saif al Islam est issue, et semblent être en train de constituer, lentement mais sûrement, une sorte de force défensive pour protéger leurs communautés des seigneurs de guerre et de leurs milices.
Belhaj a été autrefois enfermé dans un donjon libyen et torturé par la volonté de ceux qui sont maintenant les capos du CNT, grâce au programme d’extradition de la CIA, et il n’a été mis fin à la torture et aux mauvais traitements qu’il subissait que lorsque Saif al Islam Kadhafi a convaincu son père de lui pardonner ainsi qu’à ses acolytes en échange d’une promesse de coexistence pacifique qu’il n’a pas tenue longtemps.
D’après ce qu’on sait, Belhaj manifeste une sorte de bienveillance à Saif al Islam, ce qui pourrait expliquer pourquoi Kadhafi junior reste aux mains des alliés de Belhaj à Zintan, hors d’atteinte du CNT et de la Cour Criminelle Internationale.
Il est fort probable que Belhaj ait très envie d’arracher le contrôle des milliards du pétrole au régime soutenu par l’OTAN tout autant que d’en finir avec ses anciens bourreaux qui dirigent maintenant le CNT à Benghazi (quand ils ne sont pas à l’étranger).
Pour ce faire, Belhaj pourrait très bien conclure un cessez le feu avec la Résistance Verte qui aimerait aussi se débarrasser des marionnettes de l’OTAN. Une fois le CNT éliminé, il y aura peut-être même un accord entre Belhaj et Saif al Islam pour essayer de mettre fin à la destruction du pays ?
Ce ne sont peut-être que des plans sur la comète qui, en outre, dépendent du fait que l’OTAN ne vienne pas au secours du CNT, ce qui explique peut-être la patience dont font preuve Belhaj et ses alliés.

Qui sait ? La réalité dépasse parfois la fiction, et les hypothèses d’aujourd’hui peuvent se réaliser demain. Mais en attendant, l’histoire semble bien aller dans le sens de la transformation de la Libye en une nouvelle Somalie.

Thomas C. Mountain

Thomas C. Mountain est le journaliste indépendant le plus publié en Afrique ; il vit en Erythrée depuis 2006. Il est régulièrement interviewé par Press TV et RT. On peut le joindre à : thomascmountain (at) yahoo.com.
Pour consulter l’original : http://www.counterpunch.org/2012/07/25/is-libya-the-next-som...
Traduction : Dominique Muselet

L’UE ne veut pas d’un Etat palestinien !

France Palestine Solidarité                    

C’est une décision par­ti­cu­liè­rement grave et conster­nante que vient de prendre l’Union euro­péenne en décidant, mardi 24 juillet, le ren­for­cement de ses rela­tions avec Israël avec 60 actions concrètes arrêtées tou­chant 15 domaines écono­miques et poli­tiques majeurs. Ce pays était repré­senté, à cette réunion annuelle du Conseil d’association UE-​​Israël, par Avidgor Liberman, l’ultra extré­miste Ministre des Affaires étran­gères israélien.

Cette décision scan­da­leuse, aux retombées poli­tiques dra­ma­tiques, a été prise froi­dement alors que le Conseil européen des Affaires étran­gères avait assuré que rien ne devait être fait qui menace la solution des deux Etats. Or la poli­tique israé­lienne n’a jamais été aussi dévas­ta­trice dans les ter­ri­toires occupés et opposée à toute solution allant dans ce sens qui est celui édicté par le droit international.
Non seulement à Gaza mais dans toute la Cis­jor­danie et à Jérusalem-​​Est, la poli­tique d’occupation israé­lienne ne cesse de se déve­lopper chaque jour qui passe. Non seulement les droits humains fon­da­mentaux, qui fondent l’accord d’association, ne sont pas res­pectés mais chaque jour, inclus dans les prisons, de nou­velles et graves atteintes à ces droits sont déve­loppés, inclus en Israël même concernant les Pales­ti­niens mais aussi la popu­lation immigrée vic­times d’un racisme odieux et violent.
Israël ne veut pas d’un Etat pales­tinien tel que défini par le droit inter­na­tional. Tout au contraire il œuvre à le rendre impos­sible tandis qu’au même moment l’Autorité pales­ti­nienne est finan­ciè­rement exsangue.
Dans ces condi­tions, seule une poli­tique de sanction de la poli­tique israé­lienne devrait être à l’ordre du jour pour aller dans cette voie de plus en plus bouchée du fait de la poli­tique israé­lienne. L’Accord d’association UE-​​Israël, en appli­cation de son article II, devrait être sus­pendu et non pas renforcé.
L’Union euro­péenne, par cet acte poli­tique, donne un total feu vert à Israël afin qu’il pour­suive dans cette voie abso­lument sui­ci­daire du refus de l’existence d’un Etat pales­tinien dans les fron­tières de 67 avec Jérusalem-​​Est comme capitale.
Nous condamnons avec force cette poli­tique euro­péenne qui sou­tient en pra­tique tous les faits et gestes de la Force occu­pante israé­lienne tout en faisant mine de défendre le droit. C’est purement et sim­plement une poli­tique de gri­bouille, mais aussi une poli­tique folle, humi­liante pour le peuple pales­tinien et, au-​​delà, pour tout le monde arabe.
La France est engagée de facto par cette décision désas­treuse prise par l’Union euro­péenne, sous l’égide d’un Com­mis­saire européen et sous l’actuelle pré­si­dence chypriote.
Elle l’est d’autant plus qu’elle se refuse encore à recon­naître, par une décision qui lui appar­tient en propre, la Palestine aussi bien de manière bila­térale, comme l’ont fait plus de 130 Etats dans le monde, qu’au Conseil de sécurité où l’admission de la Palestine comme Etat de plein droit est bloquée du fait de l’attitude fran­çaise, notamment.

Cette poli­tique qui vise à sou­tenir et à récom­penser Israël est plus que périlleuse. La France, ceux qui la dirigent aujourd’hui, doivent s’opposer aux déci­sions prises mardi. Sinon, en se plaçant du côté des occu­pants, ils vio­le­raient le droit et leurs enga­ge­ments pré-​​électoraux. Ce serait une faute poli­tique très lourde de sens et de portée.

Le Bureau National AFPS

En obéissant au diktat américan-israélien, Peugeot s’est privé du marché iranien et a fait chuter sa production de 13%

Lutte Ouvrière                          

Titre original - « PSA : les mensonges grossiers du patronat » 
 
Depuis une semaine, la direction du groupe PSA — et derrière elle les représentants du patronat — ont mis en route la grosse machinerie pour préparer l’opinion à l’annonce de la fermeture d’Aulnay et de milliers de suppressions de postes dans d’autres usines.
Dans cette comédie bien huilée, la direction du groupe a reçu le soutien de toute une partie de la presse, bien complaisante : depuis une semaine, les titres, tous plus catastrophistes les uns que les autres, s’enchaînent à la une des médias : « PSA s’effondre », « PSA au bord du gouffre », a même titré Le Figaro. Un gouffre où la famille Peugeot ne devrait pas se faire trop mal si elle devait y tomber, sa chute étant amortie par le matelas de milliards qu’elle cache en Suisse depuis des décennies.
Mais la presse n’est pas seule à jouer cette partition : un certain Eric Saint-Frison, «consultant automobile», a expliqué le 5 juillet sur BFM avec le cynisme de ceux dont l’avenir n’est pas menacé par un licenciement : « La question est de savoir pourquoi il faudrait garder un site industriel là où il ne devrait plus y en avoir ? » Quant à la patronne du syndicat des milliardaires, Laurence Parisot, elle a naturellement pris fait et cause pour la fermeture d’Aulnay en expliquant qu’il fallait « accepter des restructurations » au nom de la compétitivité — et cela même si c’était « douloureux ».
Ce qui a provoqué toute cette effervescence, c’est la publication d’un simple chiffre : les ventes de PSA, au premier semestre 2012, auraient chuté de 13,6 %. Même si ce chiffre reflétait réellement une baisse des ventes, on ne voit pas bien en quoi il justifierait une saignée de milliers d’emplois : rappelons qu’en 2010 et 2011, PSA a réalisé les deux meilleurs chiffres de vente de son histoire, et que même avec 13 % de chute, le groupe resterait encore très au-dessus de ses chiffres des années 1990.
Mais de toute façon, l’annonce de ce chiffre est une grossière manipulation. La direction « oublie » en effet de préciser que, suite à l’accord avec GM, elle a décidé de suivre l’embargo américain sur le marché iranien. Or, ce marché tenait jusqu’alors la deuxième place dans les ventes du groupe, juste après la France. En renonçant à exporter en Iran, PSA a décidé de s’asseoir sur 457 000 voitures vendues par an (en 2011), soit quelque 200 000 en six mois... quelle surprise, tout juste le chiffre de baisse des ventes annoncé cette semaine ! Hormis ce choix stratégique du constructeur, il n’y a donc pas de baisse des ventes... mais simplement une annonce bien opportune, qui permet de justifier aux yeux de l’opinion la fermeture d’une usine de montage.

Il y a au moins une catégorie de la population que ces manœuvres rendent enthousiastes : ce sont les spéculateurs. Le jour où la presse a donné la parole à un syndicaliste du groupe qui disait craindre plus de 10 000 licenciements à venir chez PSA, l’action du groupe bondissait... de plus de 5 % !

Lutte Ouvrière - 13 juillet 2012 -

Le gouvernement grec et les responsables européens planifient des milliards en nouvelles coupes sociales

Alex Lantier et John Vassilopoulos 
 
Les responsables grecs ont rencontré hier le président de la Commission européenne (CE), José Manuel Barroso, et les responsables financiers internationaux pour discuter d’une nouvelle série de coupes budgétaires totalisant 11,5 milliards d’euros (14,4 milliards de dollars US) en 2013-2014.
Ces réductions, qui représentent plus de 5 pour cent du produit intérieur brut (PIB) grec, anéantiront l’économie grecque déjà saignée à blanc par les vagues répétées de coupes sociales qui sont survenues durant ces trois dernières années. Le budget du ministère du Travail devrait se contracter de 5 milliards d’euros aux dépens en grande partie des retraites.
Le système hospitalier grec ravagé devrait subir de nouvelles réductions à hauteur de 300 millions d’euros. Le ministre de la Santé, Andreas Lykourentzos, a été contraint de nier des articles selon lesquels Athènes projetait d’imposer une limite obligatoire maximale de 1.500 euros des dépenses de santé par patient en Grèce.
Ces réductions sont massives par rapport à la taille de l’économie grecque ; les montants correspondants seraient aux États-Unis 802 milliards de dollars, 82 milliards de livres sterling en Grande-Bretagne ou 136 milliards d’euros en Allemagne. Elles viennent s’ajouter à la plus forte contraction de l’activité économique en Grèce depuis l’occupation nazie du pays ; la plupart des travailleurs ont perdu entre 30 et 50 pour cent de leurs salaires et de leurs avantages. Des articles publiés en début d’année ont suggéré que grosso modo 30 pour cent de la population grecque est obligée de s’adresser à des cliniques mobiles pour les soins de santé.
Athènes procède aux dernières coupes budgétaires dans une tentative désespérée d’atteindre l’objectif de réduction budgétaire de l’Union européenne (UE) qu’elle a manqué étant donné que la politique d’austérité a rétréci l’économie de la Grèce plus rapidement que celle-ci n’a été en mesure de rembourser ses dettes. L’économie devrait se contracter de 7 pour cent en 2012, un pourcentage plus élevé que les 4,5 pour cent prévus antérieurement. La Grèce a besoin d’une aide supplémentaire pour faire face à un remboursement de 3,26 milliards de la dette due le 20 août.
Les dirigeants de la coalition gouvernementale grecque se sont réunion hier soir pour finaliser les réductions budgétaires. Le premier ministre Antonis Samaras de Nouvelle Démocratie (ND), le dirigeant de PASOK, Evangelos Venizelo, et le dirigeant de la Gauche démocratique (DIMAR), Fotis Kouvelis, ont approuvé environ 10 milliards d’euros de réduction. Le porte-parole du gouvernement, Simos Kedikoglou a dit que la réunion avait été « constructive », en ajoutant : « Tout le monde veut contribuer à atteindre les objectifs financiers. »
Samaras, Venizelos et Kouvelis n’auraient pas été d’accord quant à la question de savoir où effectuer la réduction finale de 1,5 milliard d’euros. Samaras aurait refusé de réaliser des coupes dans les « salaires spéciaux » de la fonction publique, versés surtout aux forces de sécurité, tandis que Venizelos espérait éviter de nouvelles coupes dans les retraites. Les pourparlers de la coalition pour finaliser les coupes sont censés reprendre lundi.
Samaras devait aussi rencontrer les responsables de la « troïka » – la Commission européenne (CE), le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque centrale européenne (BCE) – pour de nouveaux pourparlers hier.
Au bout de deux heures de réunion avec Samaras, Barroso a répété les exigences de l’UE en faveur de réductions : « Pour maintenir la confiance de ses partenaires européens et internationaux, les retards doivent prendre fin. Les paroles ne suffisent plus, les actes sont beaucoup plus importants. »
Ces événements soulignent la faillite de l’establishment politique grec – à la fois du gouvernement actuel, qui impose toutes les coupes imposées par l’UE, que du parti pseudo-gauche SYRIZA qui a émergé comme le principal adversaire de ND lors des élections en juin. Tout en critiquant légèrement l’austérité de l’UE, SYRIZA a promis de rembourser les banques en faisant des promesses de campagne à l’adresse de l’armée et de la police, en offrant officiellement les élections à ND. Il a promis d’être une opposition « responsable », de ne pas appeler à débrayer et de soutenir l’UE (voir «SYRIZA backs Greek government’s capitulation to the EU » en anglais).
Les tensions sociales et politiques sont en train de s’intensifier en Grèce, ce qui est reflété par la récente démission du général Constantinos Ziazias comme chef de l’armée de terre. Il a annoncé mercredi matin qu’il quittait ses fonctions, en expliquant : « J’ai été appelé à 2 heures du matin pour recevoir une liste de noms d’officiers à promouvoir ou à congédier. Je ne peux accepter une telle ingérence dans l’exercice de mes responsabilités. »
Il s’agissait apparemment d’une continuation des luttes intestines au sein de l’armée qui avaient surgi l’automne dernier lorsque le gouvernement PASOK du premier ministre George Papandreou avait limogé l’ensemble des hauts gradés dans un contexte de rumeurs d’un éventuel coup d’État après l’annonce d’autres mesures d’austérité impopulaires. Ceci avait provoqué une opposition parmi l’ancien personnel militaire du « Groupe de défense » de ND, qui comprend l’actuel vice-ministre de la Défense, Panagiotis Karabelas. Ces forces souscrivent actuellement à une redistribution de l’influence au sein de l’armée, dans un contexte de mécontentement grandissant dans les rangs au sujet de la politique économique. 
Le site Internet grec onalert.gr a commenté, « Assurément, le personnel de l’armée est dans un état désespéré… en raison des réductions qu’il a endurées et de celles à venir ; en plus de l’angoisse d’être muté ailleurs. Dans aucun autre pays civilisé européen les promotions et les révocations d’officiers de l’armée sont liées de manière aussi flagrante et crue à des partis politiques. »
Les responsables de l’UE agissent pour préserver l’euro en menant de brutales attaques contre la classe ouvrière et l’économie grecque. Dans le même temps, un débat amer fait rage au sein de la bourgeoisie européenne quant à savoir s’il faut sauver la Grèce et d’autres pays endettés. D’aucuns préconisent la suppression du crédit à la Grèce pour l’obliger à quitter la zone euro, à réintroduire et à imprimer sa propre monnaie afin d’éviter un effondrement de son système bancaire.
Markus Soeder, le ministre des Finances de Bavière, en Allemagne, a été le dernier en date à réclamer l’expulsion de la Grèce de la zone euro. Hier, il a qualifié la Grèce de « puits sans fond », en ajoutant : « En termes de mesures de réforme, il n’y a rien. Je ne pense donc pas que la solution consiste à octroyer davantage d’argent à la Grèce, mais que la Grèce sorte de la zone euro. »
Hier, toutefois, les responsables de la troïka ont aussi dit au quotidien Kathimerini que si la Grèce effectuait les coupes convenues actuellement, ils appuieraient le maintien de la Grèce dans la zone euro. En ce qui concerne Barroso, il a dit que tous les chefs d’État européens étaient engagés à maintenir la Grèce à l’intérieur de la zone euro, « tant que ses engagements étaient honorés ».
Hier, le président de la Banque centrale européenne, Mario Draghi, a promis que la BCE ferait «tout ce qu’il faut pour préserver l’euro», en ajoutant : « Et croyez-moi, ce sera suffisant. » Les commentateurs financiers ont de manière générale interprété ceci comme une promesse d’imprimer toutes sommes nécessaires au financement des États endettés de la zone euro – dont non seulement la Grèce, mais des économies plus vastes, y compris l’Italie et l’Espagne.
Alors qu’elle cherche à débloquer les ressources pour rembourser les banques, la bourgeoisie européenne est donc en train de choisir entre deux politiques tout aussi défaillantes l’une que l’autre : ruiner les travailleurs dans les pays endettés au moyen d’une austérité dévastatrice ou imprimer de vastes quantités d’argent – une politique que Berlin rejette en avançant une interdiction à la BCE de « monétiser la dette », ou de financer les dépenses du gouvernement par le recours à la planche à billets inflationniste.
En faisant référence au prêt d’un millier de milliards d’euros accordé par la BCE aux banques européennes au début de l’année, le Wall Street Journal a écrit, « Pendant un moment les banques ont fait ce que la BCE leur demandait : elles ont racheté leurs dettes souveraines, entraînant ainsi une baisse du taux de rendement. Mais, le millier de milliards d’euros n’était pas suffisant. Les taux de rendement n’ont chuté que provisoirement. Maintenant, il semble que M. Draghi veut ignorer les restrictions concernant la monétisation de la dette… Théoriquement, la BCE n’est limitée que par la vitesse avec laquelle elle peut faire marcher la machine à imprimer de l’argent. Et, à l’époque de la finance électronique, il s’agit essentiellement de la vitesse de la lumière. »
De manière étonnante, les quantités massives de crédit mises à la disposition des banques n’ont pas produit de croissance. Alors que les marchés boursiers européens s’attendaient à de nouveaux fonds de la BCE, les derniers chiffres économiques publiés en Europe et internationalement font état d’une contraction continue en Europe. L’économie britannique a rétréci de 0,7 pour cent, soit plus que prévu, au second trimestre de cette année, et l’Allemagne est confrontée à une baisse de confiance des chefs d’entreprise dans l’attente qu’elle doive contribuer au financement d’un renflouement du secteur bancaire espagnol en difficulté.
(Article original paru le 27 juillet 2012)