Les Palestiniens sont en train de reconsidérer, et même en
profondeur, les rapports avec l’occupant israélien dans le cadre de
processus de paix dont la finalité, se rend-on compte, n’est pas la
paix. Israël n’en veut pas.
Les Palestiniens ont agi en ce sens avec
beaucoup d’intelligence pour ne pas endosser un échec toujours
probable depuis que les deux parties se sont mises face à face il y a
près d’un quart de siècle. Et ce sont les Israéliens eux-mêmes qui
ont fini par dire ce qu’ils pensent réellement du principe même de la
paix. Le négociateur palestinien Mohamed Chtayyeh a bien déclaré que
« les Israéliens veulent substituer à une occupation par la force,
une occupation sur invitation, avec notre signature », les Israéliens
n’ont rien fait pour le démentir. Leur nouvel ambassadeur aux
Etats-Unis va même dans le détail en affirmant que l’Etat palestinien
évoqué par le Premier ministre, Benyamin Netanyahu, n’est pas « un
Etat au sens classique » mais « un Etat qui aura de substantielles
réductions de ses pouvoirs ».
Le quotidien palestinien va encore plus loin en écrivant que les
Palestiniens n’avaient plus rien à donner après avoir reconnu Israël
et accepté un Etat sur 22% de la Palestine avant son partage par l’ONU en novembre 1947. C’est
cette tragédie que les Palestiniens ont commémorée comme ils n’ont
jamais cessé de le faire depuis la création d’Israël le 15 mai 1948,
la Naqba (catastrophe), comme ils l’ont toujours considérée. Sauf
que cette année n’est pas comme les précédentes, avec cette marge que
se sont octroyée les dirigeants palestiniens décidés à explorer
d’autres voies et impliquer cette fois la communauté internationale.
En ce sens, un nouveau pas vient d’être franchi, réduisant à presque
rien l’Autorité palestinienne, ultime alibi du processus d’Oslo
à vrai dire mort-né. Cette dernière, déjà accusée par ses opposants
de faire la police pour Israël, envisage une remise en cause de la
coordination avec celui-ci en matière de sécurité après la mort de
deux jeunes hommes, tués jeudi par l’armée israélienne. « La direction
palestinienne ne peut pas rester les bras croisés devant les
violations israéliennes, dont la dernière en date est la mort de
deux jeunes hommes aujourd’hui à Ramallah », a déclaré le porte-parole
des services de sécurité.
Les responsables de la sécurité israéliens attachent un grand prix
à la coopération avec leurs homologues de l’Autorité palestinienne
pour déjouer des attentats et des attaques à partir de la Cisjordanie.
A contrario, le Hamas, qui a conclu un accord de gouvernement avec le
mouvement Fatah, appelle régulièrement le président Mahmoud Abbas
à renoncer à cette coopération ainsi qu’aux négociations de paix avec
Israël, ce qui n’est pas nouveau.
Ce qui signifie que le leader palestinien tient compte d’autres
considérations liées à la voie qu’il s’est tracée, à vrai dire, dès
le mois de septembre 2013. Il tient aussi
compte de l’opinion palestinienne qui refuse de renoncer à ses droits
nationaux, surtout qu’elle le fait à travers des voies pacifiques,
comme le relève Amnesty International en parlant de « manifestants
lanceurs de pierres qui ne pouvaient pas constituer une menace pour la
vie des soldats et des policiers dans ou autour du camp
militaire fortifié ».
Tirer donc pour tuer. Ou encore le règne de la terreur, mais sans
grande conséquence sur les Palestiniens qui poursuivent leur lutte
depuis des décennies, dictant même une feuille de route à la direction
palestinienne. Le moindre écart serait alors considéré comme
une trahison.
El Watan
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