mercredi 21 mai 2014

Repère : Coup dur pour les Israéliens

Mohammed Larbi

Les Pales­ti­niens sont en train de recon­si­dérer, et même en pro­fondeur, les rap­ports avec l’occupant israélien dans le cadre de pro­cessus de paix dont la finalité, se rend-​​on compte, n’est pas la paix. Israël n’en veut pas.

Les Pales­ti­niens ont agi en ce sens avec beaucoup d’intelligence pour ne pas endosser un échec tou­jours pro­bable depuis que les deux parties se sont mises face à face il y a près d’un quart de siècle. Et ce sont les Israé­liens eux-​​mêmes qui ont fini par dire ce qu’ils pensent réel­lement du principe même de la paix. Le négo­ciateur pales­tinien Mohamed Chtayyeh a bien déclaré que « les Israé­liens veulent sub­stituer à une occu­pation par la force, une occu­pation sur invi­tation, avec notre signature », les Israé­liens n’ont rien fait pour le démentir. Leur nouvel ambas­sadeur aux Etats-​​Unis va même dans le détail en affirmant que l’Etat pales­tinien évoqué par le Premier ministre, Benyamin Neta­nyahu, n’est pas « un Etat au sens clas­sique » mais « un Etat qui aura de sub­stan­tielles réduc­tions de ses pouvoirs ».
Le quo­tidien pales­tinien va encore plus loin en écrivant que les Pales­ti­niens n’avaient plus rien à donner après avoir reconnu Israël et accepté un Etat sur 22% de la Palestine avant son partage par l’ONU en novembre 1947. C’est cette tra­gédie que les Pales­ti­niens ont com­mé­morée comme ils n’ont jamais cessé de le faire depuis la création d’Israël le 15 mai 1948, la Naqba (catas­trophe), comme ils l’ont tou­jours consi­dérée. Sauf que cette année n’est pas comme les pré­cé­dentes, avec cette marge que se sont octroyée les diri­geants pales­ti­niens décidés à explorer d’autres voies et impliquer cette fois la com­mu­nauté internationale.
En ce sens, un nouveau pas vient d’être franchi, réduisant à presque rien l’Autorité pales­ti­nienne, ultime alibi du pro­cessus d’Oslo à vrai dire mort-​​né. Cette der­nière, déjà accusée par ses oppo­sants de faire la police pour Israël, envisage une remise en cause de la coor­di­nation avec celui-​​ci en matière de sécurité après la mort de deux jeunes hommes, tués jeudi par l’armée israé­lienne. « La direction pales­ti­nienne ne peut pas rester les bras croisés devant les vio­la­tions israé­liennes, dont la der­nière en date est la mort de deux jeunes hommes aujourd’hui à Ramallah », a déclaré le porte-​​parole des ser­vices de sécurité.
Les res­pon­sables de la sécurité israé­liens attachent un grand prix à la coopé­ration avec leurs homo­logues de l’Autorité pales­ti­nienne pour déjouer des attentats et des attaques à partir de la Cis­jor­danie. A contrario, le Hamas, qui a conclu un accord de gou­ver­nement avec le mou­vement Fatah, appelle régu­liè­rement le pré­sident Mahmoud Abbas à renoncer à cette coopé­ration ainsi qu’aux négo­cia­tions de paix avec Israël, ce qui n’est pas nouveau.
Ce qui signifie que le leader pales­tinien tient compte d’autres consi­dé­ra­tions liées à la voie qu’il s’est tracée, à vrai dire, dès le mois de sep­tembre 2013. Il tient aussi compte de l’opinion pales­ti­nienne qui refuse de renoncer à ses droits nationaux, surtout qu’elle le fait à travers des voies paci­fiques, comme le relève Amnesty Inter­na­tional en parlant de « mani­fes­tants lan­ceurs de pierres qui ne pou­vaient pas constituer une menace pour la vie des soldats et des poli­ciers dans ou autour du camp mili­taire fortifié ».

Tirer donc pour tuer. Ou encore le règne de la terreur, mais sans grande consé­quence sur les Pales­ti­niens qui pour­suivent leur lutte depuis des décennies, dictant même une feuille de route à la direction pales­ti­nienne. Le moindre écart serait alors considéré comme une trahison.

El Watan

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