Faucheurs d’OGM, militants anti-pub, étudiants anti-CPE, « Contis »
d’hier, syndicalistes de Roanne, militants de la confédération paysanne
en lutte contre la ferme-usine des 1000 vaches, paysans et militants de
la ZAD en résistance contre l’aéroport de
Notre Dame des Landes d’aujourd’hui : triste continuité que celle de la
répression du mouvement social !
Qu’ont en commun ces hommes et femmes ?
Ce sont tous des acteurs mobilisés au nom de l’intérêt général pour
créer les conditions d’un débat public, des précurseurs dans le combat
contre la destruction de l’environnement, la diffusion des OGM
ou contre des choix politico-industriels dictés par la recherche
illimitée du profit, au mépris des droits des travailleurs, paysans et
habitants.
Arsenal sécuritaire et objectifs chiffrés
Et surtout, aujourd’hui comme hier, leurs actions collectives, faites
de colère spontanée et inspirées par la détresse pour certains, de
démonstrations aussi pacifiques que symboliques pour d’autres, leur
valent un traitement pénal hors norme, soumis à des objectifs chiffrés
que devront valider des condamnations sévères.
Tandis que les moyens manquent à la justice et à la police pour
lutter contre la délinquance économique et financière, on déroule là une
mobilisation policière sans précédent et, trop souvent, un traitement
judiciaire en temps réel : garde-à-vue, fichage génétique, déferrement
et comparution immédiate, cette justice expéditive génératrice
d’emprisonnement.
L’arsenal sécuritaire, renforcé sous le précédent gouvernement et
toujours en vigueur deux ans après l’alternance, s’est banalisé. Voilà
que sont mobilisés pour contrer des luttes sociales : l’extension
incontrôlée du fichage génétique qui, jadis réservé aux criminels « sexuels » concerne aujourd’hui la moindre dégradation, la pénalisation aveugle du refus de prélèvement ADN,
le délit de participation à un attroupement armé, cette résurgence
aggravée de la loi anti-casseurs, les procédures d’urgence désastreuses
pour les droits de la défense mais si efficaces pour frapper par « exemplarité », sans recul…
Renoncer à donner une réponse politique
Autant d’outils sécuritaires que le gouvernement actuel, qui a déjà
enterré le projet d’une loi d’amnistie sociale, est peu soucieux ou peu
pressé d’abroger.
Recourir à la pénalisation – d’ailleurs trop souvent sélective - de
ces luttes, c’est enfermer dans l’illégalité toute pensée contestataire
et stigmatiser un mouvement social fait de lanceurs d’alerte, qui usent
de la liberté de contester l’ordre établi. C’est renoncer à y donner une
réponse politique.
Le Syndicat de la magistrature dénonce cette permanence de la
pénalisation du mouvement social et la banalisation des outils
sécuritaires qui en sont le moyen.
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