Les
mots qui fâchent par Philippe Torreton. "Il est étrange de regarder
l’état de notre planète et les préoccupations de nos hommes politiques."
Il
est étrange de regarder l’état de notre planète et les préoccupations
de nos hommes politiques. C’est un exercice, si vous le faites, qui peut
affecter durablement votre moral. Nos hommes politiques pourtant lisent
des rapports alarmants sur l’état de notre planète, ils regardent comme
vous et moi des documentaires, ils se font interpeller souvent,
reçoivent des pétitions, ils sont informés, aucun d’entre eux ne peut
affirmer ignorer les dangers qui pèsent sur la planète et qui autorisent
des scientifiques tout à fait sérieux à estimer la fin de plus en plus
probable de l’espèce humaine. Cette ignorance n’est donc plus permise
car elle n’est plus possible, ainsi chaque député, chaque sénateur,
chaque eurodéputé, en votant une loi ou un amendement qui va à
l’encontre des intérêts écologiques de l’humanité, sait ce qu’il fait.
Chaque vote électronique à main levée ou à bulletin secret n’allant pas
dans le sens d’un impératif environnemental est donc une décision prise
en toute âme et en toute conscience par le délégué européen ou national
qui le fait.
Le modèle économique qui consiste à retrouver de la
croissance à tout prix est périmé et surtout dangereux, dangereux non
seulement pour les acquis sociaux, mais pour le devenir de l’humanité,
car cette croissance repose sur un monde consommant et c’est précisément
ce monde qui est pénalisant pour l’espèce humaine. La campagne
présidentielle qui nous pend au nez ne sera pas centrée autour de
l’écologie, il y sera question de migrants, de sécurité et de
flexibilité dans les entreprises, le futur président peut être
tranquille, il n’aura à faire preuve d’aucun courage, d’aucune vision
d’avenir pour la planète. Il pourra faire sa petite popote néolibérale
ou sociale-démocrate bien pépère, calé dans son fauteuil aux quatre
pieds cloués… À moins qu’une catastrophe climatique ne s’abatte sur le
pays dans les prochains mois, il en sera ainsi et il en sera ainsi
encore longtemps car les Verts, chez nous, sont tombés dans tous les
pièges du pouvoir et de la lutte pour y arriver. Il en sera ainsi car un
homme ou une femme politique qui s’émouvrait de la disparition
prochaine des gorilles par exemple serait instantanément certain de ne
remporter aucun scrutin.
C’est pour cela que j’en appelle aux catastrophes, je m’en
remets à la nature et à ses colères, j’appelle la pluie, le vent, le
sable à nous venir en aide, j’implore les mers et nos océans à bomber
leurs poitrines, la raison nous reviendra lorsque nous aurons un genou à
terre, lorsque nos visages pleins de poussière laisseront voir des yeux
suppliants, vous savez, ces mêmes yeux dont nous avons confié la
gestion à la Turquie pour 6 milliards d’euros.
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