jeudi 28 juin 2012

Problème conceptuel de la dette publique

Jean-Jacques REY   

La « sarkozye » a beau s’être estompée comme une boursouflure d’orage dans le ciel de France, il n’en reste pas moins un malaise général qui pèse, comme si on sortait brusquement d’un mauvais rêve. Les masques des uns sont tombés comme les illusions des autres… Mais une bonne partie de la population a la gueule de bois et les perspectives aussi étriquées que le moral. Au lendemain de la cure néolibérale, difficile de faire rêver, on attend de voir la suite du traitement et non sans impatience pour certains…
 
Retenons ceci pour les élections législatives 2012 en France :
23 029 183 citoyens se sont exprimés sur 43 234 000 inscrits sur les listes électorales et le taux d’abstention s’est élevé à 44,59 %.
Donc c’est près de la moitié des Français qui se sont abstenus de voter pour élire leurs « représentants » à l ‘Assemblée Nationale, et ceci, à mon avis, représente une épée de Damoclès pour n’importe quel type d’élections et de manœuvres électorales, futures… Je me demande si les politiques, dans les partis conventionnels, en particulier ceux dits de gouvernement, en ont vraiment conscience ? Et il y a le F.N. en embuscade, avec ses promesses de « pré carré » et ses vues simplificatrices qui devraient tout solutionner…même la surpopulation ! Finalement, ils s’enferment aussi, ces maniaques de l’enfermement…
Bref ! nous sommes peut-être en route vers le meilleur des mondes possibles, mais juste un peu avant l’extinction des feux, je trouve ! …
Passons maintenant de l’autre côté du Rhin si nous sommes pris entre deux feux ; car de l’autre bord, celui du « Channel », il y a aussi de drôles de loustic du conservatisme ! …
Les néocons allemands (même si on admet les traits culturels du pays) sont des modèles de rigidité mentale et représentent une entrave notoire au développement humain et consécutivement à celui de l’Europe.
Le fond du mal qui nourrit leurs visions, justifiant des inégalités naturelles ou pas, est l’endettement inéluctable des états qui étouffe les peuples et contraint les politiques.
Cette chancelière Angela Merkel pourrait couler l’Europe, toute raidie dans sa morale luthérienne ; sans doute voudrait-elle reprendre à son compte l’antienne de Tatcher : le fameux T.I.N.A. : (There Is Not Alternative). Mais elle devrait plutôt régler sa soupape d’entendement !
C’est donc venu avant tout d’un problème conceptuel, cette crise de l’endettement qui déstabilise les états en Europe et génère des politiques d’austérité. Et ceci cache mal une volonté d’ hégémonie ; le recours aux armes économiques n’étant souvent qu’une première étape…
Vite dit, ces dettes sont illégitimes parce que tout simplement elles sont la conséquence d’un choix idéologique, antérieur, (devenu une norme de bonne gouvernance) qui impose aux Etats d’emprunter sur les marchés pour se financer selon besoins. Ainsi il leur est interdit de recourir directement à leur banque centrale qui, elle, a dans ses missions essentielles, de fournir des liquidités à des banques commerciales, qui permettent ensuite à celles-ci de souscrire aux emprunts des Etats (et aussi de leurs administrations, des diverses collectivités, des entreprises et particuliers). Vous pensez bien que le « service » n’est pas gratuit : sacré travail rendu « nécessaire » à la vie en société, n’est-ce pas ? …
Autant dire que de cette manière toute politique publique est prise en otage et malheur aux gouvernements récalcitrants !
Ainsi pour exemple récent, avec un taux directeur de 1,5 %, la Banque Centrale Européenne a prêté à des banques qui, directement ou par l’intermédiaire de leurs clients (sous l’empire de la fameuse loi de l’offre et de la demande : jeu des marchés), prêtent à l’Etat espagnol à 7 % sous prétexte que les finances de ce pays sont dégradées, donc représentant un risque pour les remboursements d’après les agences de notation (les principales étant pour l’heure anglo-saxonnes : sièges sociaux aux USA et GB)…Et en fait l’Etat espagnol s’est mis dans cette mauvaise posture, essentiellement pour secourir les banques du pays qui ont alimenté la spéculation immobilière, locale, et maintenant ses dirigeants néocon-servateurs veulent faire payer la note au peuple espagnol par un hyper-régime d’austérité (alors qu’il y a déjà grande précarité d’existence et environ un quart de la population au chômage) : raisonnement dingue, n’est-ce pas ?
Inutile de vous dire que je fais l’impasse sur d’autres pays dont le plus fameux cas : fumant et fumeux, celui de la Grèce, bref ! abrégeons !
Voilà des risques majeurs pour l’unité européenne, n’en déplaise aux chantres du «fédéralisme» qui n’en peuvent plus mais de parler dans le vide, furieux d’être régulièrement désavoués par ces masses « d’ignorants » dans les peuples ; ceux-là même qui en ont assez de payer l’addition, victimes plus ou moins consentantes des politiques néo-ultra-libérales qui veulent transformer les sociétés en élevage de batterie ; cela afin de produire et consommer toujours plus, frénétiquement -dans un monde aux ressources limitées- au nom d’un idéal utilitariste et pour le « râteau » des banques ! 

Ces vues sont-elles celles des amateurs de « Croissance » ? … Les réponses vont être cruciales, dans les temps à venir. Tous les trous noirs ne sont pas dans l’espace !

Aucun commentaire: