Jeudi 2 février 2017, un jeune homme de 22 ans est arrêté par la
police à Aulnay-sous-Bois. L’intervention dégénère et l’homme doit être
opéré en urgence.
Le bilan médical est accablant pour les policiers: le jeune homme
souffre d’une « plaie longitudinale du canal anal » de 10 cm et d’une
« section du muscle sphinctérien ». Le médecin lui prescrit 60 jours
d’ITT. La victime accuse les policiers de l’avoir violé avec une
matraque télescopique lors de l’interpellation.
Les quatre policiers responsables de l’interpellation sont placés en
garde-à-vue le lendemain et une enquête est ouverte pour « viol en
réunion par personne dépositaire de l’autorité publique. »
Pour leur défense, les policiers expliquent qu’un coup de matraque
aurait été porté aux fesses, après que le pantalon du jeune homme soit
tombé tout seul… Ce qui expliquerait, selon eux, la perforation de
l’anus. On ne rigole pas, s’il vous plait, ce sont des fonctionnaires
assermentés.
Dimanche 5 février, coup de théâtre, le parquet requalifie les faits,
non plus en « viol en réunion » mais en « violences en réunion ».
On pourrait croire qu’il s’agit là d’une bavure, d’un cas isolé, qui ne concerne en aucun cas la police en général. Ah bon ?
« Je vais te violer et on va voir si tu filmeras la police »
Septembre 2016, un enseignant chercheur de 28 ans filme avec son
téléphone portable l’interpellation mouvementée d’une femme par des
policiers à la gare de Saint-Denis.
Deux policiers s’approchent de lui et le menacent: « On va te violer,
ça te plaît, ça ? Je vais te violer et on va voir si après tu filmeras
la police. » (1)
Selon l’enseignant, les policiers lui font ensuite des clés de bras
et touchent à plusieurs reprises ses fesses. Quand ils trouvent sa carte
de professeur, ils lui disent: « T’es prof ? Quand l’état islamique
viendra à la Sorbonne, tu vas les regarder en te branlant ? »
Une plainte est déposée. Les policiers, eux, continuent
tranquillement à faire régner la terreur, pardon la loi, dans notre
belle démocratie.
Octobre 2015, Drancy, un homme de 28 ans vient d’être arrêté par la
police municipale pour tapage nocturne. Alors que les policiers le
forcent à monter dans un voiture pour le transférer à Bobigny, il
ressent une violente douleur dans les fesses et hurle, puis se met à
pleurer. Un policier lui dit: “plus jamais tu parleras comme ça de la
police municipale, tu te rappelleras de nous” (2)
A 4 heures du matin, il est amené en consultation chez un médecin qui
constate une perforation de l’anus et lui prescrit 10 jours d’ITT. Son
ADN est même retrouvé à l’extrémité de la matraque télescopique du
policier. Pour sa défense, le policier explique que sa matraque a…
« dérapé ».
Ici encore, la « justice » veille. Le policier vient d’être jugé…
pour violences volontaires, mais pas pour viol. Le procureur requiert 6
mois avec sursis. Le jugement sera rendu le 20 février.
La police ne viole pas. Elle violente. Nuance
C’est le second scandale de cette affaire. Non contents d’avoir violé
un homme, ce qui est prouvé par l’examen médical réalisé immédiatement
après les faits, les policiers mentent comme des arracheurs de dents
afin d’aboutir à une requalification des faits. Et ils y arrivent.
Le viol est réprimé par l’article 222-23 du code pénal. Il est défini
comme « Tout acte de pénétration sexuelle, de quelque nature qu’il
soit, commis sur la personne d’autrui par violence, contrainte, menace
ou surprise. ».
Le viol en réunion est une circonstance aggravante « Lorsqu’il est commis par plusieurs personnes agissant en qualité d’auteur ou de complice. ».
Le viol en réunion est une circonstance aggravante « Lorsqu’il est commis par plusieurs personnes agissant en qualité d’auteur ou de complice. ».
Bien évidemment, le viol par un ou des fonctionnaires de police
constitue également une circonstance aggravante puisqu’il s’agit d’une
« personne qui abuse de l’autorité que lui confèrent ses fonctions. »
Le viol en réunion est puni d’une peine pouvant atteindre 20 ans de réclusion criminelle. (article 222-24 du code pénal)
Les violences en réunions, elles, sont punies de 3 ans de prison et
45 000 € d’amende, 7 ans de prison et 100 000 € d’amende lorsqu’elles
sont commises avec plusieurs circonstances aggravantes et ici il y en a
trois: violences commises par une personne dépositaire de l’autorité
publique dans l’exercice de ses fonctions; par plusieurs personnes
agissant en qualité d’auteur ou de complice; avec usage ou menace d’une
arme.
Dimanche, on a donc appris que le viol était requalifié en
« violences volontaires en réunion. » Et hop, voilà comment échapper à
la justice.
Le maire de d’Aulnay-sous-Bois lui même dénonce cette mascarade de
justice : « La police est là pour protéger et non humilier nos
concitoyens. Je ne comprends donc pas cette requalification. Elle est
vécue comme un détournement de la vérité. »
Dimanche soir, nouveau rebondissement, un policier serait finalement
mis en examen pour viol, les 3 autres pour violences en réunion. On voit
pourtant parfaitement sur les images vidéo (3) que ce sont quatre
policiers qui interviennent et il est scandaleux que les 3 autres ne
soient pas poursuivis pour complicité de viol. Bien évidemment, le
violeur présumé est laissé en liberté sous contrôle judiciaire…
Le viol par accident, c’est nouveau, ça vient de sortir
Le 9 février, l’IGPN, la police des police qui enquête sur l’affaire
conclue à la non intentionnalité de l’acte en expliquant qu’il s’agit
d’un malheureux concours de circonstances. En gros, la police vient
d’inventer le viol involontaire, à l’insu de son plein gré. Vous violez
quelqu’un mais vous dites que vous n’avez pas voulu le violer et voilà…
relaxe assuré. Méthode homologuée par la police. C’est nouveau, ça vient
de sortir, c’est le viol par accident.
Pas sûr que ça marche pour ceux qui n’ont pas d’uniforme.
Pour rappel à tous ces policiers qui ignorent le code pénal ou ne
savent pas lire, le viol est constitué par « TOUT » acte de pénétration
sexuelle, commis par « violence, contrainte, menace ou surprise ».
Article 222-23 du Code Pénal. C’est clair ?
En France, mieux vaut être policier et violer que pauvre et voler
En avril 2014, deux policiers de la BRI sont poursuivis pour avoir
violé une touriste canadienne dans les locaux même de la Police
Judiciaire au 36 quai des orfèvres à Paris.
La « justice » française a mis plus de 2 ans pour se prononcer. Que
croyez-vous qu’il arriva ? En juillet 2016, le juge d’instruction
prononce un non-lieu général. Il n’y aura même pas de procès…
Il y avait pourtant beaucoup de preuves : empreintes génétiques des
policiers sur la victime, sms et même vidéos… Une opération de
prélèvements d’ADN surréaliste avait eu lieu au sein du siège de la PJ…
Tout ça pour ça…
En février 2016, un jeune homme de 18 ans, sans domicile fixe,
s’introduit par effraction dans un maison à Figeac dans le Lot et vole
du riz, des pâtes et une boîte de sardines. Il ne touche à rien d’autre
et repart. Le 12 mai 2016, la « justice » française le condamne à … 2
mois de prison ferme. (4)
Un viol en réunion, non lieu, un vol de pâtes, 2 mois fermes. Elle est pas belle la justice française ?
La France, patrie auto-proclamée des droits de l’homme
Alors que la France socialiste donne des leçons de morale au monde
entier et en particulier à Trump ou Poutine, chez nous, par
l’intermédiaire de ses nobles et courageux représentants policiers ou
gendarmes, la république frappe, mutile ou tue ses propres enfants. (5)
Zyed et Bouna, le lycéen de Bergson, le supporter de Bastia, Rémi
Fraisse, Adama Traoré… La liste est longue de tous ces jeunes qui
portent les stigmates indélébiles des violences policières quand ils
n’en sont pas morts.
L’impunité dont jouit les forces de l’ordre en France est une
véritable incitation à la violence qui permet à certains policiers de se
conduire comme les pires des criminels. Mais à la différence des
délinquants de droit commun, quand ils sont mis en cause, les policiers
portent systématiquement plainte contre leurs victimes et ils ne sont
que très rarement condamnés.
Tant que la police ne fera pas le ménage chez elle, et elle a
beaucoup de travail, tant que les juges couvriront les bavures et que
les politiques donneront un blanc-seing aux forces de police pour se
comporter comme elles veulent, la fracture entre les citoyens et la
police n’est pas prête de se résorber.
En Amérique, où la police blanche peut s’entraîner régulièrement au
tir à balles réelles sur les citoyens noirs, on crie « no justice, no
peace ».
Après une marche pacifique pour protester contre les violences
policières, des affrontements se sont déroulés lundi soir à Aulnay entre
les jeunes et la police. Depuis, les manifestations se multiplient un
peu partout en France.
On dirait bien que chez nous aussi, certains
commencent à douter de l’indépendance des juges et pensent qu’aucune
autre justice ne leur sera rendue que celle qu’ils se feront eux-mêmes. Pas de justice, pas de paix.
Notes :
9 février 2017 – I am Spartacus – Communiqué par l’auteur.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire