dimanche 2 octobre 2016

Je reveux ma caissière

Qualifications pour caissiersGaëtan Pelletier            

Un caissier de banque devrait avoir la capacité de communiquer efficacement avec le public. Ce sont des qualités qui rendent les clients plus susceptibles de revenir. ( Carrière et travail

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Hier, assis j’étais devant la télé à siroter mon repas et à bouffer des nouvelles quand brusquement apparut un barbu demi-barbu, économiste de formation qui nous annonçait la disparition de l’emploi de caissière. C’est assez simple, on pourra faire toutes les transactions possibles à l’aide d’un téléphone confondûment intelligent, car il ne ressent rien de ce que je ressens.
Du temps où je fréquentais la banque, les caissières commençaient à être déjà stressées  de voir que le nombre de  personnels ( c’est ainsi que l’on nomme les travailleurs maintenant) rapetissait. Au début, ils étaient au moins dix. À la fin ils étaient dix de moins. En file, on parlait du temps, des enfants, de la nouvelle balançoire de l’école, du dernier film. C’était long… Et la file aussi.

L’action de grâce

L’action de grâce arrive bientôt. Ou la Thanksgiving chez nos voisins du sud. C’est nous les dindes. Même si on veut nous farcir de fils et de sans fils, d’informations à tue-tête, tout ça coûte les yeux de la caboche. Les pauvres devront payer pour se mettre au diapason du nouvel esclavage : c’est le divorce du je et des autres. Désormais, il en coûtera plus cher pour s’informer, transiger, se numériser  que manger. Il faudra à tout le moins couper sur le budget de la bouffe.

Le choix

On ne l’a pas vraiment. Les cowboys savent prendre les cerveaux au lasso et les placer dans l’enclos dudit progrès. 
Un autre Nostradamus à cravate est apparu il y a deux semaines pour annoncer que d’ici 2025 ou AU PLUS TARD 2030 50% des emplois auront disparu. Le reste suivra… Il a précisé qu’il faudra inventer une nouvelle société qui donnera de l’argent à ses citoyens qui ne font rien pour qu’ils puissent consommer. Ou payer leur téléphone.
J’étais assis dans mon divan Made in China devant ma télé japonaise, j’ai frotté mes jeans Made in Taïwan, j’ai lancé mon stylo fabriqué encore en Chine. J’ai pris une grande respiration.
C’est avec stupeur que j’ai constaté que tous mes vêtements étaient fabriqués ailleurs qu’au Canada. Même le propriétaire du dépanneur du coin de rue. Pour me sentir québécois, il a fallu que je me déshabille au complet. J’étais nu, mais québécois, enveloppé d’un drapeau québécois Made in India.
Une marcheuse est passée dans la rue avec une poussette. Il était 9h30. Sans doute une autre chômeuse… Je l’ai reconnue : c’était la gentille Carole, jadis caissière à  la banque. Je lui ai souri et lui ai fait signe avec mon drapeau. J’avais oublié que j’étais québécois en dessous…
Zut ! Elle a garé sa poussette Made in U.S.A. Ses yeux sont devenus grands comme des 2$ métalliques pourpres quand ils sont neufs,  canadiens.
Elle a téléphoné à la police avec son Iphone alors que je croyais qu’elle faisait une transaction. Une salope !… Les banques ont raison de se débarrasser d’elles. Au poste de police, j’ai demandé de faire un appel. J’ai commandé de nouveaux vêtements sur Ebay. En Chine. Au moins, avec le temps que ça prend, je serai québécois pendant  au 4 à 6 semaines.

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