« Les armateurs grecs ont remarquablement bien traversé la tempête et
réalisé de belles acquisitions qui se révéleront rentables (...) d'ici
un à deux ans. » C'est un des leurs qui le disait en mars
2013. Et c'est fait. La flotte grecque est redevenue la première du
monde, en tonnage.
Les armateurs grecs possèdent presque le quart de la flotte mondiale
des pétroliers et plus de 18 % des vraquiers pour le transport des
céréales et d'autres denrées en vrac. En 2013, ils ont acheté
275 navires neufs pour 9,4 milliards d'euros. Ils auraient déjà investi
près de 5 milliards d'euros au premier trimestre 2014.
Passant de leur résidence d'Athènes à celle de Genève, Londres ou New
York pour les plus riches, ils revendiquent cependant leur attachement à
la Grèce, sans aller jusqu'à y payer des impôts, mis à
part une taxe forfaitaire sur le tonnage des navires. En 2013,
l'association des armateurs a signé avec le gouvernement un accord
qualifié de « réellement émouvant » par le Premier ministre Samaras :
ils acceptaient de verser une contribution volontaire sur trois ans, qui
devrait rapporter cette année environ 80 millions d'euros. Cette somme,
ridicule au regard des profits amassés, laisse intacts
leur fortune, et leurs privilèges liés à l'immatriculation des deux
tiers de leur flotte dans des paradis fiscaux.
Tout à leur service, le gouvernement met en œuvre ou cautionne toutes
les mesures augmentant l'exploitation des marins, comme il le fait
contre tous les travailleurs dans les autres branches de
l'économie. Cela explique aussi l'accroissement des profits patronaux.
Les marins ont vu ainsi leur convention collective démantelée, leurs
salaires amputés et leurs caisses d'assurance sociale et de
retraite mises en quasi-faillite, car les armateurs leur devraient des
dizaines de millions d'euros.
Il paraît que la Grèce « sort de la crise ». Les armateurs et les
banquiers certainement, si même ils y sont jamais entrés. Les
travailleurs, eux, s'y enfoncent.
Lutte Ouvrière
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire