Elsa Méry
Comme chaque année, la Fédération des associations générales étudiantes
(FAGE) et l’Union nationale des étudiants de France (UNEF) ont publié
leurs baromètres du coût de la vie étudiante.
Le constat est sans appel :
les frais de la rentrée universitaire continuent d’augmenter et
promettent l’aggravation de la situation de précarité dans laquelle se
trouvent déjà des milliers d’étudiants.
Une fois de plus, une augmentation significative du coût de la vie étudiante
Les deux rapports s’accordent pour pointer une augmentation du coût
de la rentrée universitaire d’environ 2%, principalement liée à
l’explosion du prix du logement, notamment en Province, dans des villes
comme Rennes, Saint-Etienne ou encore Mulhouse. Selon la FAGE, il faut
globalement prévoir un budget de 1 082 euros par mois en région et de
1286 euros en Ile-de-France qui comprend les frais de logements,
d’alimentation, de transports, et d’abonnement téléphonique et internet.
Les loyers bondissent en effet dans les villes où les inscriptions à
l’université augmentent, conséquence probable de l’élitisation des facs
des grandes villes liée à l’instauration de la sélection en 2018. Quant
aux autres dépenses, le transport augmente également selon l’UNEF, tout
comme l’alimentation (le prix d’un repas au restaurant universitaire
passera en effet de 3,25 à 3,30 euros à partir de septembre) ou encore
la santé (Les complémentaires santé – dont les tarifs grimpent de
2,56 %).
2% d’augmentation des frais de la rentrée universitaire : la partie émergée de l’iceberg
Cette situation est loin d’être nouvelle et le chiffre d’une
augmentation de 2% des frais liés à la rentrée universitaire peine à
refléter la précarité structurelle imposée à des milliers d’étudiants.
42% d’entre eux renoncent à se soigner et 20% vit sous le seuil de
pauvreté. Cette réalité brutale amène plus de la moitié des étudiants à
se salarier pour pouvoir survivre tout en suivant des études. Si la FAGE
parle d’un étudiant sur 4, le chiffre réel est plus important si on
inclut tout ceux qui doivent travailler au moins une partie de l’année.
Ils occupent évidemment les emplois les plus précaires, comme le montre
le fait que 57% des livreurs à vélo sont étudiants. Par ailleurs,
nombreux sont ceux qui sont condamnés à vivre dans des logements
universitaires insalubres, comme l’a récemment rappelé l’affaire de la « résidence de la peur » à Toulouse.
La publication de ce type d’enquête avant la rentrée est régulière et
leur conclusions se répètent tristement : cela fait des années que
l’UNEF signale une augmentation progressive du coût de la vie. Quant à
la FAGE, si celle-ci se félicitait en 2018 de l’exonération des frais de
sécurité sociale et vantait les mérites de la CVEC qui aurait
l’avantage « d’être fléchée exclusivement vers les politiques de vie
étudiante », force est de constater que les politiques austéritaires des
gouvernements successifs ne font qu’aggraver la situation de précarité
matérielle des étudiants.
En effet, si ces rapports rappellent, chiffres à l’appui, qu’être
étudiant en France coûte très cher, il est déterminant de montrer qu’ils
ne sont qu’une des conséquences des dernières contre-réformes. La loi
ORE, contre laquelle se sont battus des milliers d’étudiants en 2018
vise en effet à privatiser peu à peu l’université, et impose dès la
rentrée prochaine des frais d’inscriptions prohibitifs à des nombreux
étudiants étrangers. Macron a également diminué les APL tout en
déboursant plus d’un milliard d’euros pour financer le Service National
Universel (SNU), qui vise à mettre au pas la jeunesse par le biais d’un
matraquage idéologique patriotique.
Dès la rentrée, se battre pour l’avenir qu’on mérite
Si la FAGE regrette que le coût de la vie empêche « une réelle démocratisation » de l’accès à l’enseignement supérieur, elle s’était pourtant illustrée en 2018 par une ferme opposition à la mobilisation, allant
jusqu’à organiser un sondage prétendant que 72,3 % des étudiants
auraient été contre le blocage et seulement 32 % des étudiants contre la
sélection quand d’autres sondages recensaient plus de 61%
d’opposition chez les 18-24 ans. Or dénoncer la précarité étudiante
implique d’être conséquent et de se battre contre l’ensemble des
politiques qui l’organisent. Plutôt que de se dire « favorable à des pré-requis indicatifs »,
il faut exiger un retrait pur et simple du plan étudiants. Réclamer
également un investissement massif dans l’enseignement, à la hauteur des
besoins, obtenir l’augmentation des bourses (qui concernent moins de
30% des étudiants, pour une valeur maximale de 550€/mois et ne cessent
de diminuer), la suppression des frais d’inscription et l’obtention de
logements décents pour tous.
L’année 2019 a été marquée par le soulèvement massif de centaines de
milliers de personnes en Gilets Jaunes pour dénoncer la destruction des
services publics et la précarité. Il faut ajouter à cela la colère
profonde des hospitaliers et des profs qui se battent encore aujourd’hui
contre la réforme Blanquer et la casse de l’enseignement public.
Les
étudiants devront eux aussi dès la rentrée se battre, non seulement
contre l’augmentation du coût de la rentrée universitaire, mais pour
exiger un avenir digne et mettre fin à la misère matérielle et morale
qu’on leur impose.
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