mardi 2 février 2016

Une petite idée de la violence sociale

DSC_01581.JPGGilles Devers

Voici, trouvée dans la presse de la semaine dernière, une histoire vécue qui, loin des si béats discours sur le délicieux « vivre ensemble », nous en dit long sur ce qu’est la violence sociale.

Vanessa bataille dans la vie. Elle souffre d’une mauvaise maladie neurologique, la sclérose en plaque, et subit un traitement médicamenteux lourd, mais elle ne baisse pas la garde : il faut un travail pour s’en sortir.
En septembre 2012, elle a signé un CDD avec un Carrefour Market. Elle s’implique dans le travail… alors suit un deuxième CDD, puis un troisième… ce jusqu’à vingt CDD en quasi-continuitéet toujours cette précarité « car le code du travail est trop complexe et décourage les employeurs », comme le chante les farceurs
Butant sur le mur des radicalisés la flexibilité, Vanessa a du faire défendre ses droits par la CGT. Devant l’évidence de la violation du droit, le directeur de la supérette a cédé, mais être obligé d’appliquer la loi lui est resté à travers du gosier : « Il a promis oralement qu'au premier faux pas, elle serait renvoyée », affirme Michel Forestier, le délégué de la CGT. Parole tenue…
Le drame a eu lieu le 22 décembre, en fin de journée, juste avant 20 h. Se présente à la caisse un client fidèle du magasin, et qui aime bien parler. Alors, ça parle – ce qui fait tant de bien – mais par un moment d’inattention, Venassa omet de scanner un pack de bière d’une valeur de 5,02 € et deux sacs plastiques de 15 centimes chacun, soit un total de 5,32 euros.
La scène se passe sous les yeux du vigile, qui est à immédiate proximité, et qui le fait observer à Vanessa et au client. L’erreur est aussitôt rectifiée. Ajoutons que Vanessa travaille sous vidéo-surveillance, la direction pouvant la contrôler à tout moment et en direct.
La belle aubaine, pour la direction. C’est un cas de fraude caractérisée, et Vanessa est aussitôt mise à pied en attendant une procédure de licenciement. Et l’employeur interrompt le versement du salaire au 22 décembre. Super pour l’ambiance pour les fêtes de fin d’année.
Pour Vanessa, c’est une injustice… mais surtout une catastrophe. Elle sait à quel point il est difficile de trouver un CDI quand on est une femme ayant passé la quarantaine, peu qualifiée et atteinte par une maladie handicapante. 
À deux reprises, elle écrit à son directeur, reconnaît un « oubli » et présente ses excuses : « Il s'agit d'une simple erreur d'inattention due à la fatigue et à mon traitement médicamenteux lourd ».
Rien, pas de réponse. Elle reçoit la convocation à l’entretien préalable, et le 18 janvier, tombe la lettre de licenciement pour faute grave : elle n'a « pas respecté la procédure qui lui a été indiquée par sa hiérarchie », et ce « comportement frauduleux et inacceptable » justifie le licenciement pour faute grave.
Vanessa se décide de saisir le conseil des prud'hommes, avec Michel Forestier, le délégué syndical de la CGT… qui a la juste idée d’ébruiter cette affaire. Quelques articles dans la presse, et un projet de manif devant le magasin. La direction centrale découvre l’affaire, et alors impose au directeur d’annuler la procédure. 

Il faut se battre, Vanessa… C’est fou comme il faut se battre contre tous ces rats qui abusent du peu de pouvoir qui leur a été octroyé.  

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