Un
premier ministre peut-il rester en fonction si sa ligne politique est
mise en minorité lors d’un congrès de son parti ? Peut-il, comme premier
ministre, être le chef de la majorité présidentielle quand il est
minoritaire dans cette majorité ? Peut-il être le chef du gouvernement
en période de campagne électorale pour la présidentielle de 2017 s’il
défend une ligne politique contraire à celle du parti ?
Ces questions posent l’équation du maintien d’El Blancos au gouvernement, et en fait fixent la date de son départ : après le congrès du PS, fin 2015 ou début 2016.
L’attaque
de Martine Aubry, attendue, est sévère. Les grandes manœuvres pour 2017
ont commencé, avec la nécessité de créer un rapport de forces tel que
Hollande renonce à se présenter. Autant dire que ça va être vif, et dans
son interview au JDD,
Aubry est claire : « Je ne me résous pas à voir notre pays s’enfoncer
dans la morosité, le doute, le repli sur soi. Je ne baisse pas les bras
devant la montée du Front national. Je ne me résigne pas davantage à la
victoire en 2017 de la droite ». Et de poursuivre : « Nous avions prévu
qu’à mi-mandat la croissance serait revenue, le chômage en repli et les
déficits réduits en deçà de 3%. Ce n’est pas le cas. Il nous faut
trouver au plus vite le bon réglage des politiques économiques qui
permettra de sortir la France de la crise. Et puis il nous faut refaire
de la politique. Aujourd’hui, une raison profonde du malaise est que les
Français ne comprennent pas quelle société nous voulons construire, le
sens donné à l’action et les valeurs qui la fondent. Même lorsque nos
réformes vont dans le bon sens, tels les rythmes scolaires et la
priorité donnée à l’école, on n’a pas fixé le cap et engagé les
collectivités locales à lutter contre l’échec scolaire ou à promouvoir
l’éducation artistique et citoyenne. On ne mobilise pas un pays sur la
seule gestion financière, on doit donner la destination du voyage ».
En
toile de fond, il y a une lourde hostilité entre Hollande et Aubry, et
c’est une vieille histoire. On peut dire que ces deux-là ne peuvent pas
se piffrer. Les relations étaient déjà mauvaises, mais Aubry sait de
quoi elle parle… vu l’état dans lequel elle avait retrouvé le PS après
les années Hollande.
Mais
l’essentiel est la politique, celle d’avant-congrès. Personnalité,
méthode, caractère… Ça peut suffire pour diviser, mais il n’en sort
rien. Là, les choses vont être différentes car Hollande et ses enfants
de chœur, El Blancos et
Macron, ont revendiqué de passer au « social-libéralisme ». Aubry répond
en stigmatisant l’échec de Blair et Schröder et revendique une
nouvelle « social-démocratie ». Guerre de mots ? Sans doute, mais pas
que… et ce sera l’affaire du PS dans les mois qui suivent.
En
peu de temps, le débat va s’enflammer, avec pour décor ce gouvernement
qui allie à merveille les échecs et les cafouillages. Premier
rendez-vous avec le vote du budget. Viendra dans le même temps deux
lignes pour le Congrès : « social-libéralisme » contre nouvelle
« social-démocratie ». Dès hier, Aubry a mis en ligne un texte appelant
aux soutiens militants. Vu l’ambiance actuelle, et ce que sont les
militants restés au Parti, je vois mal comment la ligne
social-libéralisme, qui signe la fin du PS, pourrait l’emporter. Aubry a
la cote dans le parti, et elle a des réseaux de premier ordre : les
siens, ceux de Fabius et ceux de Cambadélis.
Une fois le ménage fait, à l’intérieur du PS, les primaires seront presque une formalité.
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