L’organisme de coopération
et de développement économique (OCDE) et la Banque Centrale Européenne
(BCE) publient chaque année un indice établissant un lien entre taux de
chômage et inflation. Celui-ci, le « Non accelerating inflation rate of
unenployement » ou Nairu, indique à chaque pays développé le taux de
chômage minimum nécessaire à la stabilisation de l’inflation.
Selon ce postulat, une baisse du chômage pourrait faire augmenter les salaires, donc les coûts de production, puis les prix de vente. L’augmentation des salaires
pourrait faire croître la demande et ainsi impacter les prix de vente.
Ces deux facteurs (augmentation des coûts et de la demande) seraient
générateurs d’inflation et de dépréciation des capitaux. Cependant, si
l’on considère que la plupart de nos biens de consommation ne sont plus
produits en France, la théorie perd de sa cohérence.
Quelle que soit la gravité
de la situation économique au moment des estimations et quel que soit
le niveau de chômage structurel ou conjoncturel, le taux, entre 1985 et
2014, a le plus souvent été proche de 9 %.
Pour exemples,
en 1985, la France redécouvrait la misère. Coluche lançait « Les Restos
du cœur » et trente ans après l’hiver 1954, l’Abbé Pierre créait Emmaüs
France et la Banque alimentaire. Le thème des SDF s’invitait dans
l’actualité et choquait la France. Le taux de chômage, selon le
gouvernement dirigé par Laurent Fabius, sous la présidence de François
Mitterrand, approchait 10 % au 4ème trimestre et le nombre de chômeurs
franchissait la barre des 2,5 millions. L’OCDE avait préconisé un taux
de 9 %.
En 1995 et 1996,
sous la présidence de Jacques Chirac, notre pays comptait 3 millions de
chômeurs depuis 1993 et déjà 1 million de rmistes. En septembre 1995,
le premier ministre Alain Juppé s’engageait auprès de Bruxelles à
ramener en 2 ans le déficit public à 3 % du PIB. En décembre, prés de 2
millions de français descendaient dans la rue pour protester contre son
plan d’austérité. Soucieux de respecter la limite de déficit imposée par
le traité de Maastricht, il s’empressait de brader une part de l’industrie
française pour renflouer les caisses. La privatisation du joyau
Pechiney (aluminium) faisait un flop et ne rapportait que 3,8 milliards
de francs à l’État et Usinor-Sacilor, n’était vendu que 10 milliards.
Puis Alain Juppé
cédait en 1996 la première compagnie maritime française pour seulement
20 millions de francs après que l’Etat ait injecté 1,2 milliard de
francs. Le premier ministre tentait en vain, la même année, de vendre au
Sud-Coréen Daewoo, pour 1 franc symbolique, le fleuron technologique
national Thomson après une recapitalisation de l’Etat à hauteur de 11
milliards de francs. Entre 1995 et 1996, le taux de chômage oscillait
entre 1,2 et 10,7 % et flirtait avec le taux estimé de l’OCDE de 10,3 %.
Aujourd’hui le chômage atteint un sommet inégalé et l’OCDE continue d’indiquer des taux semblables : 9,2 % pour 2013, 2014 et 2015.
L’écart peu élevé
durant trois décennies entre le taux de chômage moyen de 10 % selon la
norme du Bureau international du Travail (BIT) et celui de 9 % déterminé
par l’OCDE, pose questions. Une volonté affichée d’éradiquer le chômage
est-elle compatible avec le respect des recommandations de cet
organisme ? Les représentants des gouvernements qui, depuis trente-cinq
ans, affirment lors de discours enflammés que la lutte contre le
chômage constitue une priorité et une cause nationale, sont-ils sincères
?
Par ailleurs,
il est assez peu probable que l’OCDE, la BCE et le FMI ignorent la
réalité du chômage. Ceux-ci ont certainement conscience que le taux de 9
ou 10 % de chômage, selon la norme du BIT, peu éloigné du taux moyen
qu’ils préconisent, masque un chiffre de plus de 9 millions de
demandeurs d’emploi. Pourtant, à travers leurs recommandations, ils
demandent implicitement à l’État Français de s’abstenir de mettre en
place des politiques efficientes pour l’emploi.
Ainsi, l’absence de
relance de l’industrie manufacturière contribue à maintenir plus ou
moins au chômage une part importante de la population active. Peut-être
faut-il voir là, l’une des raisons de la désindustrialisation de la
France.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire