jeudi 10 mars 2011

Les révolutions arabes et la cause palestinienne

Ziad Medoukh

Les révolutions arabes se poursuivent au Maghreb comme au Machrek, le vent de la révolte souffle, on assiste à une vague de contestation radicale dans plusieurs de ces pays contre l’injustice, pour la démocratie, pour un changement de pouvoir et de régime et pour la justice sociale.

Les jeunes, le mouvement national, et les différents courants sociaux et politiques participent à des manifestations quotidiennes qui réclament le changement d’un système corrompu, autoritaire et répressif, un système qui, au pouvoir pendant de très, de trop, nombreuses années, n’a jamais réalisé leurs aspirations les plus élémentaires à vivre dans la dignité (économique et politique) et dans le respect de leurs droits de citoyens à la liberté d’expression, la liberté d’organisation, et à une justice équitable.

Nous souhaitons que les peuples arabes aillent jusqu’au bout de leurs révolutions pour se débarrasser, une fois pour toutes, de ces bourreaux, internes et externes, afin de se réapproprier leur dignité et les richesses qui leur ont été confisquées !

Nous Palestiniens, sommes, pour notre part, très attentifs à l’évolution de ces derniers mois dans un monde arabe en pleine révolution, dont les régimes, restés longtemps aux commandes des pays, sont en train de s’effondrer.

Au cours de l’histoire de ces 20, voire 30 dernières années, entre ces régimes arabes et les représentants du peuple palestinien, ses institutions, tels l’Organisation de la Libération de la Palestine (OLP) , l’autorité palestinienne et les différents partis politiques , les relations ont été souvent tendues, du fait de l’alliance des ces régimes avec la politique américaine, politique de soutien permanant à celle de l’occupation israélienne.

Et c’est le peuple palestinien, à l’intérieur comme à l’extérieur, qui en a fait les frais et en a souffert, et en souffert encore. Citons comme exemple l’expulsion des Palestiniens du Kuweit après la première guerre du Golfe lorsque l’OLP a pris position aux côtés de l’Irak ; le blocus cruel et inhumain imposé à la population de Gaza en est un autre ; et l’on pourrait en énumérer encore bien d’autres…. !

La réaction des grandes puissances internationales, qui semblent toutes avoir été prises de court devant ces révoltes arabes, est surtout marquée par une grande hypocrisie, et l’application constante de la politique du « deux poids, deux mesures » : d’une part, réaction rapide contre les dirigeants arabes contestés, leurs plus fidèles alliés de la veille, au non du non- respect, dans leur pays, de la démocratie et des droits de l’homme ; et de l’autre, la perpétuation de leur silence complice devant les crimes israéliens quotidiens contre les Palestiniens .

Nous, Palestiniens, qui suivons avec beaucoup d’attention les événements de ces derniers mois dans le monde arabe, attendons l’instauration d’un nouveau pouvoir dans ces pays afin d’observer quelle sera leur position vis- à -vis de la cause palestinienne.

Dans cette expectative, l’opinion palestinienne se divise actuellement deux points de vue :

Le premier, optimiste, pense que ces événements sont positifs et rassurants pour la cause palestinienne et notre peuple ; le changement va toucher tout un système, complice des Américains et des Israéliens ; les forces nationalistes et démocratiques qui vont prendre le pouvoir dans ces pays vont soutenir les Palestiniens dans leur lutte légitime contre l’occupant et ainsi, la Palestine trouvera de la part de peuple frères, longtemps contraints d’ignorer son attente, un soutien officiel et populaire.

Le second est pessimiste et exprime l’inquiétude des Palestiniens qui craignent que le nouveau pouvoir de ces pays soit long à organiser des élections, à instaurer un nouveau régime ; ceci ne pourra se faire du jour au lendemain et nécessitera beaucoup de temps et d’efforts, ce nouveau pouvoir aura beaucoup de défis à relever et de priorités à assurer qui relégueront la cause palestinienne au second rang de leurs préoccupations.

Ces deux positions montrent, une fois de plus, combien les événements du monde arabe peuvent influencer l’évolution de la situation en Palestine. Les Palestiniens, instigateurs de deux intifada héroïques qui ont servi en partie de modèle ou de source d’inspiration aux révoltes des populations arabes, sont actuellement dans une situation d’encerclement et d’avancée du projet de colonisation israélienne dramatique. Les divisions inter-palestiniennes et les graves questions de leadership renforcent leur impuissance et l’absence de perspectives du moment, apparentes, face à une situation d’oppression de plus en plus forte.

Les frères arabes qui se réveillent dans leur combat pour la démocratie et la justice peuvent être à leur tour une source d’inspiration pour nous et représenter un espoir pour l’avenir et le renforcement d’une solidarité concrète.

Certes, il y a encore beaucoup d’incertitude quant à l’avenir de ce printemps des peuples arabes pour l’émancipation, la dignité et la justice - combat pour lequel tant de jeunes martyrs ont déjà donné leur vie ! -, mais nous avons confiance que ces peuples ne se laisseront pas confisquer leur révolution et continueront leur combat.

Nous-mêmes Palestiniens ne resterons pas silencieux très longtemps. Nous allons bouger, nous devons bouger contre les forces d’oppression de l’occupation, pour l’unité de notre peuple, la défense de notre terre et de nos droits, la liberté et la justice.

En attendant le changement, la solution, nous, Palestiniens, sommes toujours debout, et allons continuer de nous attacher à ce principe : « Résister à l’occupation, c’est être libre ! ».

Ziad Medoukh
(Mardi, 08 mars 2011 - Avec les agences de presse)

Aloufok

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