samedi 10 octobre 2009

Une campagne nauséabonde contre Frédéric Mitterrand

Par Jean Dornac


Je fais partie des citoyens qui ont été choqués par le ralliement de Frédéric Mitterrand à Nicolas Sarkozy. Je ne suis pas contre le principe d’une union en cas de crise exceptionnelle qui peut justifier, un temps, ce mélange des genres. Mais ce que je veux dénoncer est bien plus grave.


À l’instigation du Front National, une lourde et mensongère campagne a été lancée contre le nouveau ministre de la Culture. Ces gens l’accusent de pédophilie en s’appuyant sur quelques lignes d’un livre publié par Frédéric Mitterrand il y a quelques années. Or il apparaît que tel n’est pas le cas.

Ce que je perçois comme très grave dans ce scandale, c’est que, pour des raisons de lamentable cuisine électorale, le parti de Jean-Marie Le Pen, par la voix de sa fille, cherche à détruire l’honneur d’un homme, voire de le détruire en tant qu’homme.

Comment oublier le sort de Pierre Bérégovoy, victime d’une autre campagne et qui a fini par se suicider ? Comment oublier Roger Salengro, encore une victime de la lèpre des rumeurs et des campagnes de dénonciations qui, lui aussi, a fini par se suicider. Est-ce cela que cherchent les têtes pensantes du Front National ? Est-ce ainsi qu’ils espèrent progresser lors des prochaines élections ?

Ligue des Francistes le 11 novembre 1934 (cliché Keystone)

Lorsque j’ai vu les images de la manifestation des « frontistes », hier soir, devant TF1, pendant que le ministre s’expliquait devant les caméras, je n’ai pu m’empêcher de penser qu’il y avait une tragique similitude entre ces gens, ce parti et les « Ligues », fascistes pour la plupart, ayant sévi dramatiquement au cours des années 1930. Ces gens dont un certain nombre s'est tourné, quelques années plus tard, vers le régime de Vichy de Pétain et Laval, puis a intégré les « milices » ; ces milices qui ont servi les nazis et le nazisme en livrant nombre de juifs et en tuant ou torturant nombre de résistants. Le fanatisme et l’abjection mènent inévitablement aux pires dérives de l’histoire.

Morale ?

Venant de la part du Front National, rien ne m’étonne ; plus il y a de bassesse, d’inhumanité, plus on rejoint la logique d’un parti extrémiste qui ignore le sens de la justice, le sens de l’honneur, tout en défilant, bien trop fièrement, derrière la bannière de la République. Cette fierté de « coq gaulois dressé sur ses ergots » est d’office suspecte à mes yeux et veut beaucoup dire…

Le plus comique, si je puis dire, c’est que Marine Le Pen jouait les offusquées devant les supposés « pauvres petits garçons » dont le ministre aurait abusé. Oser parler de morale lorsqu’on dirige un parti comme le Front National a quelque chose d’hilarant. Il faut un monstrueux culot pour parler de morale lorsqu’on prône « la préférence nationale », lorsque toute la doctrine est basée sur le refus de la reconnaissance de l’égalité entre tous les humains, d’où qu’ils soient, lorsque le chef historique de ce parti minimise régulièrement l’horreur du génocide contre les juifs d’Europe commis par les nazis. Il n’y a aucune dignité dans les sphères dirigeantes de ce parti, aucune morale, sinon celle du passé, celle qui concerne avant tout les mœurs, celle dont on sait bien qu’elle garantit la main mise sur les peuples.

L’écœurement s’est encore agrandi en moi, lorsque j’ai entendu des « responsables » socialistes se ranger aux côtés des vociférations du Front National. Que ceux-là aient oublié la torture subie par Bérégovoy et Salengro n’est guère excusable et cela montre combien ce parti est, lui aussi, malade.

Ce court texte n’est pas un soutien à Frédéric Mitterrand, ministre de Nicolas Sarkozy, mais un soutien à l’homme que l’on traque et que l’on cherche à abattre, les uns par haine de l’humain différent, les autres par vengeance contre celui qui est passé dans l’autre camp.

Cette polémique est ignominieuse et absolument indigne d’un pays comme la France. Ou alors, cela veut dire, que les valeurs de notre pays ont été totalement oubliées, bafouées, foulées aux pieds.

C’est quelque chose comme de la gangrène qui gagne la France…

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