« Transition énergétique
pour la croissance verte » l’intitulé du projet de loi donne à lui seul
une indication de taille sur son contenu.
Niant finalement l’ampleur du
changement climatique et ses conséquences sur la vie quotidienne, la
loi se contente d’envisager « l’atténuation » des effets du
réchauffement du climat, sans objectif précis de réduction des Gaz à
Effet de Serre. Le changement climatique est vu comme une
« opportunité » pour de nouveaux marchés de
« croissance verte », alors que le développement productiviste épuise
les ressources naturelles. Car la principale mesure aurait été de moins
consommer de l’énergie et d’aller vers une solution de sobriété.
Mais pour la sobriété
il faudra repasser, les lobbys de l’énergie qui veulent faire plus
d’argent feront tout pour que des plans réellement sobres en énergie
capotent. Entre la bourse ou la vie, notre société a choisi la bourse
par l’intermédiaire de ses multinationales. C’est pour cela que les
projets avancés par cette loi sont totalement insuffisants.
Pire, d’autres induisent des effets pervers : privatisation des barrages
hydro-électriques, le recours prévisible au chauffage électrique dans
les logements, ou les chèques pour la rénovation thermique des bâtiments
dont les conditions d’attribution sociale et fiscale restent floues,
rien sur la précarité énergétique. Encore une fois, le développement rentable
prend le pas sur le développement durable. La facture pécuniaire et
écologique sera payée par les contribuables et usagers, dans un contexte
d’austérité budgétaire et de baisse des dotations du ministère de
l’écologie (12% en deux ans).
En fait,
c’est le lobby nucléaire qui semble avoir tenu le stylo, tout comme le
lobby des sociétés d’autoroute et du transport routier avec le
renoncement à toute fiscalité écologique juste, à l’organisation de la
relocalisation des productions et du report du transport routier. Le
financement du fret ferroviaire est absent du texte ! Et pour couronner
le tout, la France organise, au Bourget, le 1er salon international de
la filière nucléaire. La proximité des deux évènements devrait ouvrir
les yeux de ceux qui attendent encore, de bonne foi ou pas, de ce
gouvernement à la botte des grands groupes, des avancées en matière de
lutte contre le réchauffement climatique. Le lobby nucléaire a obtenu le
prolongement des réacteurs et la poursuite de l’EPR. Même avec la
fermeture de Fessenheim, le gouvernement ne pourra pas tenir le faible
engagement de réduire la part de l’énergie nucléaire. L’indispensable
transition énergétique ne peut être laissée aux mains des capitalistes
qui n’ont que de fausses solutions à proposer, comme favoriser le recours aux véhicules électriques, énergivores et …nucléaires !
Tant que l’on n’aura pas
compris et admis que le capitalisme n’est pas compatible avec
l’écologie, toutes les mesures ou lois prises dans le cadre de
l’économie de marché ne seront que de la poudre aux yeux. L’écologie ne
doit pas servir de « plus value » à un programme politique, mais doit
faire partie intégrale du système politique qu’il faudrait mettre en
place. Croissance verte, transports propres, navires écologiques, chimie
verte, nouvelle économie climatique… cette litanie d’oxymores ne peut
masquer le vide de cette loi.
Le monde industriel
et des affaires promet de s’engager dans l’économie verte … à coup de
dizaines de milliards d’euros de subventions et de cadeaux
fiscaux. Pendant ce temps le coût de l’énergie pèse de plus en plus en
plus lourd sur le budget des ménages conduisant à un accroissement de la
précarité énergétique dont les plus modestes vont continuer à payer le
prix fort. Quant aux transports en commun gratuits, il n’en est pas
question, car sous le prétexte fallacieux que les voitures électriques
seraient « vertes », cette loi permettra à nos « champions » nationaux
Renault et Bolloré d’utiliser l’espace public, et d’installer des
bornes de recharge pour véhicules électriques sur le domaine public sans
la moindre contrepartie. Même Total n’avait pas osé installer ses
pompes à essence sans payer un loyer.
Promouvoir les transports
individuels, c’est promouvoir un certain aménagement du territoire,
c’est promouvoir la société capitaliste.
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