mercredi 14 mai 2014

En Europe pour sortir des griffes du néolibéralisme

2CCR 
                       

Vingt ans après le traité de Maastricht, le modèle  capitaliste  actuel  de construction  européenne  est  un  échec. Loin de  «  l’ère de  prospérité  »  promise, il débouche sur toujours plus d’austérité, d’affaiblissement des services publics, de chômage et de précarité, avec des institutions à la dérive autoritaire prononcée, à l’image de la Troïka contre les peuples. Au service de la finance, il délaisse la notion de coopération, pour l’exaltation de la  concurrence  entre  les  peuples  et  les mondes du  travail, au  prix d’une déflation salariale.
 
Pire, ces orientations donnent du « carburant » aux dérives nationalistes, (voire xénophobes, on  le voit en  France et en Hongrie  par  exemple),  prônant  des  replis sur soi, agitant l’illusion que « sortir de l’Union Européenne » ou « sortir de l’euro », seraient des solutions, alors qu’elles  déboucheraient  sur  une  autre forme de dévaluation salariale et sociale dans  une  concurrence  protectionniste entre  les  États.  Les  différentes  déclinaisons du « sortir » tournent le dos au besoin grandissant de coopération pour faire face aux besoins d’aujourd’hui, dans des domaines aussi divers que l’énergie, le  climat,  la  Méditerranée,  mais  aussi le devenir du  modèle  social européen  ;  comme  le  rappelait  Patrick  Le  Hyaric, les 28 pays de l’Union Européenne , c’est 7 % de la population mondiale, 25 % du PIB  mondial, et  la  moitié des dépenses sociales de la planète.
Ce  n’est  pas  simplement  la  « faute  à l’Europe » ou à « Bruxelles ». Ces choix « austéritaires » ne viennent pas seulement de  technostructures  hors  sol !  Les  majorités   politiques,   les   gouvernements des  États, et  le patronat des firmes dominantes et du secteur financier ont une responsabilité principale. À commencer par  les  choix  désastreux  de  Hollande de  s’aligner  sur  la  politique  de  Merkel, de  la ratification du traité  «  Merkozy  » à  l’enfoncement  dans  la  «  politique  de l’offre » du Pacte de responsabilité et ses 50 milliards de coupe dans les dépenses publiques et sociales.
Sortir de l’impasse, c’est à la fois unir et rassembler pour des axes immédiats qui imposent d’autres choix que les carcans austéritaires, en contournant  les obstacles des traités actuels et travailler aux bases d’une refondation de l’Europe, vers une union de nations et de peuples souverains et associés. Voici quatre exemples pour imposer d’autres choix :
  1. C’est faire droit au plan d’investissement de 250 milliards d’euros par an, pendant dix ans proposé ce 4 avril par la Confédération Européenne des Syndicats, qui a  des  convergences  avec  la  proposition du  PGE  et  d’Alexis  Tsipras  d’un  «  New-Deal » européen pour l’emploi, la protection sociale et la transition écologique.
  2. C’est remettre en cause les directives qui encouragent le dumping social et la mise en concurrence des travailleurs de différents pays, comme les actuels «travailleurs détachés».
  3. C’est  desserrer  l’étau  des  marchés  financiers sur la dette publique des états, que  la  prédation  de  ces  mêmes  marchés  et  leur  sauvetage  ont  contribué  à puissamment creuser.  La  BCE  peut dès aujourd’hui prêter à des « pôles publics du crédit  » qui refinanceraient dans de bonnes conditions des dettes publiques insoutenables. Et ouvrir la voie à de véritables  restructuration-annulation  des dettes pour leur part illégitime.
  4. C’est bloquer la désastreuse négociation actuelle entre l’UE et les USA pour qui le « grand  marché  transatlantique  » donnerait des pouvoirs  encore  plus  grands aux  multinationales  et  décuplerait  la violence de la concurrence de tous contre tous.
Pour poser les bases d’une refondation de l’Europe, on peut dans un premier temps contourner, bousculer, voire désobéir aux traités actuels, dès lors que les rapports de force politiques  et  sociaux  se  construisent pour  le  faire.  À  terme,  c’est bien vers un nouveau type de traité qu’il  faudra  donner  naissance.  Un  traité de coopération politique qui  ne prétende  pas  intégrer,  comme  le  font  les actuels, les dogmes d’une seule politique possible, ceux de « la concurrence libre et  non  faussée  ».  Qui  dépasse  le  faux choix  «  souverainisme  /  fédéralisme  » et  réponde  à  de  nouvelles  finalités  sociales,  écologiques  et  démocratiques.

Dans toute l’Europe,  pour  bousculer  le consensus  PSE/PPE  qui  cogère  actuellement l’UE, en ouvrant une perspective de  rupture  positive  avec  les  politiques d’austérité et de refondation de l’Europe. Les manifestations récentes de Madrid, également  au  Portugal,  mais  aussi  des initiatives de la société civile comme l’Alter Sommet européen d’Athènes en juin 2013,  montrent  des  forces  alternatives qui ont besoin de développer des synergies fortes et utiles.
 
Vu sur le journal « Le Patriote »

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