La gauche française ridiculisée

Le pourcentage de voix obtenues par les partis dits de pouvoir touche au ridicule. L’UMP ravalé à 20 % des suffrages exprimés. Le PS humilié avec moins de 15% d’ultimes partisans — et encore sans compter ceux qui n’ont voté utile que pour essayer de faire barrage à l’extrême-droite.
Les partis de (vraie) gauche ne s’en sortent pas mieux. Le Front de gauche (moins de 7 %) paie un message brouillé par une alliance contre nature entre le Parti de gauche et le PCF. Sans parler d’EELV qui retombe durement sur terre (moins de 10 %) après sa percée surprise de 2009.
Ne poussons pas l’injure jusqu’à comparer ces résultats, non aux suffrages exprimés, mais au nombre de citoyens inscrits sur les listes (vous pouvez diviser les résultats indiqués ci-dessus par plus de deux).
Étonnez-vous après que les partis d’extrême-droite plastronnent sur ces tristes défaites :

 Les extrêmes droites : 25% France - 23% Danemark - 22% Royaume-Uni - 20% Autriche - 15% Hongrie - 13% Finlande - 12% Grèce.

Les fesses rougies de l’oligarchie bruxelloise

Pas la peine de venir mégoter ici sur les leçons de ce saumâtre scrutin : un coup de pied aux fesses rougies de l’oligarchie bruxelloise ; une gifle bien sentie sur la figure de partis morveux venus manifestement quêter des postes juteux plus qu’une cause à défendre.
Vous me direz, ce sont tout de même ceux-là qui vont continuer à en faire à leur tête pendant les cinq ans à venir à Strasbourg. Mais il en va comme avec les dictateurs : ce n’est pas parce qu’ils détiennent le pouvoir qu’ils en sont pour autant légitimes. Leur pouvoir ne tient qu’à la peur ou à la soumission passive qu’ils inspirent.
Mais qu’ils en viennent à susciter le mépris, la colère ou l’indifférence, et voilà que leur vieux monde peut compter ses jours et numéroter ses abattis. Car c’est bien un sentiment de rejet viscéral, violent, sinon de mépris définitif, qui vient de s’exprimer à travers toute l’Europe.

La stratégie du choc

Une chose est sûre, ces élections, tous pays confondus, montrent que la persistance de l’abstention et la poussée des europhobes relèguent l’UE au rayon des reliques du monde d’avant agonisant.
Le passage vers le monde d’après s’annonce néanmoins tumultueux et bien incertain. Déchiré entre pulsions régressives d’extrême-droite et tentatives progressistes clairsemées de gauche survivante (Grèce, Irlande ou encore Espagne où le parti des Indignés crée la surprise et enlève 5 postes…).
Ces faibles consolations mises à part, le monde des humains est une nouvelle fois bien parti pour ne réagir aux catastrophes qu’une fois celles-ci survenues.
N’est-ce pas aussi l’un de ces humains, Frédéric Lordon, qui préconisait une “stratégie du choc” pour sortir de la mouise dans laquelle nous et notre vieux monde pataugeons ?

Bien joué, les gars, nous voilà royalement servis ! En attendant, sans éclosion rapide d’une force politique répondant enfin aux aspirations des citoyens, ceux-là ont du souci à se faire.

Le Yéti