Jean-Luc Mélenchon
Les élections européennes sont donc une
sorte de référendum pour ou contre le GMT. Ceux qui sont pour le bœuf
aux hormones et le poulet à la javel peuvent voter UDI, PS ou UMP. Ceux
qui sont contre peuvent voter « non ». Mais cette fois-ci, à la
différence d’un référendum classique, vous pouvez choisir votre « non ».
Le Front de Gauche porte depuis l’origine le « non de gauche » au Grand
Marché Transatlantique. Nous sommes d’ailleurs les opposants les plus
sérieux et les plus constants. En quelque sorte, nous sommes l’assurance
tout risque contre le Grand Marché Transatlantique.
Les autres opposants à ce projet sont en fait des opposants plus récents et plus flottants.
Ils sont devenus opposants au projet au fur et à mesure que les
élections se rapprochaient ou que les médias commençaient à tendre
l’oreille. La plus hypocrite est évidemment Madame Le Pen. Elle prétend
aujourd’hui lutter contre le GMT. Pourtant, elle et son parti font tout
l’inverse. En 2008, Madame Le Pen a voté au Parlement européen pour un
amendement qui demande un « calendrier » pour « concrétiser l'engagement à long terme de réaliser le marché transatlantique ». Et plus récemment, le Front National n’a jamais soutenu aucune de nos résolutions soumises au vote dans les collectivités locales.
Nous avons déposé des vœux ou des motions contre le GMT dans de
nombreux Conseils régionaux, généraux ou municipaux. Dans toutes les
régions où le débat a eu lieu, le Front National n’a jamais voté pour
l’arrêt des négociations. Il a toujours voté contre ou trouvé un
prétexte pour s’abstenir. Ce sont des opposants de pacotille !
De l’autre côté, nous sommes heureux de voir qu’Europe Ecologie nous a rejoints dans cette bataille.
Cet appui n’est pas de trop. Nous comprenons même leur enthousiasme
contre le projet. C’est celui des nouveaux convertis ! Car jusqu’à il y a
peu, Europe Ecologie et ses animateurs soutenaient le projet de Grand
Marché Transatlantique. En 2002, au Parlement européen, Daniel
Cohn-Bendit a voté pour une résolution favorable au GMT. Il s’agissait
d’une résolution intitulée « Vers un renforcement de la relation transatlantique axé sur la dimension stratégique et l'obtention de résultats ». Entre deux compliments à l’OTAN, elle appelait dans son article 31 F à « permettre un développement plus harmonieux du marché transatlantique » et dans son article 38 à « permettre au Nouvel Agenda transatlantique de se développer ». Or, le « Nouvel Agenda Transatlantique » est une décision de l’Europe et des Etats-Unis de 1995. Elle est très explicite. « Nous
créerons un nouveau marché transatlantique en réduisant ou éliminant
progressivement les barrières qui entravent les flux de biens, services
et capital entre nous ». Daniel Cohn-Bendit savait tout ça. Et il a
voté pour avec la droite et les socialistes dont Harlem Désir. Plus
récemment, le 11 novembre 2010, le groupe des Verts au Parlement
européen a soutenu une résolution pro-GMT en commun avec le PPE et le
PSE. Cette résolution a été présentée par « Reinhard Bütikofer, Eva Lichtenberger, Indrek Tarand, Jan Philipp Albrecht au nom du groupe Verts/ALE ». Ce sont des collègues de José Bové dans le groupe que co-préside Daniel Cohn-Bendit. Cette résolution « invite
instamment les partenaires [à] réaliser d'ici à 2015, sur la base du
principe d'une économie sociale de marché, un marché transatlantique
». Encore plus près de nous, le 28 mai 2013, à l’Assemblée nationale,
Danielle Auroi, députée EELV, présidente de la Commission des affaires
européennes, a soutenu le projet de Grand Marché Transatlantique. Elle a
voté en faveur de la résolution du groupe PS qui approuve le principe
de négociations avec les Etats-Unis et « demande que le mandat de
négociation donné à la Commission européenne concernant le «Partenariat
transatlantique de commerce et d’investissement » prévoie clairement que
les avancées de la négociation devront être parallèles dans ses
différents volets : accès aux marchés, barrières non tarifaires et
règles communes pour répondre aux défis du commerce mondial ».
Certes, c’est la même résolution qui demande qu’il n’y ait pas de
recours aux tribunaux d’arbitrage. Mais cela justifie-t-il pour autant
de voter pour l’ouverture de négociations en vue de conclure un accord
de libre-échange impliquant « la convergence et la reconnaissance mutuelle de nombreuses réglementations » ? Evidemment non.
Nous avons désormais bon espoir que le débat dure jusqu’aux élections. Déjà, Le Monde
dénonce les «fantasmes» des opposants au projet qui agiteraient un «
épouvantail ». Pourtant, le projet avance. Lundi 19 mai s’ouvre un
cinquième cycle de négociations entre l’Union européenne et les
Etats-Unis d’Amérique. Le même jour, ma camarade Danielle Simonnet
dépose au Conseil de Paris un vœu demandant que la ville de Paris se
prononce contre ce projet. Le 22 mai, à trois jours des élections
européennes, c’est à l’Assemblée nationale que le débat aura lieu. Là
encore, c’est grâce au Front de Gauche. Nos députés ont déposé une
résolution qui demande l’arrêt des négociations. Mardi 13 mai, lors de
l’examen en commission des affaires européennes, le PS et l’UMP se sont
alliés pour vider notre texte de sa substance. Ils défendent becs et
ongles le Grand Marché Transatlantique.
Nous pouvons les mettre en
échec. Le 25 mai, chaque voix comptera.
Tiré de l'article " Hollande, le muet de l'Europe "
Jean-Luc Mélenchon
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