Le traité transatlantique aurait du passer comme une lettre à la poste, rapidement expédiée. Hollande lui-même voulait « aller vite » pour éviter aux citoyens de trop s'y intéresser. Malheureusement il y a une élection ce dimanche et certains partis politiques et médias ont commencé à se pencher sur ce « machin », perturbant le plan de nos chères élites.
Interrogée sur BFM Business, Fleur Pellerin y est allé de ses
regrets publics à propos du non-débat sur le traité transatlantique de libre-échange négocié entre les
Etats-Unis et l’Union européenne. « Je fais un mea culpa au nom de
la classe politique dans son ensemble », a déclaré la secrétaire d’Etat au
Commerce extérieur, avant d’ajouter : « On aurait dû faire davantage de
pédagogie parce que nous n’avons pas expliqué suffisamment un certain nombre de
chose sur ce traité ».
Voilà qui s’appelle battre sa
coulpe sur la poitrine d’autrui.
Primo, on ne voit pas au nom de quoi Fleur Pellerin s’arroge le droit de parler au nom de « la classe politique » en cette affaire. Jusqu’à preuve du contraire, seul le président de la République a donné mandat à la Commission de Bruxelles pour négocier au nom des 28 membres de l’Europe. Les autres partis ne sont nullement concernés. Ils ont été mis devant le fait accompli sans même qu’on ne leur demande leur avis sur la question, pas plus à l’Assemblée nationale qu’au Sénat.
Secundo, ce n’est pas un problème de « pédagogie ». Il n’y a nul besoin de dire aux Français ce qu’il faut penser. Ils sont assez grands pour se faire leur opinion. Si l’on en croit le sondage CSA-L’Humanité, c’est d’ailleurs ce qu’ils demandent puisque 70% d’entre eux critiquent le manque de transparence. Encore faudrait-il mettre les clés du débat sur la table et ne pas cultiver un goût du secret rendant impossible la confrontation publique qui fait tant peur aux élites.
Car c’est bien de cela qu’il s’agit. Le Monde diplomatique rappelle une phrase de François Hollande qui a dû échapper à Fleur Pellerin. Lors d’une conférence de presse à Washington, le 11 février 2014, le Président de la République a déclaré : « Nous avons tout à gagner à aller vite. Sinon, nous savons bien qu’il y aura une accumulation de peurs, de menaces, de crispations ».
Primo, on ne voit pas au nom de quoi Fleur Pellerin s’arroge le droit de parler au nom de « la classe politique » en cette affaire. Jusqu’à preuve du contraire, seul le président de la République a donné mandat à la Commission de Bruxelles pour négocier au nom des 28 membres de l’Europe. Les autres partis ne sont nullement concernés. Ils ont été mis devant le fait accompli sans même qu’on ne leur demande leur avis sur la question, pas plus à l’Assemblée nationale qu’au Sénat.
Secundo, ce n’est pas un problème de « pédagogie ». Il n’y a nul besoin de dire aux Français ce qu’il faut penser. Ils sont assez grands pour se faire leur opinion. Si l’on en croit le sondage CSA-L’Humanité, c’est d’ailleurs ce qu’ils demandent puisque 70% d’entre eux critiquent le manque de transparence. Encore faudrait-il mettre les clés du débat sur la table et ne pas cultiver un goût du secret rendant impossible la confrontation publique qui fait tant peur aux élites.
Car c’est bien de cela qu’il s’agit. Le Monde diplomatique rappelle une phrase de François Hollande qui a dû échapper à Fleur Pellerin. Lors d’une conférence de presse à Washington, le 11 février 2014, le Président de la République a déclaré : « Nous avons tout à gagner à aller vite. Sinon, nous savons bien qu’il y aura une accumulation de peurs, de menaces, de crispations ».
Si l’on en dit trop au peuple, il peut se rebiffer
C’est tout le problème de la démocratie, qui n’est pas chose
facile à contrôler. Si l’on en dit trop au peuple, il peut se rebiffer. Il peut
réaliser ce qui se trame dans les coulisses, se poser des questions, voire
réfléchir (ça lui arrive) et agir.
Les élites ont vécu ce genre de traumatisme en 2005 avec le référendum sur le
Traité constitutionnel européen (TCE), alors soutenu d’un même élan par le PS et
l’UMP. Déjà, à l’époque, on expliquait que c’était un texte formidable, mais
trop technique et donc incompréhensible pour le commun des mortels. Il fallait
donc faire de la « pédagogie », comme dirait Fleur Pellerin, et rien de
plus.
Les choses ne se sont pas tout à fait déroulées comme prévu. La
transparence a été obtenue à la pointe du stylo. L’info a fini par circuler
grâce aux canaux échappant à la censure de l’oligarchie médiatique. Résultat :
le non l’a emporté. En vertu de quoi le PS et l'UMP ont fait passer par la
fenêtre de la honte le TCE, rebaptisé « Traité de Lisbonne », sorti par la
grande porte de la souveraineté populaire.
En haut lieu, tout le monde a
médité la leçon, à commencer par François Hollande, qui avait fait la « une » de Paris
Match en compagnie de Nicolas Sarkozy pour vanter les charmes du oui,
en 2005. D’où sa volonté d’aller vite et surtout de passer par-dessus la tête
des citoyens — quitte, ensuite, à leur expliquer qu’il aurait dû faire preuve
de « pédagogie », bref mieux leur expliquer ce qu’ils ne peuvent
comprendre puisqu’ils ne sortent pas tous de la promotion Voltaire de l’ENA.
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