Patrick Mignard
Ce n’est hélas pas une originalité d’affirmer que la barbarie
humaine est une banalité dans l’Histoire. À toutes les époques, sur
tous les continents et à tous les degrés de civilisation, la barbarie a
sévi… et elle a toujours été le fait d’êtres humains à l’encontre
d’autres humains et même d’autres créatures vivantes. Il n’y a pas
d’inhumanité dans la barbarie… la barbarie est une production humaine.
Dire cela, qui est une évidence, ne doit pas faire accepter la
barbarie. L’être humain a toujours été, et sera probablement toujours,
en lutte avec lui-même entre ses tendances humanistes de respect de
l’autre et ses penchants intolérants de refus de l’autre.
La religion – notamment les religions monothéistes – sont
pourvoyeuses, à priori d’intolérance. Pourquoi ? Produisant une
conception globale de l’Univers, elles ont pour vocation de détenir la Vérité. La Foi ne se discute pas…
ce qui ne serait qu’un détail si cette attitude ne s’accompagnait pas,
le plus souvent, d’un désir de l’imposer à l’autre. Nous avons là les
ingrédients du totalitarisme. Peu importe celui – étrangement jamais
celle - qui « porte » cette Vérité : pape, führer, guide, caudillo,
duce, où autre,… la barbarie n’est jamais très loin.
La barbarie que nous connaissons aujourd’hui n’est pas pire que celle
que subirent les Indiens d’Amérique avec les Conquistadors, les
esclaves noirs aux Etats-Unis, les victimes de l’Inquisition, les
protestants avec la Saint Barthélemy (Paris 1572), le génocide commis
par les nazis il n’y a pas un siècle… et toutes les autres tragédies
qui jalonnent l’histoire de l’Humanité.
Bien sûr, l’existence de ces tragédies, de cette barbarie, ne doit en
aucun cas les faire accepter comme des fatalités, et même, ne doivent
pas être classées en fonction de leur degré d’horreur. Elles existent,
elles sont en nous, on doit les assumer, en tant qu’être humain (comment
faire autrement ?) et faire en sorte de les dépasser par notre
pratique.
L’émergence de l’esprit de tolérance, de laïcité, a fait évoluer les
rapports entre nous, et l’on peut dire aujourd’hui qu’il peut y avoir
compatibilité entre religion et liberté de conscience… Ca ne s’est pas
fait tout seul, mais l’Histoire montre que c’est possible.
Aujourd’hui une religion sert de prétexte à des pratiques barbares.
Elle n’est pas la seule à avoir été instrumentalisée par des hommes
avides de pouvoir. Il serait particulièrement injuste et stupide de lui
« jeter la pierre »… et ce d’autant plus que la grande majorité des
adeptes rejette ces pratiques qu’ils dénoncent comme étrangères à leur
éthique. C’est à eux que nous devons apporter notre soutien.
Ne pas comprendre ce qui se joue aujourd’hui constitue un danger
mortel pour nous tous et toutes… c’est la porte ouverte à un
affrontement interconfessionnel au sein même de la société,… autrement
dit une guerre civile dont on sait comment ça commence mais aussi à quoi
ça aboutit.
La vigilance est donc de rigueur, sachant que des forces
politiques – l’extrême droite pour ne pas la nommer – joue, depuis des
décennies, sur les malentendus, les faux semblants, les vraies-fausses
nouvelles et les interprétations abusives pour dresser les communautés
les unes contre les autres.
Les fauteurs de haine ne sont pas seulement
en dehors de nos frontières, ils sont aussi parmi nous.
L’heure est grave et le moindre faux pas risque de se payer très cher.
fedetlib

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